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printemps, des sources et des ruisseaux auxquels les eaux qui descendent des montagnes donnent souvent l'importance des rivières, et des rosées de chaque jour, servent à le rafraîchir et à la féconder. « C'est un bon pays que celui dans lequel va te faire entrer l'Éternel ton Dieu, dit le législateur, un pays de torrens d'eaux, de fontaines et de sources profondes qui naissent dans la vallée et sur la montagne ; un pays de froment, d'orge, de vignes, de figuiers, de grenadiers, d'oliviers et de miel; où tu n'éprouveras point la disette, où rien ne te manquera 37. »

Jugerait-on sa fertilité passée par son état actuel ? Les guerres dévastatrices qu'il a subies; la langueur dans laquelle il est plongé depuis tant de siècles; la puissance du Turc qui le dessèche e sous ses pas rendent raison de l'aspect qu'on lui a reproché d'une terre de fer. Les plaines de la Grèce aussi sont dépouillées; mais à quelle prospérité n'oseront-elles pas prétendre, quand des bras vigoureux ouvriront leurs entrailles au soleil de la liberté *!

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« Jérusalem a été prise et saccagée dix-sept fois, dit M. de Chateaubriand; nulle autre ville n'a éprouvé un pareil sort.... Dans cette contrée, devenue la proie du fer et de la flamme, les champs incultes ont perdu la fécondité qu'ils devaient aux sueurs de Phomme; les sources ont été ensevelies sous des ébouleméns; la terre des montagnes n'étant plus soutenue par l'industrie du vigneron a été entraînée au fond des vallées; et les collines jadis

Frappé de voir le sol latin autrefois si fécond devenu si stérile, Pline s'écriait : « Il nous donnait des fruits en abondance, la terre prenait, pour ainsi dire, plaisir à être cultivée par des mains couronnées de lauriers, et pour répondre à cet honneur elle multipliait de tout son pouvoir ses productions. Il n'en est plus de même aujourd'hui ; nous la faisons cultiver par des esclaves ou des forçats, et l'on serait tenté de croire qu'elle a ressenti cet affront 38 >>

Le premier moyen de faire fleurir l'agriculture est de l'honorer. N'avait-elle pas cet avantage chez les Hébreux, où les mêmes hommes passaient des soins de la campagne aux plus hautes fonctions publiques, et retournaient ensuite à leurs travaux privés? Après avoir été

couvertes de bois de sycomores n'ont plus offert que des sommets arides » ( Itinéraire, tom. 11). Voir les Mémoires de Guénée sur la fertilité de la Judée.

« Je passai plusieurs heures, dit un voyageur, à la date de cette année même, à parcourir dans tous les sens le plateau de la montagne du Carmel ; c'est la plus étendue et la plus belle de la Palestine en plusieurs endroits elle est couverte de bois et de fleurs. Au débouché d'un bosquet de palmiers, nous découvrimes à nos pieds la fameuse plaine d'Esdraëlon que le Kichon baigne de ses eaux; en face s'élèvent le Thabor et l'Hermon; et sur la gauche l'horizon est borné par les coteaux de Samarie. Ce tableau, malgré sa tristesse, ne répond pas à l'idée qu'on se fait de la désolante stérilité de la Palestine; on peut juger à la richesse de la végétation, que si cette terre était cultivée avec soin, elle serait comme jadis le jardin du Seigneur » (Revue britannique. Mai 1827, p. 109. Neuvième Lettre sur l'Orient, tirée du New Monthly magazine).

proclamé roi, Saül revient encore à la charrue; et David était gardien des troupeaux de son père, quand il fut porté au trône 39.

