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L'impitoyable ennemi est comme la mort; il ne nous en laissera pas un pour pleurer ensemble la perte de tous les autres.

(9) Au partir, comme on dit au sortir. Ce dernier est français; l'autre ne l'est pas, ou ne l'est que dans les anciens livres. ( Voyez Rabelais, T. I. p. 304. Froissart, Vol. III. ch. 91. p. 252.) La Fontaine l'a dit encore dans ces vers:

Enfin cette ame au partir

Du corps d'une beauté qui, etc.

(Euvres div. T. I. p. 249.)

(10) Etoit en gésine. Venoit de mettre bas ses petits. On lit dans un manusc. du XVIe siècle, sous le titre : les Honneurs de la Cour: « Elle vouloit que madame sa fille fit comme elle avoit fait ez gésines de messieurs ses enfans ». D'où vient le vieux mot gésir, être en couches. (Ibid.)

(11) Ma bonne amie et ma voisine, etc. On n'a point assez flétri ce caractère de l'intrigant, semant la division et la calomnie, mélange atroce de perfidie et d'avarice, égorgeant dans l'ombre, parce qu'il en veut aux dépouilles. Pourquoi cette honteuse amnistie accordée au plus dangereux ennemi de la société? Seroit-ce parce que ces caractères sont plus odieux que ridicules; que la comédie n'a des traits que contre le vice, et non point un glaive pour en frapper la scélératesse; qu'elle veut des dupes et non des victimes; et qu'il faut contre ces sortes de criminels, ainsi que contre les assassins et les empoisonneurs, un autre supplice que le pilori? Mais c'en est un du moins. Cette vengeance, toute légère qu'elle est, empêche la prescription du crime; elle satisfait au vou de l'homme juste, et l'avertit de se tenir en garde contre ses propres vertus; elle éveille l'oeil de la justice, et lui montre ses devoirs avant de châtier le coupable, on peut lui arracher le masque qui le couvre, Ainsi Molière eut le courage de dénoncer le Tartuffe, et le courage plus grand encore de l'envoyer à la Grève. Seroit ce encore parce qu'un tel caractère exigeroit impérieusement une force d'intrigue et de situation, ce jeu dans les contrastes et les mélanges, ce vis comica dont Molière semble avoir emporté le secret avec lui dans le tombeau ? Mais pourquoi ne pas l'essayer? L'entreprise seule en seroit sans doute honorable. Que l'on en juge par le succès du Méchant. Cette pièce, malgré

:

le

le vague et la foiblesse de son principal personnage, qui se confond avec le Menteur; malgré la mediocrité de l'action, bornée à une petite intrigue épistolaire ; malgré la froideur de son dénouement, qui ne laisse pas même le remord pour punition à ce fourbe exé> crable,

Indigne du nom d'homme, un monstre abominablė.

(Act. V. sc. 4.) Cette pièce, dis-je, est toujours applaudie. Ces suffrages constans ne sont-ils dûs, comme on l'a dit, qu'à sa belle versification? Je ne le crois pas. On voit avec reconnoissance cette première amende honorable que le talent impose au crime, et l'on plaint le génie d'être resté si fort au-dessous de ses obligations, moins peut-être par defiance de ses propres forces, que par un respect servile pour les caprices d'une nation à qui il ne falloit alors présenter que des caractères adoucis par les égards, et des vices palliés par les bien

séances.

Quoi qu'il en soit, si quelque nouvel Aristophane ose achever la réparation solennelle due à tant de victimes de la fourbe, il trouvera dans l'apologue de La Fontaine une excellente miniature à étendre, un modèle parfait d'éloquence, de finesse et de naturel.

(12) Dans cette autre famille ayant semé l'effroi,

La Chatte en son trou se retire. Le second discours de la Chatte n'est pas aussi développé que le premier. 1°. Elle ne fait pas à la Laie, animal sauvage et grossier, l'honneur de croire qu'il faille tant de ressorts pour entraîner sa confiance: ma bonne amie et ma voisine en ont dit assez. 2°. Elle craindroit de se rendre suspecte, en rendant à cette commune ennemie une visite qui fût remarquée de l'Aigle comme elle lui a parlé tout bas, ainsi elle ne sort qu'à la dérobée. Phèdre a bien saisi cette idée :

Hunc quoque timore postquàm complevit locum,

Dolosa tuto condidit sese cavo.

(13) Grand renfort. Renfort ne se dit plus que d'une recrue d'hommes, et non d'une nouvelle provision de bouche.

(14) Que ne sait point ourdir une langue traîtresse! Métaphore aussi vraie que noble. Une intrigue est un tissu dont on ourdit la trame. Ménage remarquoit de son temps une certaine prévention, Tome I.

