Oldalképek
PDF
ePub

Ibid.

» toujours enseigné comme incontestable et avoué >> des Catholiques mêmes. Nous nous servons uti» lement ici du ministre qui y avoit l'entière con» fiance des peuples, et qui s'est converti... Je ne >> doute pas qu'on ne voie à Pâques un très-grand » nombre de communians, peut-être même trop. » Ces fondemens posés, c'est aux ouvriers fixes à » élever l'édifice, et à cultiver cette disposition » des esprits ».

C'est toujours sur les moyens d'instruction et sur les bons exemples, que Fénelon insiste avec une persévérance qui indique assez l'opinion qu'il avoit lui-même de la sainteté d'une religion qui doit trouver sa racine dans la conviction de la conscience, et qui doit emprunter sa force et son éclat des vertus de ses ministres.

[ocr errors]

« Il ne faut, dit Fénelon, que des prédicateurs

qui expliquent simplement tous les dimanches » le texte de l'Evangile, avec une autorité douce » et insinuante. Les Jésuites commencent bien; » mais le plus grand besoin est d'avoir des curés édifians, qui sachent instruire. Les peuples >> nourris dans l'hérésie ne se gagnent que par

[ocr errors]

>>

la

parole. Un curé qui saura expliquer l'Évangile

» affectueusement, et entrer dans la confiance » des familles, fera tout ce qu'il voudra; sans cela, » l'autorité pastorale, qui est la plus naturelle et

» la plus efficace, demeurera toujours avilie avec » scandale. Les peuples nous disent : Vous n'êtes » ici qu'en passant; c'est ce qui les empêche de » s'attacher entièrement à nous. La religion, avec » le pasteur qui l'enseignera, prendra insensible»ment racine dans tous les cœurs.... Il faudroit

>>

aussi, Monsieur, répandre des Nouveau Testa»ment avec profusion; mais le caractère gros est » nécessaire, ils ne sauroient lire les petits carac» tères; il ne faut pas espérer qu'ils achètent des » livres catholiques; c'est beaucoup qu'ils lisent » ceux qui ne leur coûtent rien; le plus grand » nombre ne peut même en acheter. Si on leur »ôte leurs livres, sans leur en donner, ils diront » que les ministres leur avoient bien dit que nous » ne voulions pas laisser lire la Bible, de peur qu'on n'y vît la condamnation de nos supersti» tions et de nos idolâtries, et ils seront au désespoir..... Nous avons accoutumé les peuples à >> entendre les vérités qui les condamnent le plus » fortement, sans être irrités contre nous. Au » contraire, ils nous aiment, et nous regrettent quand nous les quittons. S'ils ne sont pleine>>ment convertis, du moins ils sont accablés, et >> en défiance de toutes leurs anciennes opinions; » il faut que le temps et la confiance en ceux qui » les instruiront de suite, fassent le reste. Il faut » tendre aussi à faire trouver aux peuples autant

>>

» de douceur à rester dans le royaume, que de

[ocr errors]

péril à entreprendre d'en sortir; c'est, Mon

» sieur, ce que vous avez commencé, et que je prie Dieu que vous puissiez achever selon toute » l'étendue de votre zèle ».

[ocr errors]

Fénelon finit sa lettre par rendre compte au marquis de Seignelay des soins qu'il avoit inutilement pris, pour opérer la conversion de M. de Saint-Hermine. Ce ministre apportoit d'autant plus d'intérêt à cette conversion, qu'indépendamment du bon effet qui en serait résulté sur tous les Protestans du Poitou, par la considération dont cette famille y jouissoit, il y trouvoit aussi le moyen le plus heureux de plaire à madame de Maintenon, en secondant les vœux de son zèle et de sa piété pour une famille à laquelle elle étoit attachée par les liens du sang, de l'amitié et de la reconnoissance. Fénelon eut recours à un moyen assez singulier pour convaincre M. de Saint-Hermine. Ne pouvant trouver de ministre protestant, qui consentît à entrer en dispute avec lui, parce que tous ceux qui en avoient pris l'engagement, ou s'étoient convertis, où avoient disparu, il se chargea lui-même du rôle de ministre protestant, et s'établit en controverse réglée contre l'abbé de Langeron, en plusieurs conférences qui eurent lieu en présence de M. de Saint-Hermine. On sent bien qu'un pareil rôle exigeoit une

[ocr errors]

extrême bonne foi, pour éviter jusqu'au soupçon de chercher à affoiblir la cause qu'il s'étoit chargé

de défendre; mais c'étoit Fénelon, et s'il y a eu des nuages sur quelques opinions de Fénelon, on ne peut du moins raisonnablement en élever sur sa bonne foi. On peut seulement présumer que l'abbé de Langeron eut peut-être besoin de faire usage de tous les moyens victorieux qu'offre toujours la défense de la vérité, pour repousser les raisonnemens subtils que dut lui opposer un adversaire aussi ingénieux et aussi séduisant que Fénelon. Il faut entendre Fénelon lui-même. « J'ai eu sept ou huit longues conversations avec » M. de Saint-Hermine, à Rochefort, où j'ai été le >> chercher; il entend bien ce qu'on lui dit ; il n'a >> rien à y répondre, mais il ne prend aucun parti. » M. l'abbé de Langeron et moi, nous avons fait >> devant lui des conférences assez fortes l'un con»tre l'autre. Je faisois le Protestant, et je disois » tout ce que les ministres peuvent dire de plus » spécieux. M. de Saint-Hermine sentoit fort bien » la foiblesse de mes raisons, quelque tour que je » leur donnasse. Celles de M. l'abbé de Langeron » lui paroissoient décisives; et quelquefois il ré» pondoit lui-même ce qu'il falloit contre moi. Après cela, j'attendois qu'il seroit ébranlé; mais >> rien ne s'est remué en lui, du moins au dehors.

>>

Ibid.

[blocks in formation]

» Je ne sais s'il ne tient point à sa religion par » quelque raison secrète de famille. Je serois re» tourné à Rochefort, pour lui parler encore, » selon vos ordres, si M. l'intendant ne m'avoit » mandé qu'il est allé en Poitou. Dès qu'il en sera » revenu, j'irai à Rochefort, et je vous rendrai » compte, Monsieur, de ce que j'aurai fait ».

Fénelon avoit continué ses relations avec Bossuet pendant ses missions du Poitou. On n'a conservé de cette correspondance qu'une seule lettre qui fait partie de l'édition des OEuvres de Bossuet (1) de dom Déforis. Nous croyons devoir la mettre sous les yeux de nos lecteurs; elle confirme les détails que nous venons de rapporter, et on

y

voit cette douce habitude de confiance et de familiarité qui les unissoient encore : on y remarquera la manière dont Fénelon s'exprime au sujet des avis que M. de Seignelay lui avoit transmis, et qui ne permet pas de douter que Fénelon n'ait toujours agi de concert avec Bossuet dans le systême de conduite qu'il avoit suivi avec les nouveaux convertis.

[ocr errors]

A la Tremblade, cè 8 mars 1686.

Quoique je n'aie rien de nouveau à vous dire,

» Monseigneur, je ne puis m'abstenir de l'hon

>> neur de vous écrire; c'est ma consolation en ce

(1) Tom. IX,

p.

565.

» pays :

« ElőzőTovább »