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ganisation générale qui en rendait les mouvemens plus faciles, et dont je parlerai dans la suite.

Dès qu'il eut proclamé le Décalogue et fait sanctionner par le peuple un certain nombre de lois, dans lequel est celle-ci : « L'homme qui sacrifiera désormais aux idoles sera puni de mort',» le législateur remonta sur le Sinaï pour écrire les dix préceptes dans le lieu même où ils avaient été dictés, et pour les revêtir du plus imposant caractère. Quarante jours s'étaient écoulés, lorsqu'une partie des Hébreux, déjà fatiguée des rudes épreuves auxquelles elle se voyait soumise, fit entendre à Aaron ces paroles, qui dénotent l'état des esprits et le genre d'action que leur chef était forcé d'exercer sur eux : «<Lève-toi et fais-nous des dieux qui marchent à notre tête; car nous ignorons ce qu'est devenu Moïse, l'homme qui nous a retirés du pays d'Egypte.» Aaron ne put leur résister. Mais que d'objections n'a-t-on pas élevées au sujet de ce veau d'or, dont les dimensions ne sont pas précisées par le texte, et avec lequel la sédition fut apaisée *! Cependant tous

* Otez les anneaux d'or qui sont aux oreilles de vos femmes, de. vos fils et de vos filles, leur dit Aaron, et apportez-les-moi..... Et il travailla cet or avec un instrument, ou bien il prépara pour cet or un moule, et il en fit un veau de fonte (Exod. xxx11, 2.), sur

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les critiques vantent l'industrie des Egyptiens; et les Israélites, après avoir travaillé si longtemps parmi eux, avaient emporté des outils avec les bagages. On dressa un autel à l'idole, on immola des victimes, et on dansa à l'entour.

Moïse descendait de la montagne, suivi de Josué qui l'avait attendu à une respectueuse distance. « Je crois entendre, lui dit le jeune homme tout occupé de pensées guerrières, un bruit de bataille dans le camp: non; je ne distingue ni cris de vainqueurs ni de vaincus, ce sont plutôt des gens qui chantent et qui se livrent à la joie. » Soudain il aperçoit l'autel : saisi d'indignation, il brise les tables du Décalogue; il s'élance aussi prompt que l'éclair au milieu de la foule; il renverse la statue, qui sera réduite en une poudre assez subtile pour la leur faire avaler dans leur boisson. « A moi les Hébreux fidèles! s'écrie-t-il d'une voix terrible, l'êpée à la main ! » et bientôt trois mille hommes, non pas vingt-trois mille, comme le portent la plupart des traductions, furent frappés 3.

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le modèle sans doute des idoles de l'Egypte, du bœuf Apis, sous la forme duquel Osiris était adoré; ou qui représentait Typhon, s'il faut en croire Philon lui-même ( de Temulentiá). On s'est demandé si l'instrument, le style ou burin, que quelques uns voient dans le mot cheret, servit à polir la petite statue ou à y graver des caractères hiéroglyphiques à la manière des Egyptiens.

Après cette catastrophe, il dressa hors du camp un pavillon dont une nuée épaisse défendait l'entrée, et où il se retirait tantôt seul pour méditer, tantôt avec les anciens. Ensuite il s'établit sur le Sinaï pendant quarante jours, pour y graver de nouvelles Tables. A son retour, son visage resplendissait * : était-ce de l'espèce de flamme qui s'échappe des yeux de l'enthousiaste, ou d'une auréole lumineuse qu'il eut le talent de produire, et qui en imposa aux esprits?...

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Mais l'état futur des tribus n'absorbait pas moins sa pensée que leur Situation présente. Il en était souvent accablé, et il s'abandonnait à la douleur de s'être jeté dans une entreprise aussi difficile, jusqu'au moment où son âme, réagissant avec force, lui rendait tout son courage. Les Hébreux, incapables de franchir l'abîme qui existait entre leur ignorance et son génie, n'avaient nul égard à ses peines. «< Ah! quel pesant fardeau! s'écriait-il, je n'y puis suffire; grand Dieu! fais-moi mourir ... »

* Or les enfans d'Israël s'aperçurent que la peau du visage de Moïse étoit resplendissante ; c'est pourquoi il se couvrit d'un voile (Exod. xxxiv, 30, 35). La Vulgate dit que des cornes lui étoient poussées pendant son séjour sur la montagne : Videntes autem Aaron et filii Israël cornutam Moysi faciem..... Mais qu'y a-t-il d'assez éblouissant dans un ornement de ce genre, pour exiger un voile? Les juifs qui ont adopté cette interprétation la prennent dans un sens figuré, attendu que ce mot emportait l'idée de la force.

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Cependant, à travers tant d'obstacles et d'agitations, il ne cessait pas de marcher vers son but. Ses principes commençaient à germer dans les jeunes cœurs le nom de l'Éternel, du peuple, de la loi; l'horreur de l'esclavage, la substitution des choses positives et utiles, à des choses de néant, comme l'Écriture les appelle, luttaient déjà dans les têtes les plus dures contre les anciennes superstitions. Tous enfin se préparaient peu à peu à l'ordre qui serait établi dans la terre-promise.

C'est donc à cet ordre, considéré sous le rapport législatif, que je vais consacrerce deuxième livre.

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La loi ne peut s'expliquer ni agir seule. Elle réclame une disposition combinée d'un certain nombre de citoyens, qui soient appelés à veiller de diverses manières au développement et à l'exécution de ses volontés : c'est pourquoi je donne à ces charges le nom de fonctions en général, plutôt que de les appeler pouvoirs, attendu que, dans la doctrine que j'expose, le véritable pouvoir politique n'appartient qu'à la loi; attendu que les fonctions, quelles qu'elles soient, ne transferent sur l'homme qui en est revêtu qu'une qualité secondaire, attachée à la qualité parfaite de citoyen; que ce mot enfin, dérivant du verbe latin, fungi, fungor (s'ac

quitter), exprime très-bien que les fonctionnaires ne sont que les premiers serviteurs de la ⚫loi même.

La nature des fonctions publiques prescrites par Moïse, ou consignées dans le Pentateuque, semble découler de la nature des choses.

Le besoin de se conserver est le premier besoin d'une nation, comme de tout être animé; or il destine certains fonctionnaires non seulement à renforcer l'union des tribus, mais à conserver dans la pureté de la lettre et de l'esprit, le texte de la loi fondamentale, et à le faire entendre chaque jour aux citoyens. Tels sont les lévites et sacerdotes hébreux, qui different sur les points les plus importans, de tous les autres sacerdotes orientaux; et au sujet desquels on a commis une foule d'erreurs que j'espère bientôt détruire.

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Il faut au corps politique un conseil suprême, qui étudie sans cesse ses besoins, qui dirige les déterminations publiques et proclame les développemens de la loi fondamentale exigés par ces besoins mêmes: c'est le grand-conseil des anciens du peuple ou sénat d'Israël, et les petits-conseils ou sénats secondaires des tribus et des villes.

Les rapports civils doivent être maintenus dans les règles tracées par la loi; d'où les juges

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