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Au retour de ces envoyés, les anciens ayant comparé les divisions tracées aux lots déjà accordés, retranchèrent de Juda une partie qui fut donnée à Siméon"; puis ils tirèrent au sort, sous le rapport de la position, les sept lots restans, qui furent agrandis ou resserrés, selon la population des tribus auxquelles ils échurent.

En allant du midi au nord, la première tribu était celle de Siméon, qui touchait à l'Idumée. Le bourg de Beersabée, ou puits du serment, ainsi nommé à cause de l'alliance qu'avaient conclue Abraham et Isaac avec un chef des Philistins, se trouvait dans ses limites; il marquait l'extrémité méridionale de la république, comme le bourg de Dan, situé dans la tribu de Nephtali, marquait le point septentrional; c'est pourquoi l'on disait : depuis Dan jusqu'à Beersabée, pour indiquer tout le pays. La seconde tribu, celle de Juda, était limitrophe au nord des tribus de Benjamin et de Dan; à l'orient du lac Asphaltide, ou mer Morte, à l'occident du pays des Philistins : elle renfermait entre autres villes Hébron, Engaddi et Bethleem, patrie de David. La tribu de Benjamin était bornée à l'orient par le Jourdain, et à l'occident par la tribu de Dan qui s'étendait jusqu'à la mer : l'une avait dans son sein Jérusalem, bâtie sur un terrain rocailleux, Guilgal, Rama, Gabaon, Jéricho;

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l'autre Emmaüs, Modin et Joppé, aujourd'hui Jaffa. Venaient ensuite la tribu d'Ephraïm,

étendue du Jourdain à la mer, où sont Sichem et Silo; la demi-tribu de Manassé qui touche au nord le mont Carmel; la tribu d'Issachar; celle de Zabulon, remarquable par le mont Thabor, Nazareth, Cana; la tribu d'Azer longeant la mer à l'occident, et bornée à l'orient par la tribu de Nephtali qui avait pour limite le mont Liban. Enfin, les tribus en-deçà du Jourdain sur la rive orientale, étaient, comme je l'ai dit, Ruben, Gad et l'autre demi-tribu de Manassé 1o.

Après la conquête successive des diverses provinces, chaque tribu répétant ce qui avait été fait pour tout le peuple, devait diviser ses terres par grandes familles ou cantons, et les subdiviser en portions applicables aux citoyens *.

N'est-il pas éminemment juste l'esprit qui dicta ces mesures? Et tout en reconnaissant combien leur opération dut être incomplète, n'est-ce pas une chose remarquable, que les

* Hécatée d'Abdère élève à trois millions d'aroures les terres fertiles de la Judée proprement dite (Josèphe, contre Appion, liv. I, chap 8). Nous avons déjà vu que l'aroure était un carré de cinquante-deux mètres environ de côté. Fleury, estimant à cinq degrés en carré tout le pays d'Israël, en conclut qu'il renfermait, y compris les lacs et les déserts, près de quinze millions d'arpens en surface.

Hébreux, à l'heure même de leur établissement, aient eu ce que les peuples les plus policés n'ont obtenu qu'avec tant de peine, le plan de leur pays, le cadastre de la propriété publique ?

On ne doit pas s'en étonner: ils sortaient d'Égypte, où l'arpentage, comme le dit M. Girard dans son Mémoire sur les mesures agraires des anciens Égyptiens, était une des principales fonctions des prêtres. Parmi les livres hermétiques, il y en avait deux consacrés à la description détaillée de ce royaume et du cours du Nil; c'était, à proprement parler, une espèce de cadastre, dont les prêtres étaient dépositaires ".

Telle est la loi sur la division des terres. Pour ce grand acte politique, le législateur se trouva dans une position d'autant plus avantageuse, que le peuple hébreu ne possédait encore rien sur le sol à partager. Aussi Lycurguę, dont la législation, toute célèbre qu'elle est, le cède en tout point à celle de Moïse, fit une chose plus difficile, quand il obtint des Lacédémoniens établis, qu'ils rapporteraient tous leurs biens à la masse commune *.

* Mais Lycurgue suivit un autre principe que Moïse; il divisa le district de Sparte en neuf mille portions, le reste de la Laconie en trente mille; chaque portion fut donnée à un chef de famille; elle ne se partageait pas, elle passait tout entière au fils aîné.

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Mais l'égalité du partage ne peut durer longtemps. Les terres fructifieront avec rapidité dans certaines mains, tandis que d'autres les laisseront dépérir ceux-ci seront forcés d'aliéner leur héritage; ceux-là pourront l'agrandir sans mesure. Afin d'y remédier, et de retenir les agglomérations des propriétés dans des bornes proportionnées aux besoins politiques de l'époque, Moïse prescrivit les lois suivantes.

CHAPITRE II.

DE LA PETITE PROPRIÉTÉ.

තඹුර

UN écrivain religieux que j'ai plusieurs fois cité, surtout parce qu'il veut convaincre Voltaire, disait, il y a plus de soixante ans, avec une vérité prophétique : « Oui, Monsieur, les grandes propriétés sont un des fléaux de l'agriculture. Qu'on ouvre les yeux sur la plupart des gouvernemens modernes ou qu'on les jette sur l'histoire des anciens empires, on en trouvera partout la preuve......... Diviser les fermes multiplier les ateliers rustiques, c'est le seul moyen de peupler les campagnes et même les villes : c'était le principe de Moïse. On aura beau s'agiter, calculer, systématiser, il faudra toujours en venir là " »

Mais les moyens auxquels ce législateur eut recours doivent être considérés plutôt sous le

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