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et sincère pour le gouvernement des États et la réformation des moeurs, conclut ainsi : «< Dans l'un, les mœurs des Chrétiens, on a pu voir quelle est la vie de ceux dont la conversation est dans le ciel, et qui, étant encore dans la chair, ne vivent que selon l'esprit : dans l'autre, les mœurs des Israélites, le meilleur usage des biens temporels et la manière la plus raisonnable de passer la vie que nous menons sur la terre 30 >>

Mahomet lui-même, malgré ses redoutables armes, ne se sentit pas assez de force pour soutenir son entreprise sans un autre levier. Et les hommes que guidait Moïse n'étaient pas plus faciles à convaincre ni à manier que les Arabes.

certes,

« Le fruit de l'arbre de Zacoum sera la nourriture des réprouvés, s'écria-t-il dans son langage sublime de poésie; semblable aux métaux fondus, il dévorera leurs entrailles. On dira aux bourreaux: Saisissez les méchans, traînezles dans les cachots, versez de l'eau bouillante sur leur tête. Ah! qui pourrait décrire cet abîme épouvantable dont les flammes allumées par la vengeance divine s'élanceront sur les cœurs et s'élèvent en pyramides du milieu de la fournaise ardente 31. Mais les Justes entreront dans des jardins d'une verdure éternelle, arrosés par des sources abondantes et pures, ornés de pavillons brillans.

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Leur tête sera radieuse, et leur visage éclatant de joie. Ils se reposeront sur des lits magnifiques. Des fruits exquis, des parfums suaves et un vin délicieux, qui ne procure jamais l'ivresse, leur seront offerts par des enfans dont la jeunesse ne finit point. Les discours frivoles et le mensonge ne pénétreront pas dans ces lieux de délices : et des vierges modestes, aux yeux noirs, au sein superbe et palpitant partageront leur éternel amour 32. »

Enfin, quoiqu'il ait élevé contre la combinaison politique de Moïse quelques reproches qui s'adressent encore plus aux circonstances et à l'ignorance des temps, qu'à cette combinaison même, Jean-Jacques lui accorde la préférence sur tout autre, en ce qu'elle réunit le culte divin et l'amour des lois, et que, faisant de la patrie l'objet de l'adoration des citoyens, elle apprend que servir l'État c'est en servir le Dieu tutélaire. « Il existe au contraire, ajoute-t-il, une autre sorte de religion plus bizarre, qui, donnant aux hommes deux législations, deux chefs, deux patries, les soumet à des devoirs contradictoires et les empêche de pouvoir être à la fois dévots et citoyens. Telle est la religion des lamas, telle est celle des Japonais, tel est le christianisme romain (si différent du christianisme évangélique!) On peut appeler

L

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celle-ci la religion du prêtre. Il en résulte un
droit mixte et insociable qui n'a de nom
pas

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La loi, qui est une, sera ÉGALE pour tous. S'il en était autrement, elle renfermerait pour les mêmes cas, plusieurs règles, plusieurs mesures, plusieurs tendances; ce qui détruirait aussitôt sa condition essentielle d'unité.

O assemblée! il n'y aura qu'une même loi, qu'un même droit, un même règlement, une même justice pour vous et pour l'étranger habitant parmi vous (qu'il soit affilié ou non). Il en sera de lui, comme de vous devant votre Dieu, et vous l'aimerez comme vous-même; car votre

séjour en Égypte vous a fait connaître combien sont grandes les angoisses de l'étranger que la loi ne protége point 34.

De l'unité de la loi et de l'égalité pour tous résulte sa PERPÉTUITÉ, en ce sens que l'expression vraie des besoins de l'homme et du peuple ne peut changer, que les principes d'une justice absolue restent toujours justes; et que les développemens de ces principes, nécessités. par des circonstances nouvelles, n'altèrent en aucune manière, même en les modifiant, la vérité des développemens antérieurs.

Combien donc est grave l'érreur de ceux qui, se fondant sur ces paroles: «Vous n'ajouterez rien à ce qui vous est prescrit, et vous n'en

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retrancherez rien, » en ont conclu que le législateur ôta la faculté d'adopter d'autres statuts et d'autres lois que les siens propres! Bornonsnous pour le moment à dire qu'il s'adresse aux individus, et leur déclare qu'ils doivent exécuter toute la loi, sans y rien changer, ni rien y ajouter de leur autorité privée 35. Mais lorsqu'il parle aux magistrats, aux citoyens réunis, à tout Israël, Moïse recommande au contraire de rechercher le droit et le bien publics sans relâche et de marcher, sous la condition expresse qu'on suive la ligne des principes déjà tracée, le sentier de l'équité, en d'autres termes la voie de Jéhovah, sans se détourner ni à droite ni à gauche. De là ce principe qui s'offrira plus tard à nos yeux: A senatu egreditur lex omni Israëli 36. Toute loi pour Israël, ou plutôt tout développement de la loi, sort du sein de son grandconseil.

Telles sont les conditions théoriques essen-, tielles de la constitution sociale. Voyons aussitôt sous le rapport historique de quelle manière cet ensemble et tous les développemens dont il est susceptible, acquièrent la force active inhérente à la loi.

Moïse eut à peine transformé les préceptes du Décalogue en obligations légales, qui menacent les réfractaires d'un châtiment quelconque,

qu'il s'empressa de consacrer un principe nécessaire comme lien de l'ordre social, comme nerf de la personne publique; qui est l'application la plus naturelle du libre arbitre, et sans lequel il n'existe pas de force durable, savoir: «<< Qu'il n'y a de peuple que là où il y a une loi, et que, pour donner naissance à la loi, il faut une volonté générale, un assentiment général librement et clairement exprimé. »

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Entouré de soixante-dix anciens qui étaient le sénat provisoire dont j'ai déjà parlé, il se présenta devant les Hébreux et leur exposa toutes les paroles de Jéhovah. Or les Hébreux, après avoir attentivement écouté, répondirent d'une voix unanime: « Nous les exécuterons. » Aussitôt le législateur écrivit ces lois dans un livre; ensuite, ayant dressé au pied de la montagne du Sinaï un autel avec douze pierres, en raison du nombre des tribus, il prit le livre, le lut de nouveau et le fit proclamer devant tout le peuple, mot pour mot, dans les oreilles du peuple, qui s'écria: «Nous exécuterons tout ce qui vient d'être dit, nous obéirons à cette loi 37. »

Peu de temps avant sa mort, et quand le livre de la loi fut achevé, il fit renouveler par tous les citoyens le serment de sanction: <«< Con

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