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tait pas chez les Hébreux; mais leur loi s'opposait à l'accumulation des propriétés foncières, dans les mêmes mains, et empêchait que le sénateur ne réunît l'influence que donne une immense fortune territoriale, à celle qu'il tenait de sa dignité.

Il ne recevait aucun salaire qui lui fît sacrifier les intérêts des citoyens à ses intérêts propres son âge et les conditions exigées pour être élu servaient de garans à son intégrité: les décrets auxquels il contribuait devaient être appliqués à sa famille, à ses amis, à lui-même. Nulle distinction particulière, nul des hochets si précieux aux peuples modernes n'avaient été inventés pour l'éblouir ou le corrompre. Hors du siége de la magistrature, il redevenait simple citoyen; et son nom d'ancien ou de père indiquait plutôt une qualité personnelle qu'une dignité. Enfin, il ne laissait à ce titre d'autre héritage à ses fils qu'une bonne réputation et son exemple à suivre, lorsqu'il avait bien rempli sa carrière.

Le conseil des sacerdotes, intéressé par sa nature même au maintien de la loi, les orateursprophètes qui censuraient sans ménagement tous

taines institutions, provient en général beaucoup moins d'un défaut de bonne foi, que de l'habitude de n'envisager la question que d'un seul cóté.

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les actes de l'autorité publique, les sénats secondaires dont je parlerai bientôt, enfin la nécessité de l'intervention des assemblées générales dans toutes les questions importantes, étaient les obstacles les plus positifs à ses envahissemens. Et remarquez qu'une foule de modifications pouvaient être proposées, sans porter la moindre atteinte à la loi fondamentale : Moïse avait chargé soixante-onze sénateurs de l'administration de six cent mille hommes au-dessus de vingt ans, ou d'une masse de deux millions et demi d'individus, à peu près; en conséquence, le nombre total des sénateurs aurait pu recevoir une augmentation proportionnée à l'accroissement du peuple : on aurait pu fixer pour chaque tribu le nombre qu'elle aurait à fournir, suivant sa population, et limiter selon les circonstances la durée de leurs fonctions. Enfin rien n'empêchait de discuter et d'adopter toutes les mesures propres à développer le seul principe irrévocable de la loi : l'institution d'un conseil véritablement national.

Une autre remarque, non moins importante, est celle-ci : lorsque la nation en masse eut ratifié la loi et que les tribus furent établies dans les provinces, il leur devint trop difficile de s'arracher toutes ensemble à leurs travaux, si ce n'est dans des circonstances majeures; elles

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envoyèrent donc leurs propres anciens, pour les représenter dans l'assemblée générale et sanctionner les décisions du grand - conseil. Mais le droit de tous n'en resta pas moins inaliénable; car on est forcé de reconnaître avec Jean-Jacques, que si les citoyens peuvent choisir d'autres citoyens pour s'occuper de la chose publique, le peuple, proprement dit, a cela de commun avec Dieu, qu'il ne peut être rigoureusement représenté que par lui-même ". << Les assemblées, sous Moïse, lorsque les Hébreux formaient un corps d'armée, dit Guénée, ressemblaient assez aux assemblées du peuple à Athènes, à Lacédémone, à Rome ;...... mais il paraît que dans la suite elles ne furent composées souvent que des députés ou représentans du peuple, à peu près comme les parlemens d'Angleterre, les états de Hollande ". »

Au lieu de conclure de l'admirable ouvrage de Tacite sur les mœurs des Germains, que les Anglais y ont puisé l'idée de leur gouvernement politique, et que ce beau système a été trouvé dans les bois 73, Montesquieu pouvait donc remonter plus haut et le faire reposer sur des bases autrement sacrées aux yeux des nations modernes. Que dit Tacite? «< Les affaires ordinaires étaient traitées dans le conseil des chefs, et les grandes affaires se renvoyaient à l'assem

blée du peuple : mais celles-là même dont la décision appartenait au peuple, étaient débattues par les chefs 74. » Les Hébreux au contraire, outre les chefs militaires, avaient leurs sénateurs (zakénim), et ils admettaient, comme on l'a vu, trois couronnes ou pouvoirs particuliers couronne sacerdotale ou conservatrice, couronne de la loi ou législative, couronne du roi ou exécutive. D'ailleurs la majorité des Anglais a-t-elle jamais lu Tacite? tandis que la Bible a exercé sur eux la plus grande influence, a présidé à leur révolution et produit plus d'un point de contact entre l'antique peuple d'Israël et le premier peuple des temps modernes qui ait compris toute la puissance de la loi.

S'il eût déployé les talens et l'énergie néces, saires pour maintenir l'union des tribus et les faire agir en masse, le grand - conseil aurait assuré la stabilité de la république, autant que pouvaient le permettre les circonstances extérieures. Mais après la mort de Josué et de ses collègues, chaque tribu, entraînée par le besoin de se reposer de longues fatigues, dirigea ses forces contre les peuplades qu'il importait le plus à ses intérêts particuliers de vaincre, et perdit souvent de yue le conseil général.

Sous les rois, ce sénat éprouva des vicissitudes nombreuses; mais il ne cessa pas d'exis

l'année 1807, pour que je les passe sous silence.

« Réunis à Paris, au nombre de soixante et onze docteurs et notables d'Israël, nous nous constituons en grand-sanhédrin, afin de rendre des ordonnances conformes aux principes de nos saintes lois, et qui servent de règle et d'exemple à tous les Israélites..... Ainsi, en vertu du droit que nous confèrent nos usages et nos lois, et qui détermine que dans le sénat réside essentiellement la faculté de statuer selon l'urgence des cas, en ce que requiert l'observance desdites lois,.... nous procéderons....... Partant; nous enjoignons à tous, au nom de notre Dieu, d'observer fidèlement nos déclarations, statuts et ordonnances; regardant d'avance ceux qui les violeraient ou en négligeraient l'observation comme péchant notoirement contre la volonté de ce Dieu. C'est pourquoi le grand sanhedrin, légalement assemblé ce jour... et en vertu des pouvoirs qui lui sont inhérens........ examinant................... reconnaît et déclare................... puis statue........... enfin ordonne dans tout ce qui tient à la législation..... invite dans tout ce qui tient à la morale 63

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Mais le sénat n'est que le conseil de la nation; il ne doit être regardé que comme la partie intellectuelle, la téte de l'assemblée générale :

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