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C'est une question résolue souvent par l'affirmative, que les anciens philosophes grecs avaient eu deux doctrines, l'une publique et l'autre secrète; l'une pour le vulgaire (profanum vulgus), et l'autre pour les initiés. La même question ne peut s'élever à l'égard de KHOUNG-TSEU; car il déclare positivement qu'il n'a point de doctrine secrète. « Vous, ames disciples, tous tant que vous êtes, croyezvous que j'aie pour vous des doctrines cachées ? « Je n'ai point de doctrines cachées pour vous. Je « n'ai rien fait que je ne vous l'aie communiqué, «ômes disciples! C'est la manière d'agir de Khicou « (de lui-même) ***. »

Il serait très-difficile de donner une idée sommaire du Lún-yù, à cause de la nature de l'ouvrage, qui présente, non pas un traité systématique sur un ou plusieurs sujets, mais des réflexions amenées à peu près sans ordre sur toutes sortes de sujets. Voici ce qu'a dit un célèbre commentateur chinois du Lún-yù et des autres livres classiques, Tching-tseu, qui vivait sur la fin du onzième siècle de notre ère :

« Le Lûn-yù est un livre dans lequel sont dépo«sées les paroles destinées à transmettre la doc⚫ trine de la raison; doctrine qui a été l'objet de « l'étude persévérante des hommes qui ont atteint le plus haut degré de sainteté... Si l'on demande ⚫ quel est le but du Lún-yù, je répondrai: Le but « du Lûn-yù consiste à faire connaître la vertu de « l'humanité ou de la bienveillance universelle pour « les hommes; c'est le point principal des discours de KHOUNG-TSEU. Il y enseigne les devoirs de tous; seulement, comme ses disciples n'avaient a pas les mêmes moyens pour arriver aux mêmes « résultats (ou à la pratique des devoirs qu'ils de« vaient remplir), il répond diversement à leurs questions. » Le Lûn-yù est divisé en deux livres, formant ensemble vingt chapitres. Il y eut, selon les commentateurs chinois, trois copies manuserites du Lûn-yù l'une conservée par les hommes instruits de la province de Tsi; l'autre par ceux de Lou, la province natale de KHOUNG-TSEU, et la troisième fut trouvée cachée dans un mur

Lan-yu, ch. vi, § 9. Id., ch. xvu, § 22 *** Ich. VII, § 23.

après l'incendie des livres; cette dernière copie fut nommée Koù-lûn, c'est à-dire, l'Ancien Lún. La copie de Tsi comprenait vingt-deux chapitres: l'ancienne copie (Koù-lûn) vingt et un, et la copie de Lou, celle qui est maintenant suivie, vingt. Les deux chapitres en plus de la copie de 7'si ont été perdus; le chapitre en plus de l'ancienne copie vient seulement d'une division différente de la même matière.

4° MENG-TSEU. Ce quatrième des livres classiques porte le nom de son auteur, qui est placé par les Chinois immédiatement après KHOUNG-TSEU dont il a exposé et développé les doctrines. Plus vif, plus pétulant que ce dernier, pour lequel il avait la plus haute admiration et qu'il regardait comme le plus grand instituteur du genre humain que les siècles aient jamais produit, il disait:« Depuis qu'il existe des hommes, il n'y en a jamais eu de comparables à KHOUNG-TSEU. A l'exemple de ce grand maître, il voyagea avec ses disciples (il en avait dix-sept) dans les différents petits États de la Chine, se rendant à la cour des princes, avec lesquels il philosophait et auxquels il donnait souvent des leçons de politique et de sagesse dont ils ne profitaient pas toujours. Comme KHOUNG-TSEU (ainsi que nous l'avons déjà dit ailleurs **), il avait pour but le bonheur de ses compatriotes et de l'humanité tout entière. En communiquant la connaissance de ses principes d'abord aux princes et aux hommes qui occupaient un rang élevé dans la société, et ensuite à un grand nombre de disciples que sa renommée attirait autour de lui, il s'efforçait de propager le plus possible ces mêmes doctrines au sein de la multitude, et d'inculquer dans l'esprit des grands, des princes, que la stabilité de leur puissance.dépendait uniquement de l'amour et de l'affection qu'ils auraient pour leurs peuples. Sa politique paraît avoir eu une expression plus décidée et plus hardie que Celle de son maître. En s'efforcant de faire comprendre aux gouvernants et aux gouvernés leurs devoirs réciproques, il tendait à soumettre tout l'empire chinois à la domination de ses principes. D'un côté, il enseignait aux peuples le droit divin que les rois avaient à régner, et de l'autre il enseignait aux rois que c'était leur devoir de consulter les désirs du peuple, et de mettre un frein à l'exercice de leur tyrannie; en un mot, de se rendre le père et la mère du peuple. MENGTSEU était un homme de principes indépendants, et, contrôle vivant et incorruptible du pouvoir, il ne laissait jamais passer un acte d'oppression dans les États avec lesquels il avait des relations, sans le blâmer sévèrement.

