206 FARCE D'UN RAMONNEUR. LE RAMONNEUR.
Si tost que l'ouvraige regarde. Pour Dieu, Messieurs, prenez garde, Qui vous meslez de ramonner, Qu'a ramonner point l'on ne tarde Les cheminées qui ont mestier; Et, pour la cause abréger, Et aussi qu'il ne vous ennuye, Il est temps de nous en aller. Adieu toute la compaignie.
A tous les foulx qui sont dessoubz la nue, Pour leur monstrer à saiges devenir, Moyennant ce, que, le temps advenir, Tous sotz tiendront mon conseil et doctrine; Puis congnoistront clerement, sans urine, Que le monde pour sages les tiendra, Quant ils auront de quoy; notez cela.
Icy commence LE SERMONNEUR, et dit :
n nomine Bachi et Ciphi atque sancti Doli. Amen.
Ve qui sapientes estis in oculis vestris. Hec verba Esaye originaliter quinto capitulo scribuntur et recitative ad nostre collationis fondamentaliter exordium assumentur. O present assistoire,
Grans, menus et tout populaire, Et, premiers, dames et seigneurs, Tous bons pions et bons beuveurs, A celle fin que puissons dire Chose de quoy nous puissons rire,
Vers Bachus nous retournerons Tous ensemble et le saluerons D'ung vouloir parfaict et benin En beuvant ung verre de vin.
Ve qui sapientes estis, etc.
que je ne soys confus En mes parolles, je conclus Que troys parties nous ferons. In prima parte conclurons Qualitatem fatuorum; Pro secunda nous parlerons De quantitate stultorum. Immo, pro tertia parte, Ut nostra reperitur in arte, De modo eorum vivendi.
Or, chut donc, mot, entendez Ne dictes mot, cheut, paix, holà! Et vous aultres, qui parlez là, Encore fauldra, par ma foy, Que je vous monstre atout le doy. Estes-vous foulx? estes-vous bestes?
Regardez le lieu où vous estes.
Homo cum in honore esset et non intellexerit.comparatus est jumentis insipientibus et similis factus est illis.
Or, chut, mot! laissons les brouillis. Ergo donc, pro prima parte,
Parlerons de qualitate.
Levez tous vos cueurs.
Nous povons dire qu'il sont plusieurs sotz;
Je demande qu'il sont.
Ferant gentes quoniam homines sunt. Les qualitez des fouz sont difficiles; Les ungz sont lours et les aultres habillés, Aulcuns privez et les aultres estranges, Aussi merveilleux que beaulx anges Descendus tout nouveau des cieulx, Et ceux-là sont sotz glorieux. Il y a d'aultre qualité De sotz, qui tiennent gravité Et portent arrogance fière, Qu'on jugeroit à leur manière Estre Socrates ou Virgile;
Mais chascun d'eux est tout debile
D'entendement et bon
Et, pour le vray dire, telz folz
Sont contens de la gloire avoir Du monde, et rien ne sçavoir.
Quomodo nix in estate et pluvia in messe, decens est stulto gloria. Proverbiorum vigesi- mo sexto capitulo.
Je trouve une aultre qualité De foulx tous plains de nouveaulté Pour dire de[s] motz à plaisance, Ou soit en banquet ou en dance, Pour faire tout le monde rire ; Ces sotz icy, pour le vray dire, Selon noz bons docteurs devotz, Nous les appelons sages sotz. Et voulentiers, au temps qui court Telz sotz si se treuvent en court, Et maintes foys mengent le pain
A plus folz que eux, il est certain. Entre tous ces folz que je ditz, [Tous] incensez et estourditz, J'en trouve d'aultres fantastiques Qui valent pis que lunatiques. Et si me demandez: Beau père, Qui sont ces sotz? Certes, beau frère, Les plus sotz et enragez foulx
Qui soyent au monde, sont jaloux. Qu'en dictes-vous donc, mes seigneurs? N'est-il pas vray? Levez vos cueurs. N'en a-il nulz en ceste ville?
Si a, certes, plus de deux mille, A qui vauldroit mieulx, par mon ame, Jamais n'avoir espousé femme. Ilz ont femme honneste, gracieuse, Belle, plaisante, amoureuse, Mesnaigère fort diligente, Et de mal aussi innocente Que Judas de la mort Jesus. Helas! povres sotz malostrus, N'estes-vous pas bien folles testes
De vouloir garder telles bestes?
Note les ditz et retien-les
Que dit le saige Socrates:
In animalibus bis foratis in visceribus bassis non est adhibenda fides.
Pour tant, je te prie, laisse-les; Car, si tu estoys aussi saige Que Salomon, si elle a couraige De mal faire, (ja) ne se gardera Pour toy, mais façon trouvera
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