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Le mot décalogue signifie dix paroles. Ce sont les dix préceptes que Moïse proclama pour servir de base à ses lois; ils ont inspiré aux législateurs modernes la première idée de la déclaration des Droits de l'homme.

J'ai déjà dit que je ne faisais pas mon objet essentiel de la manière dont les principes et les institutions allaient se peindre dans l'esprit de Moïse. Leur nature est ce que je dois examiner, préférablement aux canaux par lesquels ils lui arrivèrent. Sans doute je pourrais d'avance établir que, dans le langage politique et moral, la parole du Jéhovah, loin de représenter une voix articulée semblable à celle de l'homme, correspond identiquement à la vérité, la raison, l'utilité; cette voix qui, dans les premiers temps surtout, n'é

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tait perçue que par des intelligences privilégiées! Sans doute, comme le dit David, « les cieux racontent,... et on entend leur voix, quoiqu'il n'y ait en eux ni langage ni parole 6 » : sans doute enfin, comme Moïse lui-même l'atteste, à la face du ciel, le Dieu qu'il invoque est VÉRITÉ, ÉQUITÉ 7: mais toutes ces choses, si elles sont exactes, résulteront mieux des faits des lois et de toutes les déterminations comparées aux temps, aux lieux et aux personnes.

Les Hébreux furent à peine arrivés dans les vallées solitaires du Sinaï et d'Horeb, que le législateur jugea le moment favorable pour la proclamation des principes. Mais elle devait être accompagnée d'un appareil imposant, qui laissât des souvenirs durables. Que fit-il? il commença par soumettre ses inspirations aux anciens qui l'entouraient depuis son retour en Égypte et qui formaient le sénat provisoire, de l'organisation duquel je parlerai bientôt. Un

accord unanime les accueillit . Alors il transmit aux Hébreux l'ordre de se purifier et de se tenir prêts pour le troisième jour; et il établit, à quelque distance de la montagne, une barrière qu'il fut défendu à qui que ce soit de dépasser 9.

Le Sinaï, qui par sa réunion avec le mont Horeb forme une double cime, est la plus haute des montagnes environnantes. Quelquefois, pen

dant les jours les plus sereins, son sommet devient tout à coup le théâtre de phénomènes bril

lans et terribles qui l'ont rendu l'objet d'un effroi respectueux pour tous les habitans de la contrée. D'épais nuages et de noires vapeurs s'y amoncèlent, des gerbes de feu font succéder à l'obscurité la plus profonde, d'éblouissantes clartés; la foudre le déchire, et de ses entrailles s'échappent des mugissemens, qu'on prendrait de loin pour un concours de voix humaines, et qui sont comme les paroles de ce bruyant concert 1o

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C'est durant une scène si pompeuse que le Dieu de Moïse va se faire entendre *. Mais au premier coup de tonnerre les Hébreux, dont il tient depuis plusieurs jours les esprits en suspens, sont saisis de crainte. « Va écouter toi

* Le matin du troisième jour, dit l'historien Josèphe, le ciel était des plus purs: tout à coup une nuée couvrit le camp des Israélites et fut accompagnée d'un vent impétueux, de pluie et d'un trèsgrand orage. Des éclairs éblouissans jetèrent la terreur dans les esprits, et la foudre, qui tombait avec fracas, marqua la présence de Dieu. Je laisse à ceux qui me liront à en juger comme il leur plaira ; mais j'ai été obligé de rapporter ce qui est écrit dans les livres saints. Une tempête si extraordinaire et un bruit si épou→ vantable joints à la créance commune que Dieu habitait sur cette montagne étonnèrent à tel point les Hébreux, qu'ils n'osaient sortir de leurs tentes. Ils crurent que Dieu avait fait mourir Moïse et qu'il les traiterait de la même manière. Mais ce législateur arriva bientôt tout rempli de majesté et tout éclatant de gloire..... L'air reprit sa sérénité, et le prophète, après avoir fait assembler tout le peuple, et avoir choisi un lieu élevé d'où chacun pût l'entendre, leur parla en ces termes. (Antiq, Judaïq. liv. III, ch. Iv.)

même, lui disent-ils, ce que l'Éternel exige pour notre félicité; tu nous en rendras compte. >> A ces mots, il gravit la montagne, et on le suit des yeux jusqu'à ce qu'il se perde dans les nues *.

L'histoire, je le demande, présente-t-elle une solennité plus poétique, plus sublime? Quelle pensée que celle qui fait sortir des vérités consolantes du sein de la nature en fracas! Que nos édifices, nos riches tentures, nos habits brodés d'or et de soie, toute notre magnificence moderne, sont vains à côté de ce spectacle! Que le législateur de Sparte, recevant d'une sibylle décrépite l'attestation qui le déclare presque Dieu "; que celui de Rome, inspiré par la nymphe Egérie, paraissent avec désavantage auprès du législateur d'Israël!

Mais entrons aussitôt dans le fond même du décalogue, que je ne puis me dispenser, à cause de son importance, de suivre dans les derniers détails, et ne craignons pas d'employer certains mots qui, au premier abord seulement, paraîtront d'une origine trop récente aux yeux du

lecteur.

*

Or, tout le peuple ayant peur, dit à Moïse: Parle-nous toimême, et nous t'écouterons, mais que l'élohim ne nous parle pas, car cela nous ferait mourir. Et Moïse les rassura et motiva le miracle en ces termes : Ne vous épouvantez point; car Dieu est venu pour vous éprouver et afin que vous ayez une crainte de lui, qui vous empêche de tomber en faute. (Exod. xx, 20.)

Il renferme, sous des formes appropriées aux mœurs des Hébreux, le principe fondamental de l'unité universelle et nationale, et ses deux conséquences immédiates, qui sont les principes d'égalité politique et de liberté. En même temps il dicte en faveur de ces principes quelques mesures indispensables : il pose les bases d'une institution qu'on a coutume de regarder comme entachée d'absurdité, tandis qu'elle satisfaisait aux premiers besoins de la législation : enfin il énumère avec simplicité les principaux devoirs des hommes entre

eux.

Son préambule, quoique laconique, est des plus expressifs : Jéhovah dit toutes les paroles suivantes : mais il s'adresse aux Hébreuxen corps, à Israël, à tout le peuple; il n'admet parmi ses membres aucune distinction primitive; il reconnaît à tous les mêmes droits, et il leur impose les mêmes devoirs fondamentaux *; de sorte que par ce premier fait, le principe de l'unité nationale, et sa conséquence immédiate, l'égalité commune, sont déjà consacrés.

*

Quoi qu'en aient dit des publicistes très-respectables, les mots droits et devoirs ne sont nullement déplacés dans le langage le plus positif. Ils forment les synonymes du mot rapports; mais avec cette nuance que le droit est un rapport considéré des autres à nousmêmes, et le devoir de nous-mêmes aux autres. En conséquence tout droit conduit à un devoir et réciproquement.

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