MENG-TSEU possédait une connaissance profonde du cœur humain, et il a déployé dans son ouvrage une grande souplesse de talent, une grande habileté à découvrir les mesures arbitraires des princes régnants et les abus des fonctionnaires publics. Sa manière de philosopher est celle de Socrate et de

Meng-tseu, ch. 111, p. 235, de notre traduction.
Description de la Chine, T. 1, p. 187.

Platon, mais avec plus de vigueur et de saillies spirituelles. Il prend son adversaire, quel qu'il soit, prince ou autre, corps à corps, et, de déduction en déduction, de conséquence en conséquence, il le mène droit à la sottise ou à l'absurde. Il le serre de si près qu'il ne peut lui échapper. Aucun écrivain oriental ne pourrait, peutêtre, offrir plus d'attraits à un lecteur européen, surtout à un lecteur français, que MENG-TSEU, parce que (ceci n'est pas un paradoxe) ce qu'il y a de plus saillant en lui, quoique Chinois, c'est la vivacité de son esprit. Il manie parfaitement l'ironie, et cette arme, dans ses mains, est plus dangereuse et plus aiguë que dans celles du sage So

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Voici ce que dit un écrivain chinois du livre de MENG-TSEU : « Les sujets traités dans cet ou<vrage sont de diverses natures. Ici, les vertus de « la vie individuelle et de parenté sont examinées; ⚫ là, l'ordre des affaires est discuté. Ici, les devoirs « des supérieurs, depuis le souverain jusqu'au magistrat du dernier degré, sont prescrits pour a l'exercice d'un bon gouvernement; là, les travaux « des étudiants, des laboureurs, des artisans, des « négocians, sont exposés aux regards; et, dans le « cours de l'ouvrage, les lois du monde physique, « du ciel, de la terre, des montagnes, des riviè« res, des oiseaux, des quadrupèdes, des pois« sons, des insectes, des plantes, des arbres, sont << occasionnellement décrites. Bon nombre des affaires que MENG-TSEU traita dans le cours de ⚫ sa vie, dans son commerce avec les hommes ; « ses discours d'occasion avec des personnes de tous « rangs; ses instructions à ses élèves; ses vues « ainsi que ses explications des livres anciens et « modernes, toutes ces choses sont incorporées dans cette publication. Il rappelle aussi les faits « historiques, les dits des anciens sages pour l'ins«truction de l'humanité. Dans le temps de MENG« TSEU, les sectes corrompues fondées par Yang « et Mé avaient pris naissance, et la véritable ⚫ doctrine était négligée. C'est pourquoi MENG• TSEU tâchait de détourner les hommes des sen⚫ tiers égarés de l'erreur, et d'amener ceux de son temps, ainsi que ceux des siècles à venir, à honorer les doctrines de KHOUNG-TSEU, à avoir en haute estime les actions vertueuses des an« ciens rois, et à regarder avec horreur les exactions ⚫ oppressives des usurpateurs d'autres temps. Le « but du philosophe était de corriger les sentiments des hommes, de leur enseigner à gou⚫ verner leurs cœurs, à nourrir leur nature ver⚫ tueuse, et à ramener leurs pensées égarées à la justice et à la droiture. De là il saisissait toute " opportunité, toute occasion qui se présentait à lui pour propager ses doctrines * ».

