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Sans point y mettre de
Car il dit que le rebequa

aqua;

D'y mettre eau, c'est trop meffaict;
Despecer ce que Dieu a faict,
On en doibt estre bien repris.
LE CUYSINIER.

Aussi ne l'as-tu pas apris?

Soit au disner, ou quant on goutte,
Vrayement, s'il en met une goutte,
Je veulx estre tué d'ung vouge;
Il luy pert
bien à son nez rouge,
Qui est si très plein de bubettes;
S'il ne porte encor les cliquettes,
Je suis content d'estre tondu.

LE PRESCHEUR.

Vas, tu puisses estre pendu!
Le très-puissant roy divin
Dit qu'on boyve du meilleur vin,
Et nous deffend de boyre l'eau,
Car autant en faict ung chevau
Quant on le meine à la rivière.
Et le prophète nous declère :
Nolite fieri sicut equus et mulus
Quibus non est intellectus.
Le prophète a desclaré
Qu'on boyve muscadet, claré,
Ypocras et vin de pyneau,
Et dit qu'on n'y mette point d'eau.
Qui jure, se tu y [en] metz,
Vrayement, tu n'entreras jamais
En paradis; croy cet article,
Car il est escript en la Bible,
Undecimo libri Regum.

LE CUYSINIER.

Il n'y a d'icy en Arragon
Ung plus fort yvroigne qu'il est,
Et aussi, on voyt bien que c'est :
Il fut en jeunesse nourry
De vin, tant qu'il en est pourry,
Et ressemble droit ung meseau.
LE PRESCHEUR.

Tu puisses perdre le museau
Et mourir de sanglante rage!

LE CUYSINIER.

Mais bien vostre sanglant visage, Car il ne fut anuyt lavé.

LE PRESCHEUR.

Cecy et voylà trop bavé.

LE CUYSINIER.

Regardez ce seigneur notable.

LE PRESCHEUR.

Or vous taysez, de par le dyable!
LE CUYSINIER.

Qui vous puisse rompre le col.
LE PRESCHEUR.

Et qu'on face taire ce fol,
Très fort villain, puant pugnays.
LE CUYSINIER.

Plus honneste suis que tu n'ays.
Le vez-vous là, ce baboyn?
Vrayement, il put tant le vin
Que je sens d'icy son alaine.

LE PRESCHEUR.

Et tu fais ta fiebvre quartaine.
LE CUYSINIER.

C'est bien dit; reliez-vous là,
Tenez-vous bien.

LE PRESCHEUR.

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LE CUYSINIER.

On te le forge.

LE PRESCHEUR.

N'es-tu pas content que je presche?

LE CUYSINIER.

Ouy bien, mais qu'on se despesche; Ne voys-tu pas qu'il est tard?

LE PRESCHEUR.

Escoutez que dit saint Bernard:
De pardon mille quarenteines
Auront ceulx qui grans tasses pleines
De vin boiront tout à ung trait.
Aussi je le treuve extrait

En ung sien livre, où il dit :
Bene bibens Deum videbit.
Sont toutes parolles dorées.
En mon livre les ay trouvées,
Où n'ay mis grant peine à le lire,
Et pourtant vous ose bien dire
Quod ille qui bene bibat,
Par raison bene pissat,
S'il n'a la vessie estouppée.
Et pour tant la bonne purée
(A) mes amys, je vous recommande
A bien boyre chascun ensemble
Tant qu'on pourra finer de croix,
Qui faictes gosiers si estroicts,
Faulte de bien les arrouser.
Beuvons jusques aux yeulx plourer,
Car qui boyt bien, bien se gouverne,
Et qui ne va à la taverne
Luy fault envoyer son varlet.
S'il est aigre, nihil valet.
A l'avaller delicieux,

J'en boy si fort que vers les cieulx
Fays tourner les yculx de ma teste.

LE CUYSINIER.

Et cest yvrongne deshonneste
Fera-il huy que quaqueter?
Mais que povez-vous conquester
A luy? Le me vez-vous là bien?
LE PRESCHEUR.

Se dit ung theologien :

Bon vin, selon cours de nature,
Faict grant bien à la creature.
Par auctorité je le preuve.
Je suis si ayse quant je treuve
Ung très bon vin emmy ma voye !
Ung bon vin jamais ne desvoye,
Ainsi que fait ung vin petit.
Quant j'ay vin à mon appetit,
Je m'y porte aussi vaillant
Que fist Olivier et Rollant
En bataille qu'ilz firent oncques.
Or, je vous pry, bevons fort doncques.
Et aussi Dieu nous avisa

De bien boyre et nous devisa,

Et nous dist ce mot: Sitio.

LE CUYSINIER.

Et ho, de par le dyable, ho!
Durera meshuy ce langage
De parler fors que du beuvrage ?
Le paillart n'a aultre memoire
Fors à gourmander et à boyre.
Soit au diner ou quant on souppe,
Il est yvre comme une souppe,
Et s'en va coucher tout vestu.

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