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ère, qu'on aurait clôturé définitivement ce recueil, afin de le préserver de tous les chan gemens et de toutes les détériorations dont le menaçaient les troubles, que les bouleversemens de l'Asie avaient déjà amenés sur la Judée, et devaient y attirer encore.

Mais quels sont les véritables auteurs de ces livres ? quel est surtout l'auteur du Livre de Moïse ?

Ceux qui regardent le Pentateuque, comme écrit par ce législateur lui-même, concèdent à leurs adversaires qu'il renferme des interpolations, des transpositions et des altérations diverses. Ceux qui lui refusent de l'avoir rédigé de sa propre main, et qui en gratifient, par exemple, le pontife Helkias, ou plutôt Khilkia, un demi-siècle environ avant la captivité, reconnaissent à leur tour qu'il a été fait dans son esprit, avec des traditions et des fragmens qui rendaient sa pensée.

Que m'importe donc celle des deux opinions qu'on adopte! Qu'il soit écrit par un seul homme ou par plusieurs, quelques siècles plus tôt ou plus tard, le Pentateuque offre un ensemble imposant à étudier; il est à mes yeux Moïse ou le législateur, comme l'Iliade est Homère, comme les OEuvres d'Hippocrate sont Hippocrate lui-même, quoiqu'on y signale aussi les traces d'une coopération successive, quoiqu'on ait révoqué en doute jusqu'à l'existence de ces grands hommes. Les sages Hébreux auxquels nous le devrions tout entier, voulaient évidemment lui transmettre une couleur antique ; ils eurent donc à cœur plus que personne de conserver les traditions et le caractère des époques passées. Je penche en mon particulier vers l'opinion qui croit voir dans la majeure partie du Pentateuque le cachet d'un même individu, et cela me semblerait beaucoup plus extraordinaire et beaucoup

plus honorable pour la nation hébraïque qu'il fût le produit d'un concours de personnes; mais je n'affirme rien. Un Code qui date pour tous de plusieurs milliers d'années, des livres répandus par tout le globe, une nation dont les annales des autres peuples attestent les révolutions, et dont les débris vivent encore :

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voilà mon point de départ; il est aussi positif que quelque base historique que ce soit.

On juge donc que je ne m'asservis, en aucune manière, aux idées de mes devanciers: nous puisons aux mêmes sources, et la variété infinie de leurs assertions laisse le champ entièrement libre. Les autorités que j'invoque sont plutôt destinées à confirmer les faits primitifs qu'à les établir; c'est pourquoi m'arrête moins quelquefois à la valeur intrinsèque de ces autorités qu'à leur caractère, à leur influence sur divers esprits, et à l'avantage de faire servir au développement

des principes les hommes mêmes qui semblent avoir eu le plus d'intérêt ou de désir à s'y soustraire.

Dans les traditions hébraïques, dans la Mischna, ou Loi répétée, qui, avec les commentaires, forme le Talmud, chez les docteurs les plus célèbres parmi les Juifs, et dans l'histoire de Flavius Josèphe, il m'était imposé de séparer toujours le fond des événemens et les conséquences naturelles de la loi primitive, des opinions et des aberrations provenant du caractère général des époques et de la position personnelle des Hébreux. Enfin, s'il m'est arrivé par hasard d'indiquer avec précaution de quelle manière certaines lacunes peuvent être remplies, c'est à l'exemple de ceux qui, ayant fait une longue étude d'un monument antique dont l'ensemble est bien conservé, se croient autorisés à juger sur ce qui existe, des formes de quelques parties

secondaires que n'a point respectées le

temps *.

Après cela, s'il se trouve que tous les grands principes de politique et de morale aient germé dans la tête du législateur, ou soient consignés en son nom dans le Pentateuque; si, indépendamment des temps et des circonstances, il a jalonné mieux que personne le vaste champ de la législation; s'il a réuni à un plus haut degré qu'aucun autre chef de peuple, la théorie à la pratique; si sa philosophie enfin marche encore en avant du siècle où nous vivons, on sera libre d'en faire honneur à l'influence divine ou à son génie ; et, loin de m'accuser avec trop de précipitation d'une partialité exagérée en sa faveur, ou même d'un entraînement que

* En 1822, je soumis mon travail préparatoire à l'épreuve de la publication, sous le titre de Loi de Moise ou Système religieux et politique des Hébreux. Malgré ses imperfections, de savans jurisconsultes et publicistes daignèrent s'en étayer dans des ouvrages importans, et le signaler de la manière la plus honorable.

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