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M. Abel Rémusat a ainsi caractérisé les deux plus célèbres philosophes de la Chine :

Le style de MENG-TSEU, moins élevé et moins ⚫ concis que celui du prince des lettres (KHOUNG• TSEU), est aussi noble, plus fleuri et plus élé

* Voy. Indo-Chinese Gleaner, no 16, p. 71. LIVRES SACRÉS DE L'ORIENT.

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gant. La forme du dialogue qu'il a conservée à « ses entretiens philosophiques avec les grands « personnages de son temps, comporte plus de va« riété qu'on ne peut s'attendre à en trouver dans « les apophthegmes et les maximes de Confucius.Le «< caractère de leur philosophie diffère aussi sensi«<blement. Confucius est toujours grave, même « austère; il exalte les gens de bien, dont il fait «< un portrait idéal, et ne parle des hommes via cieux qu'avec une froide indignation. Meng-tseu, « avec le même amour pour la vertu, semble avoir « pour le vice plus de mépris que d'horreur; il l'attaque par la force de la raison, et ne dédaigne « pas même l'arme du ridicule. Sa manière d'ar« gumenter se rapproche de cette ironie qu'on at<< tribue à Socrate. Il ne conteste rien à ses ad« versaires; mais en leur accordant leurs principes, «< il s'attache à en tirer des conséquences absurdes qui les couvrent de confusion. Il ne ménage même a pas les grands et les princes de son temps, qui « souvent ne feignaient de le consulter que pour « avoir occasion de vanter leur conduite, où pour « obtenir de lui les éloges qu'ils croyaient mériter. « Rien de plus piquant que les réponses qu'il leur « fait en ces occasions; rien surtout de plus opposé à ce caractère servile et bas qu'un préjugé trop répandu prête aux Orientaux et aux « Chinois en particulier. Meng-tseu ne ressemble « en rien à Aristippe: c'est plutôt à Diogène, mais « avec plus de dignité et de décence. On est quelquefois tenté de blâmer sa vivacité, qui tient de << l'aigreur; mais on l'excuse en le voyant toujours inspiré par le zèle du bien public*. »

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Quel que soit le jugement que l'on porte sur les deux plus célèbres philosophes de la Chine et sur leurs ouvrages, dont nous donnons la traduction dans ce volume, il n'en restera pas moins vrai qu'ils méritent au plus haut degré l'attention du philosophe et de l'historien, et qu'ils doivent occuper un des premiers rangs parmi les rares génies qui ont éclairé l'humanité et l'ont guidée dans le chemin de la civilisation. Bien plus: nous pensons que l'on ne trouverait pas dans l'histoire du monde une figure à opposer à celle du grand philosophe chinois, pour l'influence si longue et si puissante que ses doctrines et ses écrits ont exercée sur ce vaste empire qu'il a illustré par sagesse et son génie. Et tandis que les autres nations de la terre élevaient de toutes parts des temples à des êtres inintelligents ou à des dieux imaginaires, la nation chinoise en élevait à l'apôtre de la sagesse et de l'humanité, de la morale et de la vertu; au grand missionnaire de l'intelligence humaine, dont les enseignements se soutiennent depuis plus de deux mille ans, et se concilient maintenant l'admiration et l'amour de plus de trois cents millions d'âmes **.

Vie de Meng - tsen. Nouv. Mélanges asiatiques, t. II,

P. 119.

**Nous renvoyons aussi, pour les détails biographiques que l'on pourrait désirer sur MENG-TSEU, à notre Description de la Chine déjà citée, t. I, p. 187 et suiv., où l'on trouvera aussi le portrait de ce philosophe.

