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s'étaient perdus dans le désert 50; et il porta son camp assez loin de Pi-hahiroth, à côté de Migdol, et vis-à-vis de Baal-Zéphon*, dans un espace compris entre la mer Rouge et la chaîne de montagnes qui se prolonge sur les bords de cette mer 5. Sa position était d'autant plus favorable qu'elle devait empêcher l'armée du pharaon et ses chariots de guerre de s'étendre et faciliter, en cas d'attaque subite, la défense de la partie du peuple qui ne combattrait point.

A peine avait-il fait ses dispositions, que l'armée égytienne, dont la marche avait été plus rapide, parce qu'elle ne se composait que de guerriers, arriva et sembla lui fermer toute retraite. A cet aspect, le grand nombre d'hommes faibles, de vieillards, de femmes et d'enfans qui remplissait le camp hébreu, fut saisi d'épouvante et murmura contre son chef. «< N'y avait-il pas assez de sépulcres en Égypte; pourquoi nous

amener mourir au désert? » Mais Moïse leur répondit avec calme : « << Ayez bon courage, vous obtiendrez bientôt votre délivrance. »

La mer Rouge, ou mer de Suph, est un golfe

* Le mot désert est employé ici pour solitude. Migdol et BaalZéphon, qui signifient une tour et le dieu du septentrion, ou l'idole de Zéphon, ont été pris ainsi que Pi-hariroth, pour des villes,, des montagnes, des anfractuosités de la mer.

de l'Océan qui s'avance du midi au nord, dans une étendue de plus de quatre cents lieues, depuis le treizième degré environ de latitude boréale jusqu'au trentième. Elle ressemble à un large canal placé entre l'Arabie, au levant, l'Abyssinie et l'Egypte, au couchant. Sur ses rives occidentales vivaient les anciens Troglodites, ou habitans des cavernes. Elle se termine au nord par deux petits golfes, sujets de tout temps à de fortes marées, et que je comparerai, pour la forme, à deux doigts de la main écartés l'un de l'autre. L'oriental s'appelait chez les anciens sinus Heropolites, et l'occidental, qui n'est séparé de la Méditerranée que par l'isthme de Suez, sinus Elanites, du nom de la ville d'Ælana, bâtie sur ses bords.

A l'extrémité du golfe occidental Moïse s'était campé dans une situation difficile à déterminer aujourd'hui, à cause des grands changemens qu'une longue suite de siècles a fait subir à ces rivages 52. Le sinus Elanites n'offre encore à sa pointe qu'une largeur d'une ou deux petites lieues. Les marées y sont d'environ deux mètres, dit l'ouvrage sur l'Egypte ; et dans les tempêtes, lorsque le vent du sud souffle avec violence, elles s'élèvent quelquefois à trois ou quatre mètres, ce qui est plus que suffisant pour noyer une armée nombreuse 53. Le général en chef de l'expé

dition, revenant un jour des fontaines de Moïse, situées sur la rive orientale, voulut profiter de la marée basse, et traverser la mer Rouge à pied sec; mais il fut surpris par la nuit, et, s'étant égaré au milieu de la mer montante, il eut à peine le temps d'échapper au reflux des eaux 54.

Moïse, qui avait étudié ces parages pendant tout le cours de sa vie pastorale, fit passer le soir, sur les derrières, les feux qui jusqu'alors étaient restés à la tête du peuple, soit pour cacher aux Égyptiens, Égyptiens, au moyen d'une vapeur épaisse, les mouvemens de son camp, soit pour leur montrer, à la lueur de la flamme, une partie de ce camp immobile, tandis que l'autre exécuterait sa marche en silence *.

Bientôt le flux, aidé par un vent violent, commença; et les eaux, en se retirant, offrirent une disposition remarquable, qui rend raison des faits postérieurs d'une manière bien plus satisfaisante que l'explication naturelle proposée par Josèphe, suivie par saint Thomas, Grotius, et plusieurs savans rabbins, d'après laquelle les Israëlites auraient décrit une ligne demi-circu

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eux, et se

Le texte dit: La colonne de vapeur partit de devant tint derrière, et elle vint entre le camp des Égyptiens et le camp d'Israël, et elle était pour les uns une vapeur et une obscurité, et pour les autres elle éclairait la nuit : et l'un des camps n'approcha pas de l'autre de tout le soir. (Exod. xiv, 20.)

laire dans la mer pendant le flux, et seraient revenus sur le même rivage d'où ils étaient partis 55. Un haut fond transversal et beaucoup plus élevé que le reste du lit du golfe, resta à découvert, de sorte que les eaux de l'extrémité de ce golfe se séparèrent peu à peu de la masse qui rentrait sur elle-même et formèrent une espèce de lac auquel le haut fond servait de digue. Cette disposition, très-facile à concevoir, et dont les observations faites par M. du BoisAymé sur les lieux mêmes semblent confirmer l'exactitude 56, est exprimée à la lettre dans la partie historique du texte qu'il faut bien se garder de confondre avec la partie poétique que je citerai plus loin. «La mer se retira toute la nuit par un vent d'orient très-fort, et elle fut à sec et les eaux se divisèrent 57. >>

Aussitôt les diverses tribus entrèrent sur le haut fond et se développèrent d'autant plus qu'il s'élargissait davantage : elles s'avançèrent, ayant à gauche la partie des eaux que j'ai nommée le lac, qui de ce côté les arrêtait, comme un mur, et à droite, les eaux de toute la mer qui, à mesure qu'elles s'éloignaient du lac, semblaient se fendre pour leur ouvrir un passage. Dès qu'ils eurent aperçu ce mouvement, les Égyptiens suivirent, aveuglés par la vengeance, les traces de l'ennemi, qui,

parvenu sur l'autre rive, aurait pu se ranger de manière à repousser leurs efforts, et à les retenir dans le lit du golfe. Mais cette précaution ne fut pas nécessaire. L'obscurité d'une nuit orageuse et surtout la pesanteur des chariots égyptiens, dont les roues enfonçaient dans ce terrain de sable, accrurent au dernier point la difficulté de leur marche. Tout à coup le bruit des eaux accourant avec d'autant plus de violence que le vent les avait plus retenues, et que le golfe est en cet endroit plus resserré, se fit entendre. Un seul cri, «Fuyons! le Dieu des enfans d'Israël combat contre nous ! »> fut aussitôt répété de toute part. Mais où fuir? A gauche les eaux du lac retiennent leurs pas, comme un mur; les deux rives sont éloignées, et le bruit croît aussi rapide que la parole.......... Quel désordre cette situation éclairée par une aurore sombre ne dut-elle pas jeter parmi les Égyptiens! L'effroi de la mort succède à la colère; leurs esprits s'égarent, et bientôt les eaux de la mer arrivant sur le haut-fond, se réunissent au lac et les entraînent, eux, leurs chevaux et les bagages 58.

Un hymne pompeux, dans lequel Moïse redit en poëte le haut fait qu'il vient d'accomplir en capitaine, fut chanté sur le rivage même par Miriam sa sœur et par toutes les femmes, qui

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