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long-temps sur cette terre, il faut souffrir les infirmités, la perte successive de tes facultés : enfin la mort.

Ne crois pas que tout soit comme le disent ceux qui t'entourent. De tous les maux, il n'y en a pas un qui soit intolérable ou trop cruel. Pour eux, la peur est dans les mots : tu crains la mort; mais quelle sensation peut produire ce mot? quel homme plus insensé, que celui qui craint une parole? Notre ami Demetrius disait avec esprit : Je regarde les discours des ignorans comme les vents qui s'échappent de leurs entrailles; et peu m'importe si le son vient d'en haut ou d'en bas.

Quelle folie de craindre d'être diffamé par des gens mal famés! tu redoutes sans raison la renommée et des évènemens, que tu ne craindrais pas, si la renommée ne t'y eût forcé. Que peuvent faire à l'homme de bien des bruits répandus par la malveillance? ils ne nous frappent pas davantage au moment de la mort! la mort, on en parle mal aussi, mais pas un de ceux qui l'accusent n'en a fait l'épreuve : c'est une grande témérité, que de condamner ce qu'on ne connaît pas. Nous savons à combien de personnes elle est utile, combien elle en délivre des tourmens, de la pauvreté, des plaintes, des supplices, de l'ennui!

Nous ne sommes donc au pouvoir de personne, puisque la mort est en notre pouvoir.

ERNEST PANCKOUCKE.

ХСІІ.

In Epicureos invehitur; nihil voluptatem ad beatitudinem. conferre.

PUTO, inter me teque conveniet, externa corpori acquiri, corpus in honorem animi coli; in animo esse partes ministras, per quas movemur alimurque, propter ipsum principale nobis datas. In hoc principali est aliquid irrationale, est et rationale. Illud huic servit; hoc unum est, quod alio non refertur, sed omnia ad se perfert. Nam illa quoque divina ratio omnibus præposita est, ipsa sub nullo est; et hæc autem nostra eadem est, quæ ex illa est.

Si de hoc inter nos convenit, sequitur ut de illo quoque conveniat, in hoc uno positam esse beatam vitam, ut in nobis ratio perfecta sit. Hæc enim sola non submittit animum; stat contra fortunam; in quolibet rerum habitu securos servat. Id autem unum bonum est, quod nunquam defringitur. Is est, inquam, beatus, quem nulla res minorem facit; tenet summa, ne ulli quidem, nisi sibi, est innixus : nam qui aliquo auxilio sustinetur, potest cadere. Si aliter est, incipient multum in nobis valere non nostra. Quis autem vult

et

XCII.

Sénèque s'élève contre les Épicuriens; le souverain bien ne consiste pas dans la volupté.

des

IL me semble que vous et moi serons d'accord sur ce point, que les objets extérieurs s'acquièrent pour le corps; qu'on ne soigne le corps qu'en considération de l'âme ; que dans l'âme sont des facultés subalternes par le moyen quelles nous nous mouvons, nous prenons de la nourriture, et qui nous ont été données pour le service de la portion qui commande. En cette portion maîtresse, il est quelque chose d'irrationnel, et quelque chose de rationnel. La fraction irrationnelle est soumise à la fraction rationnelle, qui seule est indépendante, et fait dépendre de soi toutes choses. Car cette raison divine, qui commande à toute la nature, n'obéit à rien; la faculté rationnelle de l'homme participe au même avantage, parce qu'elle émane de la raison divine.

Si nous sommes tous deux d'accord sur ce point, vous devez tomber d'accord aussi que, par une conséquence nécessaire, le bonheur de la vie consiste uniquement dans la perfection de la raison : car seule elle ne laisse jamais fléchir son courage et fait tête à la fortune. Dans quelque situation que l'homme se trouve, elle lui conserve la sécurité de l'âme. Or, le seul bien est celui qui n'est jamais entamé. Il est donc heureux, dis-je, celui que rien ne peut abaisser; il est toujours au dessus des évènemens, et n'a d'autre soutien que lui-même: car celui qui s'appuie sur quelque support étranger, peut tomber. S'il en est autrement, ce qui n'est point de nous commencera à exercer sur nous un grand pouvoir. Or, qui voudrait faire fonds

constare fortuna, aut quis se prudens ob aliena miratur? Quid est beata vita? securitas et perpetua tranquillitas. Hanc dabit animi magnitudo; dabit constantia bene judicati tenax. Ad hæc quomodo pervenitur? si veritas tota perspecta est; si servatus est in rebus agendis ordo, modus, decor, innoxia voluntas ac benigna, intenta rationi, nec unquam ab illa recedens, amabilis simul, mirabilisque. Denique, ut breviter tibi formulam scribam, talis animus esse sapientis viri debet, qualis Deum deceat. Quid potest desiderare is, cui omnia honesta contingunt? Nam si possunt aliquid non honesta conferre ad optimum statum, in his erit beata vita sine quibus non est. Et quid stultius, turpiusve, quam bonum rationalis animi ex irrationalibus nectere!

Quidam tamen augeri summum bonum judicant, quia parum plenum sit, fortuitis repugnantibus. Antipater quoque, inter magnos sectæ hujus auctores, «aliquid se tribuere dixit externis, sed exiguum admodum. » Vides autem quale sit, die non esse contentum, nisi aliquis igniculus alluxerit? Quod potest in hac claritate solis habere scintilla momentum? Si non es sola honestate contentus, necesse est aut quietem adjici velis, quam άoxAnoiav vocant Græci, aut voluptatem. Horum alterum utcumque recipi potest; vacat enim animus mole

sur la fortune, et quel hoinme sensé voudrait entrer en admiration de soi pour des objets étrangers? Qu'est-ce que la vie heureuse? C'est la sécurité; c'est un calme inaltérable. Qui nous donnera cet avantage? La grandeur d'âme et la persévérance à exécuter les décisions d'un jugement sain. Comment y parvient-on? En embrassant d'un coup d'œil la vérité tout entière; en conservant, dans les actions, l'ordre, la mesure, la convenance, une disposition inoffensive et bienveillante, conforme à la raison, qui ne s'en départ jamais, et qui est tout à la fois digne d'amour et d'admiration. Enfin, pour formuler ma pensée en peu de mots, l'âme du sage est comme celle de Dieu. Que peut désirer celui qui a toutes les vertus en partage? Car si des objets qui ne sont point la vertu pouvaient contribuer à l'état le plus heureux, le bonheur consisterait en choses sans lesquelles il ne saurait exister. Et quoi de plus insensé, quoi de plus honteux que d'attacher la félicité d'une âme douée de raison à des objets qui en sont dépourvus?

Il est cependant quelques philosophes qui pensent que le souverain bien peut être augmenté, comme n'étant pas complet, si la fortune ne le favorise. Antipater aussi, une des graves autorités de notre secte, dit «qu'il accorde quelque influence aux objets extérieurs, mais fort peu.» Que penseriez-vous, je vous prie, d'un homme qui trouverait le jour insuffisant, si l'on n'allumait en même temps quelques petites flammes? Auprès de la clarté du soleil, quel effet pourrait produire une étincelle? Si la vertu ne vous suffit pas seule, vous y voulez donc ajouter, ou ce calme que les Grecs appellent doxλoía, ou le plaisir. Pour le calme encore passe; l'esprit exempt de trouble embrassera librement l'univers, et rien ne le détournera de la con

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