II. CIVILISATION INDIENNE. La civilisation indienne présente des caractères qui contrastent singulièrement avec ceux de la civilisation chinoise. Quoiqu'elles soient très-rapprochées par le temps et l'espace, on les croirait situées aux deux pôles du monde. Il faut que des causes bien différentes aient présidé à leur naissance et à leur développement. L'expression, et en même temps la formule la plus complète de cette civilisation indienne, telle qu'elle existe encore de nos jours, est le Code de lois de Manou, dont le texte concis, mais éclairci par plusieurs commentateurs indiens, s'est conservé tel qu'il est depuis une haute antiquité, au-dessus de laquelle on ne peut placer que les Védas. Ces derniers livres religieux, dont on ne connaît encore en Europe que quelques fragments, sont l'expression de la civilisation d'un âge antérieur à la promulgation des Lois de Manou, et que celles-ci ont profondément modifié, non pas en ordonnant des choses contraires aux Védas, mais en prescrivant celles dont ils ne font pas mention, et qui entraient dans les vues du législateur qui les a promulguées.

Nous avons déjà dit que, pour bien comprendre une civilisation, il fallait remonter à son origine, et chercher à connaître les éléments dont elle a été formée, les circonstances qui ont concouru à sa naissance et à son développement. Or, les premiers et les principaux, sinon les uniques éléments de la civilisation indienne, sont les Védas, et le Code de Manou. Dans l'impossibilité de donner dans ce volume une traduction des Védas, que l'on ne possédera peut-être jamais complète, nous avons du moins voulu en donner une idée exacte par la traduction que nous avons faite du savant Mémoire du célèbre indianiste Colebrooke sur ces

livres religieux, dont personne jusqu'à lui n'avait fait connaître le véritable caractère et le contenu. Ce Mémoire, que nous avons eu le regret d'être obligé d'abréger, suffira cependant pour faire reconnaître les principaux traits de la civilisation vêdique, qui eut de grands rapports de conformité, sinon d'identité, avec la civilisation bactrienne des livres de Zoroastre.

Dans les Écritures védiques, la doctrine de l'unité de Dieu est enveloppée sous plusieurs symboles ou personnifications des forces de la nature, qui sont devenues, par la suite des temps, aux yeux du vulgaire, des divinités intelligentes, indépendantes de la divinité suprême. La Bible donne en plusieurs endroits une idée sublime de Jéhova, dieu des Juifs; mais nous croyons que on ne trouverait nulle part une peinture plus sublime de la puissance de la divinité suprême que dans le Kena-Oupanichad, tiré du Sama-Véda, dont nous donnons ici la traduction*:

⚫ Cette traduction, accompagnée du texte sanskrit et d'une ancienne traduction persane, tirée de deux manuscrits de la Bibliothèque royale de Paris, a déjà été publiée par nous en 1831, à la suite d'un Mémoire sur l'Origine et la Propagation de la Doctrine du Tao en Chine, par LAO-TSEU, in-8°. Nous la reproduisons ici textuellement.

KENA-OUPANICHAD

DU SAMA-VEDA

1. Quel est celui (demande l'Élève au Maitre spirituel) par qui l'Intelligence s'exerce? Quel est celui par la puissance duquel le souffle vital et primitif agit (dans les êtres qu'il anime ]? Quel est celui par la puissance duquel la vision et l'ouie exercent leurs fonctions? »

2. (Le Maitre spirituel répond :) « [Celui qui est l'audition de l'audition*, l'intelligence de l'intelligence, la parole de la parole, le souffle vital du souffle vital, la vision de la vision **; les Sages étant délivrés des liens terrestres [ par la connaissance de cet Etre suprême], après avoir quitté ce monde, deviennent immortels.