La première preuve que l'agriculture fleurit est la population qui croît en raison des subsistances, et qui à son tour accroît ces subsistances mêmes. Peut-on disconvenir que cette nation ne fût des plus populeuses? « Loin de s'appliquer à entretenir des intelligences chez leurs voisins, et à y fomenter la division, ils travaillaient, dit Fleury, à cultiver leur pays et à le faire valoir autant qu'il était possible, soit qu'il fût petit soit qu'il fût grand. Ils s'étudiaient à rendre les mariages faciles et la vie aisée; à procurer la santé et l'abondance, à tirer de la terre tout ce qu'elle pouvait produire. Ils exerçaient leurs citoyens au travail, leur inspiraient l'amour du pays, l'union entre eux, la soumission aux lois. Voilà ce qu'ils appelaient politique 4°. » Et voilà ce qu'il faut imiter des livres hébreux, au lieu de s'arrêter sur les scènes déplorables auxquelles la barbarie des temps présida; au lieu d'y puiser de fausses raisons pour le triomphe de quelque puissance arbitraire que ce soit!

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Leurs méthodes agricoles furent en partie exportées d'Égypte, en partie imitées des Phéniciens, en partie le fruit de leur propre expé

rience. On sait avec quel art ils fécondèrent comme les Chinois leurs collines, en les coupant en étages, et en transportant des couches fertiles dans les terrains trop ingrats. La charrue traînée par des bœufs, le hoyau, la coignée, la fourche, la herse, les serpes, sont les principaux instrumens aratoires "*. Isaïe indique avec quel soin on préparait les terres et on y jetait alternativement des semences diverses. Le laboureur ne labourera-t-il pas toujours afin de semer? n'ouvrira-t-il pas sa terre? ne casserat-il pas les mottes? Quand il en aura aplani la surface, n'y répandra-t-il pas l'aneth et le cumin? ne mettra-t-il pas le blé en première ligne, l'orge choisie et l'épeautre dans leurs limites*? car il a reçu de son Dieu le discernement qui l'éclaire sur cela 42.

Toutes les figures employées par les prophètes attestent le zèle des Hébreux à préparer la terre, à enlever les pierres, les mauvaises herbes, à entourer les champs et les vignes de

* L'aneth et le cumin sont des plantes ombellifères; leur semence est stomachique. On en mêlait dans le pain pour lui donner de la saveur. Je serais porté à croire qu'elles étaient jetées pour fournir un engrais. Ce passage a été diversement interprété : « N'y mettrait-il pas le froment au meilleur endroit, ou, selon une proportion convenable..., n'y mettra-t-il pas du blé, de l'orge, du millet, de la vesce, chacun en sa place et en son rang? » Mais toutes ces interprétations s'accordent pour exprimer les grands soins et le discernement exigés de l'agriculteur.

haies et de petites murailles 43. Pour engrais ils se servaient des excrémens de l'homme et des animaux *, de la paille soumise à la putréfaction; le parcage leur était familier 44. L'obligation imposée aux fermiers par les docteurs de ne pas changer sans la volonté du maître le genre de récolte convenu, et de se conformer à l'usage des provinces 45, prouve avec le passage cité d'Isaïe qu'ils variaient les semences et qu'ils avaient des méthodes de culture différentes.

On a vu que leurs principales céréales étaient le froment, l'orge, l'épeautre. Les semailles se faisaient après l'équinoxe d'automne, quand la seconde pluie, qu'on appelait ainsi par opposition aux premières pluies de printemps, avait pénétré la terre. Moïse recommande de ne pas jeter des grains dans les vignes; de ne pas semer à la fois diverses sortes de grains dans le même champ : et cela nou seulement pour obliger le cultivateur à trier avec grand soin sa semence,

* Il est parlé, dans les Géoponiques, dit l'auteur d'un ouvrage sur l'Economie rurale des Arabes et des Juifs, de l'emploi des matières fécales comme d'un engrais usité chez les Arabes : ilļ ne peut être question que de ceux qui habitaient sur les confins de la Judée: mais ce qu'il y a de remarquable dans le procédé qu'on leur attribue, c'est qu'il était le même qui a été imaginé, depuis une trentaine d'années, pour en faciliter le commerce sous le nom de poudrette (Reynier, pag. 409).

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