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à la première classe 13. De plus, d'après le témoignage d'Hérodote, les prêtres ne consommaient rien de leurs biens propres, attendu que chacun d'eux recevait, dans les temples, sa part de vin et des viandes sacrées 4. La seconde fournissait aux rois de quoi soutenir leur dignité, payer l'administration, les frais de la guerre ; l'autre formait l'apanage des guerriers, qui possédaient chacun douze aroures au moins, ou douze carrés de cinquante-deux mètres environ de côté, exempts de charges et de redevances. Mais cette portion des guerriers n'était pas incommutable : on pouvait les faire changer de domaine, même le leur enlever entièrement.

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Quant au peuple, il ne possédait rien en toute propriété, comme je l'expliquerai mieux en parlant de l'administration de Joseph, qu'on a généralement présentée sous un faux point de vue il cultivait, à titre de fermier, et avec plus ou moins d'utilité pour lui-même, les terres des rois, des prêtres et sages, et des soldats *7.

Enfin, le droit public de l'Égypte, s'il faut en croire plusieurs historiens, astreignait chaque individu à suivre, sans en dévier, la profession exercée par son père. Mais il est probable que cette loi ne s'appliquait qu'au genre de profes

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sions réservé aux diverses castes ; et qu'elle répondait à la maxime autrefois usitée parmi nous : qu'il n'est pas bon que les gens du peuple sortent de leur état. Bossuet, qui a déployé toute sa magnifique éloquence dans le tableau qu'il trace du gouvernement de ce royaume, adopte l'exagération des historiens. « Les lois, s'écrie-t-il, y étaient simples et pleines d'équité;... elles assignaient à chacun sa profession, qui se perpétuait de père en fils; on ne pouvait en changer... Les prêtres et les soldats avaient des marques d'honneurs particulières;... la profession de la guerre passait de père en fils comme les autres; et après les familles sacerdotales, celles qu'on estimait les plus illustres étaient, comme parmi nous, les familles destinées aux armes 18. » On conçoit, en conséquence, l'ordre imposé à toute personne qui ne remplissait pas d'emploi public, de ne s'occuper en rien des affaires de l'État, sous peine des plus terribles châtimens 19.

Tels étaient les grands principes de l'organisation égyptienne.

Il n'existait pas chez elle d'unité nationale, puisque le même État renfermait plusieurs peuples distincts. Il n'existait pas de principe d'égalité, puisque tous n'avaient pas le droit de faire les mêmes choses ni d'arriver aux mêmes

charges: point de principe de liberté, puisqu'ils ne pouvaient pas développer leurs facultés de la manière la plus convenable à leur propre nature. Qu'importe donc au sujet que je traite, une suite plus ou moins longue de leurs rois? Qu'a-t-il à perdre dans l'ancienneté de leurs reliefs, de leurs dieux et de leurs batailles? Des conquêtes et la servitude, de magnifiques palais et la servitude, une certaine somme de science et encore la servitude, ne se sont-ils jamais trouvés réunis? Replaçons la question sur le terrain dont on l'a trop long-temps ecartée; et si les travaux de Moïse lui méritent une gloire réelle, loin d'y porter atteinte, la grandeur de l'Égypte ne fera que la rehausser. Elle est tombée, et tout l'art des investigateurs suffit à peine pour en découvrir les traces; il a vécu, et ses œuvres sont en honneur chez toutes les nations.

NAISSANCE ET ÉDUCATION DE MOISE.

L'éducation de Moïse, et les premiers événemens de sa vie, tels qu'ils sont racontés dans le Pentateuque même, donnent l'explication la plus naturelle du développement extraordinaire de ses facultés intellectuelles. Il sera libre ensuite à chacun de corroborer, suivant son

esprit et sa propre conscience, les faits positifs par des raisons d'une autre nature ainsi, après avoir dit que ce législateur était instruit de toute la sagesse divine et humaine dont un grand et noble génie peut être orné, Bossuet ajoute: «< L'inspiration ne fit que porter à la dernière certitude et perfection, ce qu'avaient ébauché l'usage et les connaissances du plus sage des empires "

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Dans le vingtième siècle avant notre ère, suivant la chronologie comparée du texte sacré, de Manéthon et des monumens, une famille de bergers, originaire de l'Arabie ou de la Chaldée, avait quitté le pays de Canaan, voisin de la Phénicie, pour se transporter en Égypte. Elle comptait parmi ses ancêtres Héber*, d'où lui vient le nom d'Hébreux, et le patriarche Abraham, célèbre dans toutes les contrées orientales. Un de ses membres, appelé Joseph, avait été élevé, par un concours de circonstances singulières, au rang de premier ministre de ce royaume. Le pharaon, c'est-à-dire le roi, quatrième monarque de la dynastie des pasteurs, qui, après avoir violemment subjugué

* Le mot hébreu eber signifie au-delà; l'on a dit que ce nom lui avait été donné parce qu'il venait d'au-delà l'Euphrate; ou bien, en mettant son séjour en Arabie, parce qu'il venait de l'Ethiopie, qui est au-delà de la mer Rouge.

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cette division par castes fut chère aussi aux dominateurs de l'Inde! Au premier rang brillait la caste sacerdotale des Bramines,.qui, émanée du cerveau de Brama, l'emportait par essence sur toutes les autres.

Dans les changemens de dynastie, qui n'étaient pas la suite forcée des invasions étrangères, le nouveau roi sortait du sein de la mière classe, ou du sein des guerriers 5.

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Le peuple ne participait en rien à cette élection, et les suffrages n'avaient pas une égale valeur chez les deux classes privilégiées. Les prêtres, ou sages, inférieurs en nombre, avaient balancé ce désavantage en opposant leur qualité de sorte que le suffrage d'un prêtre, ou sage de première classe, équivalait aux suffrages de cent guerriers; d'un prêtre, ou sage de seconde classe, à ceux de vingt; et d'un prêtre, ou sage de troisième classe, aux suffrages de dix. Au cas, enfin, où l'élection restait incertaine, l'oracle, rendu par les prêtres eux-mêmes, en décidait.

S'il arrivait que le roi fût tiré du sein des guerriers, les prêtres s'empressaient de l'initier à leurs mystères et de l'agréger au corps sacerdotal'; ensuite ils s'efforçaient de le tenir sous leur dépendance immédiate jusque dans les choses du moindre intérêts.

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