3. « C'est pourquoi l'œil ne peut en approcher, la parole ne peut l'atteindre, ni l'intelligence [ le comprendre]; nous ne savons, ni ne connaissons comment il pourrait être distingué ou connu; car il est au-dessus de ce qui peut être compris ne peut être compris par elle; voilà ce que nous par la science, et également au-dessus de ce qui mis cette doctrine. avons app is de nos ancêtres qui nous ont trans

parole ne peut exprimer] et par la puissance du4. « Celui qui surpasse les paroles [qu'aucune quel la parole est exprimée; sache, ô toi! que celui-là est BRAHMA, et non ces choses périssables

que

l'homme adore!

ligence, et celui seul, disent les Sages, par la puis5. « Celui qui ne peut être compris par l'Intelsance duquel la nature de l'intelligence peut être comprise; sache, ô toi! que celui-là est BRAHMA, et non ces choses périssables que l'homme adore!

6. «< Celui que l'on ne voit point par l'organe de vision aperçoit [les objets ]; sache, ô toi! que cela vision, et par la puissance duquel l'organe de la lui-là est BRAHMA, et non ces choses périssables que l'homme adore!

7. « Celui que l'on n'entend point par l'organe de l'ouïe, et par la puissance duquel l'organe de l'ouïe entend; sache, o toi! que celui-là est BRAHMA, et non ces choses périssables que l'homme adore!

gane de l'odorat, et par la puissance duquel l'or8. « Celui que l'on ne peut distinguer par l'organe de l'odorat s'exerce; sache, ô toi! que celuilà est BRAHMA, et non ces choses périssables que l'homme adore!

9. « Si tu te dis: « Je connais parfaitement [l'Etre suprême ]; » tu connais certainement peu la forme [les attributs] de BRAHMA, soit que tu le considères dans les limites de tes sens, soit tu le voies dans les dieux célestes; ainsi donc ne

que

SLOKA 3. Tad viditád atho aviditád adhi. Cet emploi extraordinaire de la préposition inséparable adhi, qui, comme certaines particules chinoises, suit ici son régime, est une preuve de la haute antiquité toute védique de cet Oupanichad. Cette phrase signifie littéralement : « Il est au - dessu a de la connaissance comme au-dessus de la non-connais« sance, ou de ce qui est connu et de ce qui ne l'est pas Viditad et aviditád sont des termes philosophiques.

* Littéralement l'oreille de l'oreille.

** Littéralement : l'œil de l'œil.

soit-il pas être l'objet de tes méditations (mimanbyam)? — Je pense le connaître [ dit l'Élève ]; 10. « Non que je suppose le connaître parfaitement, ni ne pas le connaître du tout; je le connais toutefois partiellement; comme parmi nous, celui qui connaît [les doctrines précédentes?] connaît l'Etre suprême (Tad), de même je le connais sans le connaître parfaitement, et sans toutefois l'ignorer entièrement. »

11. (Le Maitre spirituel :) « Celui qui croit ne pas le connaître, c'est celui qui le connaît; celui qui croit le connaître, c'est celui qui ne le connaît pas : Il est regardé comme incompréhensible par ceux qui le connaissent le plus, et comme parfaitement connu par ceux qui l'ignorent entièrement.

12. « La notion de la nature des êtres corporels étant acquise (pratibhódha), cette idée mène à la connaissance de la Divinité. [L'homme] trouve en lui-même la force [l'énergie de connaître Dieu], et, par cette connaissance, il obtient l'immortalité.

13. « Quiconque a une fois connu [DIEU], est à la vérité [est heureux]. Quiconque ne l'a pas connu, est livré à toutes les misères. Les Sages [qui connaissent Dieu] ayant médité profondément sur la nature de tous les êtres, après avoir quitté ce monde, deviennent immortels.

