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qui ne soit pas disgracieux, un corps sain; enfin, une longue vie, durant laquelle il puisse accomplir quelques actions dont il n'ait point à se repentir. Chez l'homme imparfait, il existe une certaine puissance de méchanceté; dans la mobilité de son âme, cette perversité prédominante le porte vers le mal; car cet état d'agitation éloigne l'âme de la vertu. Un tel homme n'est pas encore vertueux, mais il se forme à la vertu; et celui qui n'est pas complètement bon, est vicieux.

<< Mais celui qui possède la vertu, et un cœur d'une constance inébranlable,»

voilà l'homme égal aux dieux; il tend là où le rappelle le souvenir de son origine. On ne peut trouver mauvais qu'il s'efforce de remonter au lieu d'où l'on est descendu. Et pourquoi ne pas supposer quelque chose de divin dans un être qui est une portion de la divinité? Cet univers, qui nous embrasse, n'est qu'une seule chose, et cette chose est Dieu. Nous en sommes les compagnons; nous en sommes les membres. Notre âme est susceptible de comprendre toutes choses; elle pourrait s'élever jusqu'au ciel, si les vices ne la rabaissaient point. La nature nous a donné une taille droite, une tête élevée vers le ciel : de même notre âme, qui peut s'étendre jusqu'où bon lui semble, a été formée par la nature de manière à vouloir comme les dieux, et à faire usage de ses forces pour remplir l'espace qui lui appartient. Ce n'est pas en s'aidant d'une force étrangère qu'elle prend un essor élevé, ce serait un grand travail que d'aller au ciel; elle y retourne; c'est pour cette route qu'elle a pris naissance. Elle marche hardiment, méprisant toutes choses, et ne daigne pas porter en arrière un regard sur les richesses.

sed a vetere cœno, ex quo illa secrevit cupiditas nostra et effodit. Scit, inquam, aliubi positas esse divitias, quam quo congeruntur; animum impleri debere, non arcam. Hunc imponere dominio rerum omnium licet, hunc in possessionem rerum naturæ inducere, ut sua Orientis Occidentisque terminis finiat, deorumque ritu cuncta possideat; quum opibus suis divites superne despiciat, quorum nemo, tam suo lætus est, quam tristis alieno. Quum se in hanc sublimitatem tulit, corporis quoque, velut oneris necessarii, non amator, sed procurator est; nec se illi, cui impositus est, subjicit. Nemo liber est, qui corpori servit. Nam, ut alios dominos, quos nimia pro illo sollicitudo invenit, transeas, ipsius morosum imperium delicatumque est. Ab hoc, modo æquo animo exit, modo magno prosilit; nec, quis deinde reliquiis ejus futurus sit exitus, quærit. Sed, ut ex barba capillos detonsos negligimus ; ita ille divinus animus egressurus hominem, quo receptaculum suum conferatur, ignis illud exurat, an terra contegat, an feræ distrahant, non magis ad se judicat pertinere, quam secundas ad editum infantem. Utrum projectum aves differant, an consumatur

