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Bossuet a moins voulu parler à son élève qu'à tous les hommes éclairés de tous les temps et de tous les pays; s'il a décoré le frontispice de son ouvrage du nom du fils de Louis XIV, cet hommage, rendu à la grandeur et à la reconnoissance, n'a trompé ni ses contemporains, ni la postérité; et le Discours sur l'histoire universelle est resté à jamais pour l'instruction de tous les siècles à venir, et comme la plus belle conception du génie.

Des circonstances extraordinaires contribuent aussi quelquefois à varier l'impression que l'ame reçoit à la lecture de ces deux chefs-d'œuvre de deux grands hommes.

Dans les premières années de la jeunesse, dans un cours de choses paisible et régulier, dans ces jours de candeur et d'innocence, où l'heureuse inexpérience de la perversité des hommes ouvre le cœur et l'imagination à toutes les douces illusions de la vertu et de la félicité publique, on aime à s'égarer avec Fénelon dans ces lieux enchantés, où la sagesse et la bienfaisance assises sur le trône, ne donnent à des peuples soumis et tranquilles que des lois paternelles, et où les sujets, heureux des vertus du prince, se jouent avec les chaînes de fleurs qui les attachent à son autorité tutélaire.

Mais lorsque les années commencent à refroidir

l'imagination, et à attrister les pensées; lorsque, désabusés de tous les prestiges qui avoient ébloui notre ame encore jeune et sans expérience, nous voyons les hommes tels qu'ils sont; lorsque les espérances qui avoient rempli notre vie, se sont évanouies avec tous les objets de notre ambition; lorsque, par une déplorable fatalité, nous sommes appelés à assister à ces grandes catastrophes qui changent la face des empires et le sort des nations, alors, nous avons besoin de la main ferme et puissante de Bossuet, pour nous soute nir au milieu des débris et des ruines que laissent ces terribles tempêtes des passions humaines. C'est alors qu'à la clarté sombre et majestueuse du flambeau qu'il offre à notre esprit, on ose marcher à sa suite avec un effroi religieux dans les profondeurs de cette Providence, dont les coups de tonnerre (1) font mourir les royaumes même et tomber les trônes les uns sur les autres avec un fracas effroyable, pour nous faire sentir qu'il n'y a rien de solide parmi les hommes, et que l'inconstance et l'agitation sont le propre partage des choses humaines.

(1) Discours sur l'Histoire universelle.

FIN DU LIVRE PREMIER.

HISTOIRE

DE FÉNELON.

LIVRE DEUXIÈME.

Controverse de Bossuet et de Fénelon sur le

Quiétisme.

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DE FÉNELON.

LIVRE DEUXIÈME.

Controverse de Bossuet et de Fénelon sur le Quiétisme.

Les premières années de l'éducation de M. le duc de Bourgogne furent peut-être l'époque la plus heureuse de la vie de Fénelon. Il avoit obtenu sur ce jeune prince un utile ascendant; il avoit dompté son caractère; il avoit ouvert son cœur à tous les sentimens vertueux; il avoit dirigé son esprit vers les sciences utiles et agréables, avec une rapidité dont l'éducation d'aucun autre prince ne pouvoit offrir d'exemple. La Cour admiroit avec surprise un changement qui surpas soit tout ce que la flatterie auroit pu supposer. Fénelon se livroit aux plus douces espérances; il voyoit déjà se réaliser dans l'avenir ces systêmes de justice, de paix et de bonheur, que son imagination se plaisoit à créer, et qui devoient suc

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