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et les hommes d'autorité, qui ont quelque ressemblance avec les constables d'Angleterre.

La force du peuple doit être dirigée contre tous ceux qui se déclarent ses ennemis; et ce soin est réservé aux chefs d'Israël, à la tête desquels será le roi, lorsque, malgré Samuel et Dieu, la majorité des citoyens aura voulu confier cette charge à l'un de ses membres.

Enfin, dans les délibérations des fonctionnaires et des citoyens, il ne suffit pas toujours de l'amour du bien public, ni de cette habileté plus ou moins grande qui s'accommode aux circonstances présentes; il faut concevoir aussi ce qui convient dans l'intérêt à venir des principes. et de la patrie, et reconnaître la liaison qui existe entre un mal actuel et des imprudences ou des injustices antérieures. L'homme doué de grandes vues politiques ou morales pourra donc hautement proclamer sa pensée; hautement et librement censurer et les magistrats et le peuple. Tel est l'esprit de l'institution hébraïque des orateurs - prophètes; institution admirable, que l'ignorance et le fanatisme défigurèrent, mais dont les siècles modernes, surtout, sauront apprécier la sagesse.

Voilà les diverses fonctions consacrées par la loi. Avant de les examiner en détail, parlons de leurs principes communs.

« Dans le gouvernement de Moïse, dit l'abbé Guénée, les titres de commandement et d'autorité n'étaient pas des titres d'exaction, hi des places de finances, tout s'y faisait gratuitement .. Le législateur unit l'exemple au précepte. Réduit à s'écrier, comme on l'a déjà entendu : « Je suis accablé de trop de soins, j'y suc combe; » il présenta ces fonctions, en général, comme de véritables fardeaux auxquels le devoir religieux, confondu avec l'esprit national, soumettait les citoyens. Aussi verrons-nous, dans une circonstance particulière, que la loi accorde pour faveur l'exemption, pendant un certain temps de quelque charge que ce soit.

Heureux le peuple pénétré de ces idées, chez qui du moins les avantages personnels que procurent les fonctions publiques offriraient un juste rapport avec le talent qu'elles exigent, la peine qu'elles donnent et le bien qu'elles font alors la science politique deviendrait plus facile, et les ressorts si nombreux du gouvernement seraient simplifiés. << Mais tout le monde aujourd'hui, disait Fleury sous le régime si vanté de Louis XIV, veut être personne publique, avoir des honneurs, des prérogatives et des priviléges : et les charges ne sont considérées que comme des métiers qui

font vivre les hommes, ou comme des titres qui les distinguent. Cependant, si l'on voulait n'y regarder que ce qu'elles ont d'essentiel, c'est-àdire, les fonctions publiques réelles et nécessaires, on verrait qu'elles peuvent être exercées par un petit nombre de personnes, leur laissant encore du temps pour vaquer à leurs affaires particulières. C'est ainsi qu'en usaient tous les peuples de l'antiquité, et principalement les Hébreux . »

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Mais chez ces derniers, comme dans toutes les anciennes républiques, le temps arriva bientôt où l'ambition et l'audace des uns, l'égoïsme et la lâcheté des autres, l'ignorance de tous, rompirent à tel point toutes les digues, que les prophètes, amis de la justice, s'écrièrent, dans une sainte indignation: « Les chefs du peuple ressemblent à des loups affamés : les sacerdotes ne courent qu'après les récompenses; et des prophètes avides prêchent le mensonge pour de l'argent. Malheur à toi, Sion; malheur à toi qui vois avec indifférence de si grandes iniquités"! » Dès que les fonctions publiques sont considérées comme des charges, la nomination du fonctionnaire doit avoir tous les caractères d'une loi; car à la loi seule il appartient d'imposer des obligations. Cette nomination portera donc le sceau de la volonté des citoyens, qui

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tantôt recevra, pour le choix qu'elle aura fait, la sanction du conseil suprême, tantôt accordera sa sanction propre au choix de ce conseil. Ainsi Moïse, s'adressant à l'assemblée du peuple, lui prescrit ce principe fondamental : « Prenez parmi vos tribus des hommes savans, prudens et considérés, je les mettrai à votre tête. » Alors tout le peuple, charmé de sa proposition, lui répondit : « La chose que tu viens de dire est des meilleures. Vous établirez, ajoute-t-il, des juges et des hommes d'autorité dans toutes les villes de vos tribus . » De même, lorsque la nature des circonstances le détermine à instituer la tribu de Lévi, il fait exprimer par le reste du peuple, son assentiment à la chose; et lorsqu'il trace les règles à suivre, si jamais on désire un roi, il réserve à ce peuple de constituer lui-même l'homme que son propre conseil, que l'assemblée des anciens aurait désigné.

Quoiqu'ils ne nous aient pas transmis en détail l'ordre primitif des nominations, les livres hébreux renferment quelques données et plusieurs exemples intéressans: ainsi l'on peut distinguer quatre temps principaux dans l'élection de Jephté. Les ennemis assemblés campèrent en Galaad. Alors le peuple et ses magistrats, réunis dans la plaine, se dirent entre eux : « Qui sera notre

chef? » Ce fut la discussion à laquelle chaque citoyen participa. On désigna d'une voix unanime Jephté de Galaad, homme plein de talent pour la guerre, qui avait été éloigné par une injustice du lieu de sa naissance et dont il fallait fléchir le cœur offensé. Aussitôt les anciens en personne allèrent le trouver, lui peignirent le besoin que le pays avait de son bras, et après avoir traité avec lui, le ramenèrent à Mispa où ils en firent la présentation au peuple, qui l'ayant reconnu pour chef et capitaine, lui donna l'institution 10.

La discussion publique suivait la désignation du candidat, au lieu de la précéder, lorsque le grand-conseil le proposait; cela arriva dans l'élévation de Saül et de David, dont je parlerai plus tard.

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Il n'est pas de vérité plus vulgaire que celle-ci : << Tous les hommes sont sujets à l'erreur : » elle acquiert néanmoins une haute importance dans la loi de Moïse, sous ce rapport qu'elle détruit toute idée d'une infaillibilité surnaturelle attachée à quelque dignité que ce soit, et qu'elle .conduit à la responsabilité des fonctionnaires.

Tout fonctionnaire, tout citoyen peut enfreindre de deux manières le droit et la loi : par ignorance ou avec dessein. L'assemblée géné

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