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but principal. Alors il peut se glorifier hardiment, rendre grâces aux dieux, et, confondu avec eux, s'attribuer

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à soi-même, aussi bien qu'à la nature, l'honneur de ce qu'il a été; et certes, on ne pourra l'accuser de présomption il a rendu à la nature une vie meilleure qu'il ne l'avait reçue. Il a laissé après lui le modèle de l'homme de bien; il l'a montré dans toute sa perfection, dans toute sa grandeur; et s'il eût pu ajouter à ses années, ce surcroît aurait été semblable au passé. Toutefois, aussi long-temps que nous avons vécu, nous avons joui de la connaissance de toutes les choses de ce monde. Nous savons les principes constitutifs de la nature; l'ordre qu'elle a établi dans le monde; par quelle révolution elle renouvelle l'année; de quelle manière elle met fin à tout ce qui a existé, et comment elle a voulu être la fin d'elle-même. Nous savons que les astres sont emportés par un mouvement qui leur est propre; qu'il n'y a rien d'immobile que la terre, et que tout le reste du monde est soumis à l'entraînement d'une continuelle vitesse. Nous savons pourquoi la lune achève plutôt son cours que le soleil; pourquoi, avec une marche moins rapide, elle laisse derrière elle un corps qui se meut plus promptement; comment elle reçoit la lumière et comment elle la perd; enfin ce qui nous amène la nuit et ce qui nous ramène le jour. Il ne s'agit donc plus que d'aller en un lieu où de plus près vous verrez ce grand spectacle. - Et, dit le sage, ce n'est pas même cette espérance de voir s'ouvrir pour moi un chemin vers les dieux, qui me fait sortir du monde avec plus de constance. J'avais mérité d'être reçu en leur compagnie, et déjà j'ai conversé avec eux; j'ai fait monter mon âme jusqu'à eux, et ils ont fait descendre la leur jusqu'à moi. Supposons toutefois que je périsse entièrement, et,

Non tam multis vixit annis, quam potuit!- Et paucorum versuum liber est, et quidem laudandus, atque utilis. Annales Tanusii scis quam ponderosi sint, et quid vocentur. Hoc est vita quorumdam longa, quod Tanusii sequitur Annales. Numquid feliciorem judicas eum, qui summo die muneris, quam eum, qui medio occiditur? numquid aliquem tam stulte cupidum esse vitæ putas, ut jugulari in spoliario, quam in arena malit? Non majore spatio alter alterum præcedimus. Mors per omnes it qui occidit, consequitur occisum. Minimum est, de quo sollicitissime agitur. Quid autem ad rem pertinet, quamdiu vites quod evitare non possis?

XCIV.

An utilia sint specialia de officiis præcepta?

EAM partem philosophiæ, quæ dat propria cuique personæ præcepta, nec in universum componit hominem, sed marito suadet, quomodo se gerat adversus uxorem; patri, quomodo educet liberos; domino, quo

qu'après la mort, il ne reste plus rien de l'homme, je n'en ai pas moins de résolution pour entreprendre un voyage qui ne me conduira nulle part.

Il n'a pas vécu autant d'années qu'il pouvait. - Eh bien! ne se trouvera-t-il pas des livres fort courts qui n'en sont pas moins estimables et utiles. Vous savez combien les annales de Tanusius sont assommantes, et comment on les appelle. Il est des gens dont la vie est longue, et mérite d'être comparée aux annales de Tanusius. Estimezvous plus heureux pour le gladiateur d'être tué le soir d'une fête publique, ou bien au milieu de la journée? Et croyez-vous que, parmi cette classe d'hommes, il y en ait d'assez follement amoureux de la vie, pour aimer mieux avoir la gorge coupée dans le spoliaire que dans l'arène? C'est à peu près à la même distance que nous nous devançons les uns les autres. La mort se jette indifféremment sur tous. Celui qui tue suit de près celui qu'il a tué. C'est bien peu de chose, que ce temps dout nous nous mettons si fort en peine; et après tout, que nous sert de fuir, pour quelques momens, ce qu'il nous est impossible d'éviter?

CH. DU ROZOIR.

XCIV.

De l'utilité des préceptes. De l'ambition.

CETTE application spéciale de la philosophie, qui donne à chacun, selon son état, les préceptes convenables, et qui, sans s'occuper de former l'homme en général, enseigne au mari comment il doit se conduire envers sa femme; au père, comment il doit élever ses

modo servos regat; quidam solam receperunt, ceteras quasi extra utilitatem nostram vagantes reliquerunt : tanquam quis possit de parte suadere, nisi qui summam prius totius vitæ complexus est. Sed Aristo stoicus e contrario hanc partem levem existimat, et quæ non descendat in pectus usque. Ad illam habentem præcepta plurimum ait proficere ipsa decreta philosophiæ constitutionemque summi boni; quam qui bene intellexit ac didicit, quid in quaque re faciendum sit, sibi ipse præcepit. Quemadmodum, qui jaculari discit, destinatum locum captat, et manum format ad dirigenda quæ mittit; quum hanc vim ex disciplina et exercitatione percepit, quocumque vult, illa utitur (didicit enim non hoc aut illud ferire, sed quodcumque voluerit): sic, qui se ad totam vitam instruxit, non desiderat particulatim admoneri, doctus in totum; non enim quomodo cum uxore aut cum filio viveret, sed quomodo bene viveret in hoc est et quomodo cum uxore ac liberis vivat.

Cleanthes utilem quidem judicat et hanc partem, sed imbecillam, nisi ab universo fluit, nisi decreta ipsa philosophiæ et capita cognovit.

In duas ergo quæstiones locus iste dividitur: Utrum utilis, an inutilis sit; et an solus virum bonum possit

enfans; au maître, comment il doit gouverner ses esclaves, a été seule admise par certains philosophes; les autres branches de la philosophie, ils les ont rejetées comme s'écartant de la sphère de ce qui nous est utile; or, serait-il possible de régler une partie de la vie sans en avoir embrassé d'abord l'ensemble? Mais, d'autre part, le stoïcien Ariston regarde cette application spéciale de la philosophie comme ayant trop peu de poids pour pouvoir pénétrer jusqu'au fond du cœur. Même pour cette philosophie de préceptes spéciaux, il voit une grande utilité dans les principes généraux de la philosophie, et dans ce qui constitue l'ensemble du souverain bien. Ces principes, quiconque les a une fois bien appris et retenus, est en état de se prescrire à lui-même comment il doit agir dans chaque circonstance de la vie. Celui qui apprend à lancer le javelot s'impose un but déterminé, et se forme la main à diriger le projectile; quand les instructions et l'exercice lui ont donné cette habileté, il s'en sert partout où bon lui semble; il n'a pas appris à frapper tel ou tel but, mais à frapper un but quelconque. De même, celui qui s'est formé à l'art de vivre en général, instruit sur l'ensemble, n'a pas besoin de préceptes pour chaque cas particulier. Ne lui dites pas comment il faut se conduire envers son épouse ou envers son fils, mais comment on se conduit bien; ceci comprend la conduite envers l'épouse et les enfans.

Cléanthe pense que cette philosophie spéciale n'est pas sans utilité, mais qu'elle est faible, si elle ne découle d'une théorie générale, si elle n'est fondée sur les principes généraux de la philosophie.

La question se réduit donc à ces deux points : d'abord, la philosophie spéciale est-elle utile ou non? En second

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