14.- BRAHMA ayant défait les mauvais génies, les bons génies (ou dieux secondaires) restèrent vainqueurs par le secours de BRAHMA. Alors ils se dirent entre eux : « C'est nous qui avons vaincu, - c'est de nous qu'est venue la victoire, c'est à nous • qu'en revient l'honneur. »

15 L'ETRE SUPRÊME, ayant su toute leur vanité, leur apparut; ils ne connurent pas quelle était cette adorable apparition!

16. «O Agni! dieu du feu, dirent-ils, origine du [Rig]-Véda, peux-tu savoir quelle est cette adorable apparition? — Oui, dit-il. » Il se dirigea vers l'adorable apparition qui lui demanda : « Qui es-tu? Je suis Agni, le dieu du feu, réponditil, je suis l'origine du [Rig]-Véda; voilà!

17.- Quelle puissance extraordinaire y a-t-il dans ta personne? - Je puis réduire en cendres tout ce qui est sur ce globe de terre; voilà! » Alors I'ÊTRE SUPREME ] ayant déposé un brin de paille devant lui : « Brûle cela ! »

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18. S'étant approché de cette paille, [le dieu du feu] malgré tous ses efforts, ne put la brûler. Aussitôt il s'en retourna [vers les autres dieux]: Je n'ai pu connaître cette adorable apparition; voilà ! »

SLOKA 10. Nó na věděti vėda tcha. Na est peut-être ici synonyme d'iva, comme. Alors cette phrase signifierait : Je le connais comme négativement, je le connais cependant. »

SLOKA 14. Cette particule explétive ha, qui revient plusieurs fois d'une manière insolite entre le sujet et le régime, est ainsi placée dans le texte en caractères bengalis. C'est sans doute une forme védique.

SLOKA 15. Anquetil Duperron, dans sa traduction des upnekat (Oupanichad), a pris le pronom sanskrit Idam, ce, conservé en persan, pour Adam, nom du premier homme chez les Hebreux.

19. Alors [les dieux ] s'adressèrent à l'ayou, le dieu du vent: «Dieu du vent! peux-tu savoir quelle est cette adorable apparition; voilà !-Oui, dit-il » Il se dirigea vers l'adorable apparition qui lui demanda. Qui es-tu ?-Je suis Vayou, le dieu du vent, répondit-il, je suis celui qui pénètre l'espace illimité; voilà!

20.

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Quelle puissance extraordinaire y a-t-il dans ta personne? - Je puis enlever tout ce qui est sur cette terre; voilà! » Alors l'ÊTRE SUPRÊME ayant déposé un brin de paille devant lui. « Enlève cela!»

21. S'étant approché de cette paille, le dieu du vent ne put l'enlever; aussitôt il s'en retourna [vers les autres dieux]: « Je n'ai pu connaître cette adorable apparition; voilà! »

22. Alors [les dieux] s'adressèrent a Indra, le dieu de l'espace : « Dieu de l'espace! peux-tu savoir quelle est cette adorable apparition? — Oui, dit-il.» Il se dirigea vers l'adorable apparition qui disparut à ses regards.

--

23. Il rencontra dans ce même espace une femme sous la forme de la belle Ouma, femme de Siva, parée de robes d'or; il lui demanda quelle était cette adorable apparition. Elle lui répondit : « C'est BRAHMA! BRAHMA, à qui vous devez la victoire dont vous vous enorgueillissez!

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24. C'est ainsi qu'il connut BRAHMA : c'est pourquoi Agni, Vayou et Indra se dirent chacun. « Je surpasse les autres dieux! » parce qu'ils avaient approché de l'adorable apparition, qu'ils l'avaient touchée par leurs organes sensibles, et qu'ils avaient connu les premiers que l'objet de leur investigation était BRAHMA.

25. C'est pourquoi Inara se dit : « Je surpasse même les autres dieux! » [Agni et Vayou]; parce qu'il avait approché de l'adorable apparition, qu'il l'avait touchée par ses organes sensibles, et qu'il avait connu le premier que l'objet de son investigation était BRAHMA.

