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répandus, les Juifs, dit-il, se livraient au travail avec zèle ; ils conservaient un saint respect pour la métropole qui renfermait le temple du Dieu Très-Haut; mais ils ne se montraient pas moins attachés à leur nouvelle patrie qu'au séjour de leurs ancêtres. Combien, en effet, serions-nous coupables de ne pas payer de réciprocité ceux qui nous permettent de vivre selon nos mœurs!..... Mais l'ambition et l'avidité de Flaccus changea leur sort. Pour se faire valoir de la multitude, il résolut d'opprimer les Juifs.... Les Egyptiens séchaient d'envie, ce vice qui leur est naturel, soit à cause des succès des Juifs, soit à cause des faveurs que les empereurs leur avaient accordées, soit par une antique haine. Ce n'était point la classe éclairée et juste de la nation, mais cette multitude oisive, paresseuse, qui ne s'occupe qu'à parler, qu'à médire et à enfanter des calomnies...... On commença par l'outrage; on voulut ensuite les obliger à des choses contraires à leur culte et inutiles à l'ordre public, à recevoir dans leurs assemblées religieuses la statue de l'empereur...... Bientôt Flaccus publia un édit violent, leur ôta le droit de se défendre, les condamna de prime abord; et, ce qui est le dernier terme de la tyrannie, il réunit en lui les divers rôles de dénonciateur, d'ennemi, de témoin, de juge et d'exécuteur.

Enfin les Juifs furent forcés dans leurs domiciles et dans leurs ateliers; on les depouilla de tous leurs biens, on les traita comme les habitans d'une ville prise d'assaut...... Mais ces rapines étaient moins fatales encore que la destruction complète de toute industrie : plus de sûreté dans les transactions; le Juif, livré à l'agriculture, à l'état de pilote, de commerçant, d'ouvrier, ne peut continuer ses travaux ordinaires...... Bien plus, la pauvreté pesante que nous lèguent nos ennemis n'est pas le comble de nos infortunes; ils nous affligent de tant de manières, ils nous accablent de tant de tourmens, que celui qui veut les rapporter semblé tomber dans l'exagération, et qu'on ne trouve pas des mots propres pour rendre une cruauté si inusitée 109. »

CHAPITRE VI.

DU COMMERCE.

La position du pays destiné au peuple israélite était favorable au commerce. Il a la forme d'un quadrilatère, dont un des grands côtés à l'occident, suit, dans un espace de quarante lieues environ, le littoral de la Méditerranée. Ils pourront élever sur divers points des villes qui leur permettent de participer aux avantages de Sidon et de Tyr. Ils communiqueront par mer avec l'Égypte, l'Asie Mineure et toutes les îles de l'Archipel voisin : du côté de ils seront aux portes de cette même Égypte, de l'Arabie et de la Phenicie, et à peu de distance de la mer Rouge.

Mais quel bien résulterait de cette position, si la nature de leurs lois les réduisait à un com

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plet isolement? Telle est du moins l'idée qu'on s'en forme, en général; de sorte que par un double préjugé contradictoire on admet, d'une part, qu'ils ne devaient pas établir des relations avec les nations étrangères; d'autre part, qu'ils étaient librés d'user contre elles dans leurs relations de tous les moyens, même les plus reprochables.

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Ce dernier préjugé surtout leur a causé d'autant plus de maux, que l'état cruel dans lequel ils ont si long-temps été retenus a fait regarder comme une conséquence de leurs lois, des effets qui n'étaient que la conséquence ́naturelle de cet état même.

Voici les lignes du texte qui ont donné lieu à l'erreur: « Tu ne prêteras point à intérêt à ton frère, ni argent, ni vivres, ni quoi que ce soit; tu prêteras seulement à l'étranger forain (nocri) » ; qu'il faut bien distinguer de l'étranger habitant (guer), affilié ou non au peuple hébreu.

Le mot employé à la place d'intérêt par la plupart des traducteurs qui ont écrit : « Tu ne prêteras point à usure à ton frère, mais à l'étranger », est donc absolument impropre.

« Le mot nechech qu'ơn a traduit par celui d'usure, dit l'assemblée des soixante - onze docteurs et notables réunis à Paris, a été fort

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mal interprété ; il n'exprime qu'un intérêt quelconque * et nullement un intérêt usuraire "", » '''. Moïse l'explique lui-même : « L'Hébreu ne prêtera à son frère, ni de l'argent à intérét, ni des vivres avec promesse d'un surcroît : il ne recevra rien de plus que ce qu'il lui aura donné 112.»

Quel est donc le but d'une loi qui ne permet de prêter à intérêt qu'au seul étranger forain (nocri)? La nature du commerce adapté aux besoins des Hébreux nous le découvrira.

Pour suppléer à l'insuffisance de l'échange, le commerçant s'établit comme intermédiaire entre les producteurs et les consommateurs; il achète la marchandise des premiers, la transmet aux autres, et dans ce passage lui donne une augmentation de prix qui forme son propre bénéfice.

Mais le commerçant, en se chargeant des denrées de divers producteurs, leur remet, ou comptant, ou à terme, ses propres denrées ou son argent en échange, et dans ce cas, les spéculations ont des bornes naturelles; ou bien il accumule une quantité de marchandises audelà de tous ses propres moyens, et il ne les paie qu'après un temps plus ou moins long, en ajoutant pour ce temps un surcroît au prix

́* De même, chez les Romains, tout intérêt de l'argent, diocre ou considérable, est exprimé par un seul mot, fenus.

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