Oldalképek
PDF
ePub

dues; Abdias, de Sichem, prêche contre l'Idumée; Jonas est célèbre par son étrange voyage, qu'il ne fit peut-être qu'en esprit; Michée se nourrit de l'idée d'une sainte alliance entre les peuples; le pathétique Nahum, irrité contre le roi d'Assyrie, lui dit : « Ta blessure est douloureuse, il n'y a plus de remède : ceux qui l'apprendront battront des mains; car est-il quelqu'un qui n'ait pas ressenti les effets de ta malice?» Habacuc, après avoir prêché contre les Chaldéens, s'enfuit à leur approche; Sophonie est plein de sollicitude pour Jérusalem; Aggée et Zacharie, au retour de la captivité de Babylone, excitent les Hébreux à relever leurs murailles, et à ne plus offenser la loi, sous peine de nouveaux malheurs; enfin Malachie osait dire aux sacerdotes de son temps : « Vous avez violé le pacte; vous avez quitté le chemin de la loi; c'est pourquoi l'Eternel vous a rendu méprisables et abjects aux yeux de tout le peuple 122. »

122

Nul prophète célèbre ne s'éleva pendant la durée du second temple. Ils furent remplacés par les docteurs. A l'enthousiasme succéda l'argumentation qui, dans ses écarts, conduisit aux plus misérables arguties. Mais remarquez que l'espoir où furent sans cesse les Hébreux de voir naître dans leur sein quelques uns de ces

I.

hommes rares, qui sont appelés par une influence secrète à diriger et à réformer les peuples, offre ceci de particulier, qu'ils laissaient une libre carrière au génie. Loin de l'étouffer à sa source, ou de le gêner dans ses élans, comme chez tant d'autres nations, ils ļui rendaient cet honneur suprême, de préparer long-temps à l'avance la place qu'il devait occuper et certes, le Nouveau Testament luimême ne prouve-t-il point sans réplique, que s'il n'eût pas publié ou consenti qu'on publiât qu'il était Dieu en personne, Jésus de Nazareth eût accompli sans danger sa haute mission de prophète en Israël!

LIVRE III.

DES RICHESSES.

Obéissez aux lois, travaillez avec zèle, et vous deviendrez riches, et Dieu vous bénira. DEUTÉR., XXVIII, PROVERB. VI.

DES que les Hébreux furent arrivés aux frontières de Canaan, Moïse, sur la demande expresse du peuple, choisit parmi les tribus, douze chefs, pour reconnaître le pays dont on allait commencer la conquête. Il avait lui-même *** des notions exactes sur cette terre promise, soit qu'il les eût puisées dans des Mémoires anciennement rédigés par Joseph; soit qu'il l'eût visitée quand il traversa deux fois l'isthme de Suez et pendant son long séjour hors de l'Égypte. Ce ne fut donc que pour que pour condescendre au vœu des Israélites, qu'il donna à ses émis

saires les instructions suivantes : «Franchissez la montagne et voyez quelle est la nature des lieux; si les habitans sont faibles ou forts, en petit ou en grand nombre; s'il y a beaucoup de villes murées, ou s'ils vivent dans des tentes; si le sol est gras ou maigre, couvert ou dépouillé d'arbres; apportez-nous en même temps un échantillon des fruits que vous trou

verez1.>>>

Les douze chefs restèrent quarante jours à accomplir leur mission, et ils rapportèrent pour preuve de la fertilité du sol, des figues, des grenades, et une énorme grappe de raisin qu'ils suspendirent à un bâton, de crainte de la flétrir. Mais dix de ces envoyés exagérèrent à l'assemblée la force des indigènes et la difficulté de l'entreprise. Les deux autres, Caleb fils de Jéphuné et Josué fils de Nun, s'efforcent en vain d'arrêter l'impression que produit leur discours. Le peuple, effrayé des dangers qu'on lui retrace, fait entendre de toutes parts des cris de découragement : « Que ne sommesnous morts au pays d'Égypte ou dans les déserts, plutôt que de voir nos enfans et nos femmes

*

Quelques uns ont donné à ces hommes le nom d'espions. Mais ils ont écarté ce mot de sa signification naturelle. Aujourd'hui encore, tout conquérant envoie en reconnaissance, avant d'entrer dans un pays inconnu.

devenir la proie de l'ennemi! Etablissons-nous un autre chef et rebroussons chemin. »

A ces mots, le législateur se prosterna le visage contre terre. Josué et Caleb déchirèrent leurs vêtemens, supplièrent d'une voix pathétique les Hébreux de changer de langage et leur promirent la victoire : on ne leur répondit que par d'affreuses menaces.

Mais, qui le croirait? quand l'irritation est au comble, Moïse se relève tout à coup pour s'en rendre maître et pour proclamer une détermination extraordinaire, qui exigeait la plus inébranlable volonté. Convaincu que les idées superstitieuses et toutes leurs conséquences ne s'effaceraient jamais de l'esprit de la vieille génération composée des hommes sortis d'Egypte à l'âge où elles avaient jeté des racines profondes, il conçut de refaire entièrement le peuple; et d'attendre pour entrer dans la terre-promise une génération nouvelle, qui n'y apportât d'autres sentimens que l'horreur de la servitude et l'espérance du bonheur procuré par le travail et par les lois.

Il s'avança donc au milieu du tumulte, et comme si ses yeux ne distinguaient personne de ceux qui l'entouraient, il invoqua l'Éternel et il répéta à haute voix les paroles que ce Dieu lui fit entendre : « A cause de ses murmures et

« ElőzőTovább »