26. Voilà une peinture figurée de l'ÊTRE SU PRÊME qui brille sur l'univers de l'éclat de la foudre, et qui disparaît aussitôt plus rapide qu'un clin d'œil; c'est ainsi qu'il est le dieu des dieux!

27. Ainsi encore la grande Intelligence [ la grande Ame] peut être conçue par l'âme, ou l'intelligence qui approche d'elle, pour ainsi dire [iva]. Avec cette même intelligence [cette même Ame], la pensée se la rappelle fréquemment, et en fait comme sa demeure. Cet ÊTRE SUPRÊME est appelé l'ADORABLE. Toutes les créatures révèrent [chérissent] celui qui le connaît.

28. « Récite-moi l'OUPANICHAD [ou la prin

SLOKA 19. Mátaris'va; c'est ainsi que porte le texte ben gali; cette forme est répétée dans le quatrième Sloka de l'Isa Oupanichad que l'on peut voir ci-après, pag. 329.

SLOKA 26. Vidyoutadå et nyamímichadà; ces deux ver bes offrent un exemple frappant et extraordinaire de la préposition a, suivant ici le verbe au lieu de le précéder. Son emploi exprime avec une énergie pittoresque, le mouvement d'apparition et de disparition de l'Etre suprême; mouvement double et contraire dont cette préposition est douée dans les Védas, et qu'elle exprime ici admirablement. 27. Abhi..... Samvántchanti.

cipale partie des Vêdas, dit de nouveau l'Élève]. -Je t'ai récité POUPANICHAD qui concerne BRAHMA, ou l'ÊTRE SUPRÊME [répond le Maitre spirituel]. Ainsi je t'ai récité l'OUPANICHAD qui renferme les préceptes de la dévotion austère *, de la mortification **, de la pratique des cérémonies religieuses ***; les autres parties des VÊDAS, qui forment des corps de sciences, sont la vérité éternelle. »

29. Celui qui connaît ce qui a été ci-dessus exposé, étant délivré de ses péchés, obtient une félicité éternelle dans le séjour des cieux.

Le passage suivant, tiré du Tchandógya-Oupanichad, du même Véda, fera connaître la doctrine de ces anciennes écritures sur l'âme humaine, dont il est à peine fait mention dans les Écritures hébraïques :

« PRA'TCHÎNAS'A'LA, fils d'OUPAMANYOU, SATYAYADJNYA, né de POULOUCHA, INDRADYOUMNA, rejeton de BHALLAVI, DJANA, descendant de S'ARKARA'KCHYA, et VoUDILA, issu de AS'WATARAS'WA, toutes personnes profondément versées dans la sainte écriture, et ayant de grandes demeures en leur possession, s'étant rencontrées ensemble, engagèrent une discussion pour savoir Ce que c'est que l'âme, et Ce que c'est que Brahma. « Ces vénérables personnes se dirent: OUDDA'« LAKA, le fils d'AROUN'A, est tres-instruit de ce « que c'est que l'âme universelle; rendons-nous « immédiatement près de lui. » Ils s'y rendirent; mais celui-ci se dit en lui-même : « Ces grands et << très-savants personnages m'interrogeront, et je << ne serai pas [capable] de répondre complétement toutes leurs questions]; je veux leur indiquer «< un autre [instituteur]. » Il leur parla ainsi : « AS'WAPATI, le fils de Kékaya, est très-instruit ⚫ dans ce qui concerne l'âme universelle; allons le << trouver. »>

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<< Ils se rendirent tous près de lui; et, à leur arrivée, [le roi] leur fit rendre les honneurs qui convenaient à chacun d'eux respectivement; et, le jour suivant, il les congédia avec la politesse d'usage; [mais voyant qu'ils restaient sans vouloir accepter ses présents], il leur parla ainsi : « Dans «mes domaines il n'y a ni voleur, ni misérable, ni «ivrogne, ni aucune personne insoucieuse d'un « foyer consacré, ni ignorant, ni adultère de l'un ■ ou l'autre sexe. Quel est donc le motif [qui a pu « vous affliger]? » [Comme ils ne formaient aucune plainte, il continua ainsi] : « Je dois être interrogé, ⚫ô hommes vénérables! [sur ce que vous désirez].» [Voyant qu'ils ne lui faisaient aucune question, il continua ainsi] : « Je vous accorderai des dons dans « les mêmes proportions que j'en accorde à chaque « prêtre officiant. Alors restez, ô les plus vénérés « des hommes! >> Ils répondirent : « Il est d'obligation, en effet, d'informer une personne de

C

• Tupas. **Damah.

