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ment s'opéra; mais elle nous instruit des circonstances qui la rendirent aux enfans d'Éléazar. Abiathar, ayant pris parti contre Salomon, fut déposé et remplacé par Sadoc. Or, d'après les chroniques, c'est la grande assemblée du peuple qui établit elle-méme Sadoc pour pontife, et lui donna l'onction le jour où elle établit Salomon pour roi".

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Josèphe, qu'on n'accuse pas d'abonder dans les idées démocratiques, et surtout d'enlever leurs droits aux sacerdotes, reconnaît que cette dignité était ou devait être déférée par le peuple. Lorsque le neveu du pontife Onias adresse publiquement à son oncle des reproches sur sa conduite, il lui déclare qu'il est étrange qu'ayant été élevé par le peuple à l'honneur du sacerdoce suprême, il soit si peu touché du bien de son pays". C'est le peuple qui, par un consentement général, donne le pontificat à Juda Machabée; le peuple qui transmet la même dignité à Simon son frère ; « Le pontife, dit Cunæus d'après Maimonide lui-même, était constitué par le conseil des anciens 24. » En effet, le grand principe des Hébreux, dans lequel les nations modernes retrouveront le germe de leurs

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Ces deux pontifes se partagèrent pendant quelque temps les fonctions de leur charge; mais Sadoc devait être considéré comme suppléant; il fallait toujours un pontife suprême.

idées sur les trois pouvoirs, est celui-ci : « Il y a trois couronnes en Israël : la couronne de la loi, la couronne du sacerdoce, la couronne de la royauté cette dernière fut accordée à David et à ses descendans, la seconde aux enfans d'Aaron; mais la couronne de la loi, qui l'emporte sur les deux autres, est le partage de tous les enfans d'Israël; par elle les rois règnent et les juges de la terre rendent la justice 25. »

Chez les Romains, le collége dés pontifes avait dans sa juridiction, les adoptions, les mariages, les funérailles, les testamens, les sermens, les voeux, les consécrations, la rédaction des annales, la disposition du calendrier, et la fixation, mais en concours avec les jurisconsultes, des règles et formes des procédures judiciaires, et de toutes les choses qui tenaient au droit sacré 26

Dans la prétendue théocratie des Hébreux (et y a-t-il rien de plus digne de remarque?), leurs fonctions furent loin d'obtenir une extension si grande. Ils n'étaient nécessaires ni au moment de la naissance des citoyens, ni dans les mariages, ni à leur mort. «La circoncision se faisait aussi dans les maisons particulières, dit Fleury, sans ministère de prêtres ni de lévites. Leurs mariages n'étaient revêtus d'aucune cérémonie de religion, si ce n'est des prières

du père de famille et des assistans pour attirer la bénédiction de Dieu.... Tout se passait entre parens et amis, ce n'était qu'un contrat civil 27. » Une loi expresse les empêchait d'assister aux funérailles; ils n'avaient pas la charge de disposer le calendrier et d'intercaler les jours pour mettre l'année lunaire en harmonie avec l'année marquée par le soleil. Ce n'est pas à leurs mains, mais à celle des anciens et des chefs du peuple qu'étaient confiés les registres du dénombrement, qui avaient quelques rapports avec les registres actuels de l'état civil *.

Mais lorsqu'une question de quelque importance, soit judiciaire soit administrative, avait été débattue par une assemblée de province, sans amener de résultats satisfaisans, on la portait dans la ville capitale, au grand-conseil et aux sacerdotes; ceux-ci la décidaient dans le sens de la lettre de la loi, dont ils étaient les conservateurs-nés; ceux-là, profitant de leur avis, y ajoutaient l'esprit de cette loi qu'il leur appartenait de développer eux-mêmes. «< Quand

„* Or Moïse, Aaron et les chefs des tribus convoquèrent toute l'assemblée le premier jour du second mois, et on enregistra chacun selon sa famille et selon sa tribu, et on les enregistra nom par nom, depuis l'âge de vingt ans et au-dessus, chacun par tête. (Nombr. 1, 17, 18.) Ici Aaron avait un double rôle ; celui de veiller à l'opération, comme chef de la magistrature sacerdotale; celui de veiller à la perception de la pièce d'argent qui était payée par tête pour le trésor du tabernacle dont je parlerai plus tard.

il sera pour vous trop difficile de juger entre meurtre et meurtre, entre cause et cause, entre plaie et plaie, et toutes les choses qui sont un sujet de débats dans vos villes, vous vous rendrez dans la ville capitale, vers les sacerdotes, et vers le juge (qu'il ne faut pas prendre ici pour un seul homme, mais pour un être collectif, comme on le verra plus loin), vous les interrogerez, et ils vous diront ce que porte le droit 28. »>

De là vient que, dans la bénédiction poétique qu'il donne aux douze tribus, Moïse, faisant allusion aux fonctions dévolues à la tribu de Lévi et au devoir qui lui était imposé de proclamer et de soutenir, en toute circonstance, ce que la lettre de la loi exigeait rigoureusement, ne craint pas de s'écrier chez un peuple pénétré du respect filial : « Lévi dira de son père et de sa mère, qu'il ne les a pas vus, de son frère, qu'il ne le connaît point; même il ne connaîtra pas ses propres enfans : ainsi ils garderont ton alliance, ô Jacob; ils publieront tes droits et ta loi, ô Israël 29. »>

Je parlerai ailleurs de l'inspection légale qu 'ils avaient à exercer sur une classe de maladies redoutables. Enfin, le grand-sacerdote hébreu, comme les pontifes de Rome et de la Grèce, rendait des oracles, sur la demande du

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sénat, des chefs ou du peuple, soit pour revêtir les déterminations déjà prises d'une sanction imposante, soit pour rompre subitement de fâcheuses incertitudes. «La question qu'on lui présentait devait être clairement posée, disent les anciens, et la réponse sans ambiguïté; ee n'était pas un oracle à la manière du trépied de Delphes; il n'était pas permis à un simple particulier de le consulter, mais seulement au sénat, au roi, ou à l'homme placé à la tête de la république 3°

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De tout ce que j'ai dit de cette magistrature, il résulte qu'elle tenait du caractère de la pairie moderne et de la prêtrise; mais avec ces différences que, dans un pays agricole, elle ne possédait point comme la première de grandes propriétés, et que le culte dont elle faisait le service était tout entier dans l'intérêt d'une constitution d'État, qui s'occupait exclusivement du bonheur positif des citoyens.

La nature des temps, les circonstances extérieures, et l'état général des mœurs sont les premières causes des abus qui s'y attachèrent. Bientôt les sacerdotes furent beaucoup plus occupés des formes de leur loi que du fond, de l'accessoire que du principal, de leurs intérêts privés que de la prospérité nationale. De là ces sages reproches que leur adressent les

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