L

qui déjà éloignoit ce mot du style poétique: il le regrettoit avec d'autant plus de raison, qu'outre la beauté de la métaphore, il avoit pour lui l'usage des Italiens, qui s'en servent souvent et très-heureusement. (Voy. ses Observ, sur Malherbe, p. 275.)

(15) La boîte de Pandore. Vulcain avoit fait une belle statue que Prométhée anima, et qui reçut à sa naissance un présent de chacun des Dieux; de-là le nom de Pandore, c'est-à-dire, assemblage de tous les dons. Epiméthée, son époux, lui donna une boîte où étoient renfermés tous les maux, avec injonction de ne pas l'ouvrir, La curiosité l'emporta : la boîte fatale fut ouverte. Tous les maux s'échappèrent; il ne resta au fond que l'espérance. (16) C'est la fourbe. Substantif bien plus énergique que fourberie. Boileau :

Je n'apperçois par-tout que folle ambition,
Foiblesse, iniquité, fourbe, corruption.

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(Avant La Fontaine). GRECS. Esope, pag. 83 (edit. Rob. Stéphani, 1629). FRANÇAIS. Anciennes farces dans les Anecdotes dramatiques, T. I. pag. 341.

CHACUN

a son défaut où toujours il revient:
Honte ni peur n'y remédie.

Sur ce propos, d'un conte il me souvient :
Je ne dis rien que je n'appuie

De quelque exemple. Un suppôt de Bacchus
Altéroit sa santé, son esprit et sa bourse :

Telles gens n'ont pas fait la moitié de leur course, Qu'ils sont au bout de leurs écus.

Un jour que celui-ci, plein du jus de la treille,
Avoit laissé ses sens au fond d'une bouteille,
Sa femme l'enferma dans un certain tombeau.
Là, les vapeurs du vin nouveau

Cuvèrent à loisir. A son réveil il treuye (1)
L'attirail de la mort à l'entour de son corps,
Un luminaire, un drap des morts.

Oh! dit-il, qu'est-ceci? Ma femme est-elle veuve ?
Là-dessus son épouse, en habit d'Alecton,
Masquée, et de sa voix contrefaisant le ton,
Vient au prétendu mort, approche de sa bière,
Lui présente un chaudeau (2) propre pour Lucifer.
L'époux alors ne doute en aucune manière
Qu'il ne soit citoyen d'Enfer.

Quelle personne es-tu ? dit-il à ce phantôme.
La cellerière du royaume

De Satan (3), reprit-elle ; et je porte à manger
A ceux qu'enclôt la tombe noire.

Le mari répart, sans songer:

Tu ne leur portes point à boire?

(Depuis La Fontaine). LATINS. Le Beau, Carmina, pag. 47. ITAL. Luig. Grillo, fav. 23.

OBSERVATIONS DIVERSES.

Cette fiction trouveroit mieux sa place parmi les contes de La Monnoie ou les épigrammes de J. B. Rousseau, que dans un recueil d'apologues, genre auquel la fiction n'appartient, à proprement parler, qu'autant qu'elle a des animaux pour acteurs. Au reste, l'anecdote est vraie: elle eut lieu en 1550. Le personnage étoit un Avocat, ainsi mistifié par sa femme. On peut la lire dans les Diverses Leçons de Louis Guyon. (T. I. L. II. ch. 15.)

(1) A son réveil il treuve, pour il trouve. Vieux mot qui se rencontre fréquemment dans les anciens auteurs:

Ne permets point que de mort fasse épreuve,

Et

que plus que toi pytoiable la treuve.

(Louise Labbe, Elégie III. pag. 118.)

et dans La Fontaine lui-même. (Voyez la fable du Testament expliqué par Esope, L. II. fab. 20.)

(2) Chaudeau, ou potage. Vieux mot qui tient à la même racine que le mot chaudière, chaud-eau (aqua calida); comme celui de bouillon vient de eau bouillante.

(3) La célerière du royaume de Satan. Célerier ou cellerier, celai qui, dans les maisons religieuses, a l'office d'approvisionner le couvent.

FABLE VII I.

La Goutte et l'Araignée.

(Avant La Fontaine ). LATINS. Nicol. Gerbel. [à la suite des fables de Cammermeister, pag. 458 (Joach. Camerarii fabulæ), Lips. 1570].

QUANDl'Enfer eut produit la Goutte et l'Araignée(1),

Mes filles, leur dit-il, vous pouvez vous vanter
D'être pour l'humaine lignée

Egalement à redouter.

Or avisons aux lieux qu'il vous faut habiter.
Voyez-vous ces cases étroites (2);

Et ces palais si grands, si beaux, si bien dorés ?
Je me suis proposé d'en faire vos retraites.
Tenez donc, voici.deux buchettes :
Accommodez-vous, ou tirez.

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