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vendait au poids de l'or. Les Romains s'emparèrent avec avidité des deux seuls enclos qui le renfermaient, et où il était l'objet des soins les plus minutieux 63. Des bosquets de sycomores joints à des carrés de plantes aromatiques formaient les paradis ou jardins d'agrémens..

Leurs principales plantes légumineuses furent les fèves, les lentilles, les pois chiches : les livres anciens parlent des poireaux, des aulx, des bons ognons d'Egypte, des concombres et des melons, peut-être aussi des artichauts. L'échalote est originaire de la Palestine: ils cultivèrent le millet, la vesce, le riz, la canne à sucre, le chanvre, le lin, le cotonnier; plusieurs plantes colorantes, parmi lesquelles la garance, le carthame, l'indigo. Ils usèrent d'huile de noix, de colza, de ricin, de poisson 64 : enfin les principales fleurs furent la rose, l'anémone, le lis et le muguet des vallées *.

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« Nous nous avançâmes dans la plaine de Saron dont l'Ecriture loue la beauté........ Les fleurs qui couvrent au printemps cette campagne célèbre sont les roses blanches et roses, le narcisse, l'anémone, les lis blancs et jaunes, les giroflées, et une espèce d'immortelle très-odorante.... Le sol paraît d'une extrême fertilité; mais, grâce au despotisme musulman, ce sol n'offre de toutes parts que des chardons, des herbes sèches et flétries, entremêlées de chétives plantations de cotons, de doura, d'orge et de froment. Çà et là paraissent quelques villages toujours en ruines, quelques bouquets d'oliviers et de sycomores. » ( M. de Chateaubriand, Itiuéraire, tom. II).

Le pays d'Israël dut surtout à un bon système d'irrigation cette variété de produits qui suppose à la fois une grande fertilité et une grande industrie. La sécheresse était leur plus dangereux ennemi. Lorsque Caleb eut donné unchamp pour dot à sa fille, elle se hâta de lui demander les sources qui naissaient au-dessus et au-dessous. Ils redoutaient en même temps certaines maladies des arbres, comme la nielle et la rouille, et divers petits animaux que le prophète Joël rappelle en ces termes : « La sauterelle a dévoré ce qu'avait épargné le hanneton, le hurbec ce qu'avait épargné la sauterelle, et les restes du hurbec n'ont pas échappé au vermisseau 65

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On rassemblait l'eau dans des citernes et on la faisait arriver au moyen des balanciers ou des roues dans les lieux les plus élevés. « Les rochers de la Palestine, sur lesquels florissait jadis las nombreuse population des douze tribus juives et qui se trouvent aujourd'hui abandonnées à quelques hordes misérables d'Arabes déprédateurs, dit un de nos plus savans agronomes (M. Yvart), étaient en partie redevables aux nombreux canaux d'irrigation qu'on était parvenu à y faire circuler, de la fertilité et des riches productions qui distinguaient alors cette portion de l'Asie, devenue pauvre, dépeuplée et inculte depuis la disparition de ces sources

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de prospérité 6. » Et remarquez qu'au temps où ils portèrent au plus haut degré, par les irrigations, la fertilité de l'Espagne méridionale, les Arabes partageaient leurs travaux avec une foule de Juifs, tout imbus encore des traditions de leurs pères qui remontaient aux traditions égyptiennes.

On ne s'étonnera pas qu'ils fussent trèsavancés dans l'industrie pastorale leurs ancêtres s'y étaient long-temps adonnés d'une manière exclusive et avaient traité la chose en grand. L'état de pasteur emportait chez eux la considération générale. Une comparaison de l'auteur du Cantique des Cantiques prouve l'ordre qui existait dans leurs troupeaux et l'éblouissante blancheur de leur laine. Quoiqu'il eût vu de la neige et qu'il possédât de l'ivoire, son imagination, pour exprimer la parfaite régularité et l'éclat des dents d'une belle femme, ne trouve rien de plus frappant qu'un troupeau de brebis qui remontent deux à deux du lavoir. Isaïe exprime la même chose 67: «< Rentrez dans la vérité, dit l'Éternel, et lors même que vos fautes seraient plus rouges que le cramoisi, elles deviendraient comme la neige; plus rouges que le vermillon, elles acquerraient la blancheur de la laine 68. » Dans le temps où David était à l'apogée de la gloire et de la richesse,

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ses enfans célébraient par une fête annuelle la tonte des troupeaux 69.

Les chèvres, les moutons, les taureaux venaient de bonne race; j'indiquerai bientôt les motifs de circonstance qui firent prohiber la castration. Les chevaux, rares en Judée, furent ensuite exportés en assez grand nombre pour qu'on les employât aux travaux de l'agriculture 7. Mais le bœuf fut toujours la véritable force du laboureur : « Là où le boeuf manque ; la grange est vide, disait le proverbe ". » Les chameaux et les mulets achetés à l'étranger servaient au transport des fardeaux. Ces derniers n'avaient pas été dédaignés comme monture par les personnes les plus distinguées. Celui d'Absalon causa sa mort dans la bataille; et à son couronnement, Salomon parut sur la mule de son père. Les ânes ou onagres étaient d'une taille, d'une force et d'une beauté bien supérieures à ceux de nos climats; de là ces expressions de la Bible : « Vous qui montez des ânesses blanches d'une beauté singulière ". »

Les prairies artificielles furent un objet de culture; c'est pourquoi toutes les tribus, toutes les villes, presque toutes les familles eurent leurs troupeaux. Les tribus situées au-delà du Jourdain avaient obtenu dans la division des terres les pâturages les plus vastes : en deçà du

fleuve, qui n'a entendu célébrer les gras pâturages de Sichem *?

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Le lait de chèvre et de vache obtenu en abondance était transformé en beurre et en fromage: << De même que celui qui bat le lait, dit le proverbe, en fait sortir le beurre, de même celui qui presse l'homme porté à la colère en fait sortir la querelle 73. » Enfin le pays recueillait un miel digne de rivaliser avec celui du mont Hymète, et dont une grande partie passait dans le commerce. Le nom de terre de miel et de lait lui donne Moïse semble marquer, comme que on le verra mieux dans la suite, la préférence qu'il accordait à la nourriture substantielle et douce sur les alimens excitans et les liquides spiritueux.

par une

Des lois relatives aux animaux, les unes sont dictées l'état des mœurs, par les autres humanité qui devient rigoureuse justice envers ceux qui partagent les travaux de l'homme. La manière de les traiter est une des preuves les plus convaincantes du degré de civilisation d'un

* Les cheptels de bestiaux se traitaient ordinairement à moitié profits et pertes. Le cheptel de fer, d'après lequel le bailleur partageait les bénéfices et ne courait aucune chance, de sorte que son troupeau était comme de fer pour lui, fut défendu. Le preneur devait justifier qu'il n'y avait pas de sa faute dans les pertes éprouvées (Mischna, tom. IV, de Damnis, lib. 11, cap. v, § 5 et 6; cap. vii, § 8, 9, 10).

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