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contradictions que les défenseurs de vos doctrines n'en ont reproché aux philosophes!

Mais si la parole du Jéhovah est la vérité; si elle exprime ce qui est, et ce qui doit être, que fait l'approbation d'une multitude? Elle prouve que l'homme supérieur par qui elle est répétée, l'a réellement entendue; car cette parole devant renfermer l'expression des besoins de chacun, doit être intelligible pour tous. D'ailleurs, lors même que la sanction serait tout illusoire, par cela seul qu'elle est réclamée, le législateur reconnaît qu'il ne peut rien par lui-même, et que l'obéissance des peuples, à quelque ordre que ce soit, a pour base nécessaire leur propre volonté.

La loi n'est donc pas seulement une règle, comme la définit M. de Bonald 47, mais une règle revêtue de l'assentiment de tous. Elle n'est pas seulement l'expression de la volonté générale, comme dit Rousseau, mais l'expression de la vérité politique sanctionnée par la volonté générale. Son caractère propre est indestructible. Une règle imposée, quelque bonne qu'elle soit, conduit au despotisme; et, malgré la volonté de la plus grande multitude, une chose mauvaise et contraire aux principes ne sera jamais la loi. Par la même raison, quoiqu'on s'entende très-bien sur le sens de ces mots, loi

à Sichem, il y a trente-trois siècles environ, fut solennellement posée, pour servir de monument, la première pierre de la loi fondamentale d'un peuple.

A

Enfin, après la captivité de Babylone, lors du rétablissement de la république, la loi fut proclamée pendant plusieurs jours consécutifs, après lesquels on écrivit la formule de la sanction générale. Quatre-vingt-quatre des principaux signèrent leur nom; tandis que le reste du peuple, hommes, femmes, jeunes gens, et filles, tous ceux qui étaient doués de connaissance et d'intelligence adhérèrent entièrement à l'acte de leurs frères les plus notables d'entre eux et prêtèrent serment de marcher dans la loi proposée par Moïse 4.

Ces faits donnent un caractère d'authenticité irrécusable au principe en question. Toutefois, à cause de son importance, je ne puis m'empêcher de réduire à leur valeur certaines assertions qui tendent à en diminuer la force. Bossuet reconnaît en ces termes la chose même : «< Dieu (par le moyen de Moïse) assemble son peuple, leur fait à tous proposer la loi, par laquelle il établit le droit sacré et profane, public et particulier de la nation, et les en fait tous convenir en sa présence..... Tout le peuple consent expressément au traité...... Moïse reçoit ce traité au

nom de tout le peuple qui lui avait donné son consentement 43. »

Mais d'abord : pourquoi Bossuet n'a-t-il point rapproché dans son Discours sur l'Histoire Universelle ce fait si frappant de ce qu'il rapporte des Grecs qui étaient soumis à la loi, c'est-àdire à la raison reconnue par le peuple? L'analogie aurait dû lui paraître d'autant plus parfaite, qu'il déclare ailleurs que le Dieu de Moïse n'est que raison : que Dieu lui-même, si on peut le dire, a besoin d'avoir raison, puisqu'il ne peut rien contre la raison 44.

Ce n'est pas tout; Bossuet, dont le génie et la position sociale sont en lutte réglée, ajoute, de sa propre autorité : « Cependant il faut remarquer que le Dieu de Moïse n'avait pas besoin du consentement des hommes pour autoriser sa loi, parce qu'il est leur créateur, et qu'il peut les obliger à ce qui lui plaît 45. » Certes, si cette remarque n'entraînait aucune conséquence, il n'y aurait que de la témérité, de la part d'un évêque, à supposer que le Dieu de Moïse eût pu s'empêcher de faire une chose qu'il a faite et répétée. Si Bossuet n'était qu'un écrivain ordinaire, il n'y aurait que de la faiblesse d'esprit à ne pas avoir apprécié un acte qui sert de nœud à la législation. Mais l'aigle de Meaux, il faut le reconnaître, fut l'apôtre du pouvoir absolu;

mais il se hâte de mitiger les principes que la force de la vérité lui arrache. Après avoir affirmé que la loi de Moïse est un véritable contrat social; après avoir écrit «< que tous ceux qui ont bien parlé de la loi, l'ont regardée dans son origine comme un pacte et traité solennel par lequel les 'hommes conviennent ensemble..... de ce qui est nécessaire pour former leur société, » il revient sur lui-même; il jette dans sa période ces mots par l'autorité des princes, dans lesquels il confond l'autorité naturelle des hommes doués d'une haute intelligence, avec le pouvoir politique de son temps, et il déclare qu'on ne veut pas dire par là que l'autorité des lois dépende du consentement et de l'acquiescement des peuples 46!

Quelle est donc cette manière de raisonner? Quoi, la loi est un traité, et elle pourrait se passer de l'acquiescement des hommes qui sont la partie contractante! Quoi, le grand Jéhovah n'impose pas des lois, mais les propose; mais il exige le consentement libre des individus ; mais il s'engage lui-même par serment, et le consentement et l'acquiescement des peuples serait inutile aux lois humaines! O Bossuet, quelque immense que soit votre génie, vous n'avez point compris Moïse: vous vous êtes jeté dans le système de l'Égypte, et vous avez enfanté plus de

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contradictions que les défenseurs de vos doc-
trines n'en ont reproché aux philosophes !

Mais si la parole du Jéhovah est la vérité; si
elle exprime ce qui est, et ce qui doit être,
que fait l'approbation d'une multitude? Elle
prouve que l'homme supérieur par qui elle est
répétée, l'a réellement entendue; car cette pa-
role devant renfermer l'expression des besoins
de chacun, doit être intelligible pour tous.
D'ailleurs, lors même que la sanction serait
tout illusoire, par cela seul qu'elle est récla-
mée, le législateur reconnaît qu'il ne peut rien
par lui-même, et que l'obéissance des peuples,
à quelque ordre que ce soit, a pour base néces-
saire leur propre volonté.

La loi n'est donc pas seulement une règle,
comme la définit M. de Bonald 47,"mais une règle
revêtue de l'assentiment de tous. Elle n'est pas
seulement l'expression de la volonté générale,
comme dit Rousseau, mais l'expression de la
vérité politique sanctionnée par la volonté géné-
rale. Son caractère propre est indestructible.
Une règle imposée, quelque bonne qu'elle
soit, conduit au despotisme; et, malgré la vo-
lonté de la plus grande multitude, une chose
mauvaise et contraire aux principes ne sera
jamais la loi. Par la même raison, quoiqu'on
s'entende très-bien sur le sens de ces mots, loi

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