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duire; enfin misérable celui qui n'a ni fonds ni activité.

Mais puisque le produit, ou la forme des richesses, qui se consomme immédiatement pour la satisfaction de nos besoins, de nos désirs ou de nos caprices, est le résultat du travail de l'homme sur une matière quelconque, ne faudrat-il pas, pour obtenir cette richesse définitive, cette richesse de consommation, qu'il vive dans un état social où son activité se développe sans obstacle, qu'il jouisse d'une entière liberté; laquelle, comme le dit Montesquieu, et comme l'a prouvé l'expérience, procure plus de moyens pour satisfaire les besoins que la nature donne 4?

Bien plus; comme la terre est la source première des productions les plus nécessaires à la vie et de la plupart des matières sur lesquelles s'exerce l'activité humaine, n'accordera-t-on pas le plus grand honneur à l'agriculture, dont les efforts fournissent un aliment perpétuel à l'industrie et au commerce? Le peuple qui agirait autrement, qui oublierait ce qu'il doit à la mère commune, deviendrait tributaire pour ses besoins essentiels, d'autres peuples qu'il rendrait tributaires à leur tour, mais pour des besoins de second ordre. Dans cette catégorie, lorsque des circonstances naturelles rompraient les communications pour un temps plus ou moins prolongé,

lorsque des changemens dans les habitudes ou dans les désirs donneraient un autre cours aux demandes qui lui étaient adressées, la souffrance réelle serait tout entière pour lui.

A la tête d'un certain nombre d'hommes qu'il put diriger à son gré, Moïse les destina surtout à l'agriculture, sans leur interdire ni l'industrie ni le commerce, comme on l'a si souvent prétendu; car ces trois choses sont tellement liées, que celui qui favorise l'une, fait déjà du bien à toutes les autres. Auparavant ils étaient pasteurs, mais cet état ne convenait plus à un peuple qu'il voulait établir d'une manière fixe, et dans le sein duquel il déposait des doctrines dont la conservation lui paraissait indispensable au bonheur de l'humanité.

CHAPITRE PREMIER.

PARTAGE DES TERRES.

La jouissance de la terre appartient primitivement à l'homme, en général; et j'emploie ici le mot jouissance, au lieu du mot plus absolu de propriété, attendu, comme l'a dit le sage, que nous appartenons plutôt au sol que nous sommes obligés de travailler sans cesse, et dont le sein s'apprête à nous recevoir, que le sol ne nous appartient à nous-mêmes *.

A

Après avoir reconnu que la terre, comme corps céleste, est une dépendance de l'Etre universel, qui nous y accorde une bienveillante hospitalité, et que le sol de l'État est le patrimoine du tout national, ou d'Israël, Moïse

* Le roi est asservi au champ, dit l'Ecclésiasté (v, 9).

consacre de nouveau l'égalité positive devant Dieu et devant la loi, en dictant cet ordre :

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Quand vous serez en possession de la terrepromise, vous la partagerez au sort, par familles et par tribus, de manière qu'on en donne une plus grande portion à ceux qui seront en plus grand nombre, et une moindre à ceux qui seront moins nombreux 6. »

Or quelle plus forte preuve de la vérité des principes sur les fonctions publiques, que j'ai déjà considérées, quelles qu'elles fussent, comme des qualités secondaires attachées à la qualité parfaite de citoyen! La terre-promise est partagée selon le nombre des personnes, sans distinction d'officiers civils, de chefs, de juges, de sénateurs, quoique ces fonctionnaires fussent depuis long-temps institués.

Bien plus; l'étranger lui-même, uni aux Hébreux, aura son égale portion. « Alors, dit le prophète Ezechiel, vous partagerez de nouveau le pays selon vos tribus, et vous donnerez leur part aux étrangers qui habitent parmi vous, comme à vos frères;....... que l'étranger, surtout, soit auprès de vous comme celui qui est né des enfans d'Israël : assignez-lui sa portion. dans la tribu où il demeure; ainsi le dit Jéhovah notre Dieu 7. »

Il fut convenu que chaque tribu choisirait un

homme de confiance, qui, réunis au prince d'Israël et au pontife, procéderaient à la répartition des lots, sous les yeux de toute l'assemblée.

Mais avant de passer le Jourdain, deux tribus, qui conduisaient de nombreux troupeaux, celles de Ruben et de Gad, demandèrent qu'on les mît en possession des pays de Jaser et de Galaad, fertiles en pâturages. Moïse et les anciens cédèrent à leurs vœux, et leur adjoignirent la moitié de la tribu de Manassé, sous la condition formelle qu'elles laisseraient leurs familles et leurs troupeaux en-deçà dû fleuve, et qu'elles marcheraient en armes à la tête même de leurs frères, pour ne retourner dans leurs foyers qu'après le partage définitif de la terre à conquérir.

Là, les enfans de Juda et de Joseph, en récompense de leurs efforts, furent les premiers à recevoir leur héritage. Mais cette manière de procéder, sans connaître l'étendue exacte du sol à partager, parut bientôt des plus vicieuses : Josué invita l'assemblée du peuple à choisir dans chaque tribu trois hommes habiles, qui seraient chargés de parcourir le pays en tous les sens, d'en tracer le plan, et de le diviser en portions, dans lesquelles on tâcherait de compenser la plus ou moins grande fertilité da sol par son étendue.

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