Karma.

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l'objet de la visite qu'on lui fait. Tu connais bien « l'âme universelle; communique-nous cette con‹ naissance. » Il répondit : « Demain matin je vous <«< la communiquerai. » Pénétrant son dessein, les visiteurs, le jour suivant, l'accostèrent, portant [comme les élèves] des souches de bois à brûler Sans s'incliner pour les saluer, le roi leur parla ainsi: « Qui adores-tu comme l'âme, ô fils d'OUPA"MANYOU? »> - « Le ciel, répondit-il, ô vénérable roi ! Splendide est cette [portion de] l'universel même, que tu adores comme l'âme: c'est pourquoi, dans ta famille, on voit [le jus de l'asclépias acide] extrait, exprimé et préparé [pour les rites religieux]; tu consommes la nourriture [comme un feu dévorant], et tu vois un [fils ou un autre] objet bien-aimé. Quiconque adore cet objet pour l'âme universelle jouit de même de la nourriture, contemple un objet bien-aimé, et trouve des Occupations religieuses dans sa famille. Mais cela le ciel] est [seulement] la tête de l'âme. Ta tête eût été perdue, ajouta le roi, si tu n'étais pas venu vers moi. »

« Il se tourna de nouveau vers SATYAYADJNYA,

le fils de POULOUCHA, en disant : « Qu'adores-tu comme l'âme, ô descendant de PRA'TCHINAYOGA? » — « » — « Le soleil, ô vénérable roi ! » — « Variée est cette [portion de] l'universel même, que tu adores comme l'âme; et, par conséquent, dans ta famille, on voit beaucoup de formes variées : un char attelé de cavales, et un trésor, en même temps que des esclaves femelles, t'entourent; tu consommes de la nourriture, et tu contemples un objet agréable. Quiconque adore [cet objet] pour l'âme universelle, a les mêmes jouissances, et trouve des occupations religieuses dans sa famille. Mais cela [le soleil] est seulement l'œil de l'âme. Tu aurais été aveugle, ajouta le roi, si tu n'étais pas venu vers

moi. »

« Il s'adressa ensuite à INDRADYOUMNA, le fils de BHALLAVI : « Qu'adores-tu comme l'âme, ô descendant de VYA'GHRAPAD? » — « L'air, répondit-il, ô roi vénérable! » — « Diffuse est cette portion de l'universel même, que tu adores comme l'âme; des offrandes nombreuses te sont présentées; un grand nombre de chars te suivent; tu consommes de la nourriture, tu regardes avec complaisance un objet favori. Quiconque adore cela pour l'âme universelle jouit de la nourriture et contemple un objet bien-aimé; il a en même temps cela [l'air] est seulement le souffle de l'âme. Ton des occupations religieuses dans sa famille. Mais souffle eût expiré, dit le roi, si tu n'étais pas venu

vers moi. »

« Il interrogea ensuite DJANA, le fils de S'ARKARA'KCHYA: « Qu'adores-tu comme l'âme, ô fils de S'ARKARA'KCHYA? » — « L'élément éthéré, dit-il, ô roi vénérable! » - « Abondant est cet universel même, que tu adores comme l'âme; et, par conséquent, tu dois abonder pareillement en progéniture et en richesses. Tu consommes de la nourriture, tu vois un objet favori. Quiconque adore cela pour l'âme universelle consomme de la

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