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positive, toute temporelle, pour me servir de l'épithète dont les théologiens ont qualifié l'ancien peuple et l'ancienne loi. Créée pour les besoins de l'époque, au nom du peuple et dans des vues d'utilité nationale, son action sur le gouvernement ne devait avoir rien que de passif. Sa destination est de conserver dans son intégrité le texte des lois fondamentales; d'enseigner ces lois à tout Israël et de les lui faire aimer; de s'élever contre les atteintes qui leur seraient portées; de resserrer les liens de l'association publique; de remplir enfin les cérémonies d'un culte disposé comme sauvegarde autour de ces lois.

Qu'on se transporte au temps où vivait Moïse, qu'on se pénètre des nombreuses difficultés qu'il avait à vaincre, et tous les détails de son institution s'expliquent d'eux-mêmes.

Au milieu d'hommes ignorans et enclins aux superstitions les plus funestes: au milieu de douze tribus répandues dans douze provinces, livrées surtout à l'agriculture et dirigées par leurs assemblées, leur sénat et leurs magistrats particuliers, il reconnut la nécessité d'un moyen propre à lier fortement ces diverses parties du corps politique; d'un moyen qui appelât sans cesse leurs regards vers le même but et qui prévînt les désavantages reprochés aux républiques

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fédératives, où l'intérêt de chaque province doit l'emporter, dit-on, sur l'intérêt général. Ses craintes étaient d'autant mieux fondées, que, malgré ses efforts, les tribus se jetèrent souvent dans des routes contraires et se firent les unes aux autres un mal qui finit par retomber sur toute la nation.

Après avoir divisé la tribu de Joseph en deux tribus qui furent Manassé et Ephraïm, et avoir ainsi reconnu treize tribus au lieu de douze, il répandit l'une d'elles parmi toutes les autres, en lui imposant les obligations indiquées. En même temps il institua les sacerdotes ou les ministres principaux du culte, et les lévites destinés aux fonctions secondaires.

Le pontife, ou grand-sacerdote (Cohengadol) qui leur servait de président, et qui était comme l'organe suprême du texte de la loi, ne s'éloignait pas du temple, situé dans la ville capitale.

Le centre du système particulier de conservation et d'union que devait former la tribu de Lévi, correspondait en conséquence au centre même de la république, et le conseil des sacerdotes vivait, pour ainsi dire, sous le même toit que-le que le conseil national qui tenait ses séances dans une portion du temple même.

Un brillant appareil entourait la place occupée

par le texte original de la loi souveraine, excitait l'attention des citoyens, et faisait tourner au profit des lois et de la patrie le goût qu'ont eu les peuples de tous les âges pour les spectacles pompeux.

De ce centre, le système de conservation et d'union s'étendait jusque dans les dernières extrémités d'Israël; et jusque-là il exerçait son influence, non seulement en ramenant vers le point commun des esprits disposés à diverger, mais en mettant sans cesse sous les yeux de tous, la loi, à laquelle était attachée leur félicité particulière.

Mais les individus appellés à former cette magistrature, ne pouvaient être pris que parmi les hommes dont je viens de signaler la superstition et l'ignorance; des hommes qui, loin de veiller à la conservation du texte de la loi, se hâteraient de l'altérer selon leurs caprices; qui, loin d'enseigner cette loi, la délaisseraient peut-être sans retour.

Pour parer à ce danger qui n'avait rien d'imaginaire, et pour appuyer son institution sur des garanties naturelles, le législateur ayant recours à la puissance des intérêts privés, fut conduit à rendre héréditaires les fonctions des enfans de Lévi. Il put unir alors leurs intérêts matériels à ceux des autres tribus, par une combinaison qui

devait les forcer à remplir les obligations de

leur charge.

Je me réserve à développer cette combinaison remarquable dans celui de mes livres qui traite des richesses, et à faire voir qu'on se trompe ordinairement dans le calcul des avantages qui leur furent accordés.

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Ce qu'il faut examiner ici, c'est le rapport qui existe entre cette hérédité et les droits de tous les citoyens. L'étude, l'examen et la manifestation de la loi entraient dans le devoir public mais la tribu de Lévi fera, par état et chaque jour, ce qui est laissé à la volonté libre et à la conscience de ses frères des autres tribus. Or la différence qui existe sous ce premier point de vue entre les prêtres égyptiens et les sacerdotes hébreux n'est-elle pas radicale, infinie? Ceux-là faisaient eux-mêmes les lois, cachaient leurs livres aux regards du vulgaire, les changeaient à leur gré et les mettaient en action; ceux-ci au contraire n'étaient chargés que de conserver intact, comme un dépôt, et d'exposer sans cesse à tous les yeux le texte de la loi fondamentale reconnue par le peuple!...

Quant à l'autre partie de leurs fonctions, relative au culte, elle n'est pas entièrement fermée au reste des citoyens. Tout Hébreu pouvait sous le nom de naziréen, qui veut dire séparé, se

consacrer à Jéhovah, pour un temps plus ou moins long. Mais il appartenait aux seuls sacerdotes-nés, de remplir les grandes cérémonies, de sacrifier les victimes; et cela était impérieusement dicté par l'état des mœurs, comme on s'en convaincra au livre du culte.

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Les enfans de Lévi demeuraient soumis à l'égalité de la loi. « Lex major sacerdotio, dit le principe; la loi commande au sacerdoce 14. ». Ils étaient jugés, en présence du peuple, par les magistrats communs : c'est du haut-conseil que le grand-sacerdote relevait : A senatu sacerdos judicatur 15. Comme les autres tribus, celle de Lévi payait la taxe du demi-sicle, qu'on demandait tous les ans aux citoyens pour les choses d'utilité publique ; comme les autres, elle était tenue de verser son sang pour le pays : une foule de soldats et de vaillans capitaines sortirent de ses rangs *. Enfin, loin que l'hérédité de leurs fonctions les portât à se croire d'une espèce supérieure à leurs frères, elle émanaît d'un acte authentique qui garantissait l'égalité, et qui leur rappelait à toute heure qu'ils n'étaient que les délégués de la nation elle-même.

* Entre autres Benaïa, fils du sacerdote Jéhoiadah, qui commandait la troisième division de l'armée de David, et qui comptait parmi les trente plus braves de toute l'armée. (I. Chroniq, xvi

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