Canibus data præda marinis,

L'or et l'argent, très-dignes de ces ténèbres au sein desquelles ils gisaient, elle ne les estime point d'après ce brillant qui frappe les yeux du vulgaire, mais d'après la fange primitive dont notre cupidité les a séparés, en les arrachant aux entrailles de la terre. Elle sait que les véritables richesses ne sont pas où on les entasse; que c'est son âme qu'il faut remplir, et non son coffre-fort. On peut donner à l'âme l'empire universel, et lui soumettre la nature, comme un domaine qui lui appartient. Que l'Orient et l'Occident soient ses limites; qu'elle possède l'univers à la manière des dieux; qu'elle regarde d'en haut l'opulence des riches, dont aucun n'est aussi joyeux de ses possessions qu'affligé de celles d'autrui. Élevée à cette hauteur, elle considère le corps comme un fardeau nécessaire; elle ne le chérit plus, elle en prend soin; destinée à commander, elle ne se soumet pas à lui obéir. Quiconque est esclave du corps, n'est pas libre; car, sans parler des autres maîtres que nous a trouvés notre trop grande sollicitude pour le corps, le lui-même un maître morose et est par corps difficile. L'âme tantôt sort paisiblement, tantòt s'échappe avec énergie du corps, et ne cherche point à savoir ce qu'en deviendront les restes, Mais, comme on ne prend point souci des poils coupés de sa barbe, ainsi cette âme divine, sur le point de quitter l'homme, ne s'inquiète pas de ce que deviendra son enveloppe; qu'elle soit consumée par le feu, ou couverte de terre, ou déchirée par les bêtes féroces, cela ne lui paraît pas la concerner plus que l'arrière-faix ne concerne le nouveau-né. Soit que les oiseaux déchirent le cadavre jeté au hasard, ou qu'il devienne

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quid ad illum? Qui tunc quoque, quum inter homines

est, nullas minas timet; ullasne timebit post mortem minas eorum, quibus usque ad mortem timeri parum est? Non conterret, inquit, me nec uncus, nec projecti ad contumeliam cadaveris laceratio, fœda visuris. Neminem de supremo officio rogo; nulli reliquias meas commendo ne quis insepultus esset, rerum natura prospexit. Quem sævitia projecerit, dies condet. Diserte Mæcenas ait:

Nec tumulum curo; sepelit natura relictos!

Alte cinctum putes dixisse

habuit enim ingenium et

grande et virile, nisi illud secum disciuxisset.

XCIII.

De Metronactis morte. Vitam non ex spatio, sed ex
actu metiendam.

In epistola, qua de morte Metronactis philosophi querebaris, tanquam et potuisset diutius vivere, et debuisset, æquitatem tuam desideravi; quæ tibi in omni persona, in omni negotio superest; in una re deest, in qua omnibus. Multos inveni æquos adversus homines; adversus deos neminem. Objurgamus quotidie fatum : Quare ille in medio cursu raptus est? quare ille non rapitur? quare senectutem et sibi et aliis gravem exten

que lui importe? Elle qui, durant son séjour parmi les hommes, ne craint aucune menace, craindra-t-elle après la mort les menaces de ceux pour qui ce n'est point assez d'être craints jusqu'au trépas? Je ne m'épouvante, dit-elle, ni du harpon, ni du croc des gémonies, ni du hideux aspect d'un cadavre jeté à l'aventure, insulté et mis en lambeaux. Je ne demande à personne les derniers devoirs; je ne recommande mes dépouilles à personne. Nul ne reste sans sépulture; la nature y a pourvu. Le temps ensevelira celui que des mains cruelles ont jeté au hasard. Mécène dit éloquemment :

« Je ne m'embarrasse pas d'un tombeau, la nature prend soin d'inhumer ceux qu'on avait laissés sans sépulture.

Vous croiriez entendre un homme d'une mâle énergie: Mécène avait effectivement un esprit grand et viril; mais il se complaisait dans la mollesse.

CH. DU Rozoir.

ХСІІІ.

Sur la mort de Métronax. La vie ne doit pas être mesurée par sa durée, mais par l'utile emploi qu'on en a fait.

DANS la lettre où vous vous plaigniez de la mort du philosophe Métronax, comme s'il avait pu ou dû vivre plus long-temps, je n'ai pas trouvé cet esprit de justice que vous déployez dans toutes vos fonctions et dans toutes les affaires. Cette droiture, au reste, vous fait faute en une chose où elle manque à tout le monde. J'ai connu maintes gens, équitables envers les autres; mais envers les dieux, personne. Chaque jour nous adressons ces reproches au destin: Pourquoi celui-ci a-t-il été enlevé au milieu de sa carrière? Pourquoi cet autre

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