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fouet rouge, revomissait les poissons qu'il avait avalés. Un autre dit en général que les plantes se divisent en quantité d'espèces différentes; mais que si on examine bien leur figure et leur couleur, si on les éprouve par l'odorat et par le goût, on pourra distinguer les bonnes des méchantes, et en composer des remèdes pour guérir les maladies, sans qu'il soit nécessaire d'en faire l'épreuve sur soi-même; mais le Ching regarde cela d'une si grande conséquence, qu'il veut connaitre par sa propre expérience la nature de chaque remède qu'il enseigne. Dans un seul jour, Chin-nong fit l'épreuve de soixante-dix sortes de venins; il parla sur quatre cents maladies, et donna trois cents soixante-cinq remèdes, autant qu'il y a de jours en l'an; c'est ce qui compose son livre nommé Pentsao; mais si on ne suit pas exactement la dose des remèdes, il y a du danger de les prendre. Ce Pentsao avait quatre chapitres, si on croit le Che-ki. Lo-pi dit que le texte du Pen-tsao d'aujourd'hui est de Chin-nong; mais cela est révoqué en doute par ceux qui prétendent que ce livre n'est pas ancien. Si on ne croit pas que le Chan-hai-king soit du grand Yu, comment croira-t-on que le Pen-tsao est de Chin-nong? On dit cependant que Chin-nong fit des livres gravés sur des planches carrées: Hoang-ti dit qu'il les a vus, et Ki-pe ajoute que c'étaient des secrets donnés par le suprême seigneur Chang-ti, et transmis à la postérité par son maître. On ne sait pas assez quel est ce Ki-pe, ni Tsiou-ho-ki, dont il était disciple. Par Chang-ti on ne peut pas entendre Chin-nong, car jamais empereur chinois n'a été nommé Chang-ti, ce terme étant déterminé pour l'Étre suprême seul. Chin-nong ordonna à Tsiou-ho-ki de mettre par écrit ce qui concerne la couleur des malades et ce qui regarde le pouls, d'apprendre si son mouvement est réglé et bien d'accord; pour cela de le tåter de suite, et d'aver tir le malade, afin de rendre par là un grand service au monde, en donnant aux hommes un si bon moyen de conserver leur vie.

Chin-nong composa des cantiques sur la fertilité de la campagne; il fit une très-belle lyre et une guitare ornée de pierres précieuses, l'une et l'autre pour accorder la grande harmonie, mettre un frein à la concupiscence, élever la vertu jusqu'à l'Esprit intelligent, et faire le bel accord du ciel et de la terre. Yang-hiang dit les mêmes choses, encore

plus clairement : Chin-nong fit une lyre pour fixer l'esprit et arrêter la débauche, pour éteindre la concupiscence et remettre l'homme dans la vérité céleste. Le nombre des cordes est différent dans différents auteurs. L'un dit sept, l'autre cinq, d'autres vingt-cinq. Lo-pi dit que cinq est le nombre tres vingt-cinq. Lo-pi dit que cinq est le nombre de la terre, que Hoang-ti et Chun régnèrent par la terre; donc leur lyre avait cinq cordes : que sept est le nombre du feu; or Chin-nong et Yao régnèrent par le feu; donc leur lyre avait sept cordes. Je ne sais où il a pris ce qu'il dit de ces nombres

Ching désigne un très-grand et trés-sage personnage. > Il n'est pas sûr que ce Tsiou-ho ki ait été le maître de Ki-pe.

cinq et sept; mais quand on lui accorderait cela, sa conséquence en serait-elle meilleure? Il ajoute que cette lyre de Chin-nong était longue de six pieds six pouces six bonnes lignes. Horace a dit par tradition, d'Amphion et d'Orphée, à peu près la même chose de la musique; et nos anciens ne sont guère plus sages que les Chinois modernes, quand ils veulent que les cordes de la lyre répondent aux sept planètes; ce qui se dit aussi de la flûte de Pan. Et mihi disparibus septem compacta cicutis Fistula, etc.

Et

quand ils disent que la harpe de Mercure avait trois cordes par rapport aux trois saisons de l'année, aux trois sons divers, et que l'aigu répond à l'été, le grave à l'hiver, et le moyen au printemps, et que dans la suite on y mit quatre cordes, en considération des quatre éléments; cela vaut bien le nombre de la terre et le nombre du feu dont parle Lo-pi.

Chin-nong, monté sur un char traîné par six dragons, mesura le premier la figure de la terre, et détermina les quatre mers. Il trouva neuf cent mille stades est et ouest sur huit cent cinquante mille stades nord et sud. Liu-pou-ouei ajoute qu'il divisa tout ce vaste espace en royaumes. Les plus proches du centre étaient les plus grands, et les plus éloignés étaient les plus petits, de manière que sur les mers qui environnaient ce bel empire, il y avait des royaumes seulement de vingt ou de dix stades; il était borné, au midi, par ce qu'on apppelle Kiao, et c'était là qu'on offrait les sacrifices; au nord, par les ténèbres Yeou; à l'orient, par la vallée lumineuse Yang-kou, et à l'occident, par les San-goei. Le Chou-king, en parlant du roi Yao, rapporte aussi lumineuse: Yang-kou, à l'orient; Nan-kiao, au midi; ces quatre points cardinaux, qu'il appelle la vallée la vallée obscure, Moei-kou, à l'occident; et la cour des ténèbres, Yeou-tou, au nord : c'est à ces quatre extrémités qu'Yao mit quatre mathématiciens pour observer les deux équinoxes et les deux solstices. Quelque étendu que fût l'empire de Chin-nong, il était si peuplé, et les habitants étaient si peu éloignés, que les cris des animaux domestiques se répandaient et s'entendaient d'un village au village prochain. Les

grands royaumes se servaient des petits, et du centrede l'empire on allait à la circonférence.

Chin-nong sacrifiait au seigneur suprême, dans le temple de la lumière (Ming-tang) : rien n'est plus simple que ce temple; la terre de ses murs n'avait aucun ornement; le bois de sa charpente n'était point ciselé, afin que le peuple fit plus d'estime de la médiocrité. C'est une erreur grossière, dit Lo-pi, de prétendre que Hoang-ti a fait le premier des maisons, et a le premier bâti le temple de la lumière. Cet auteur tient le même langage en plusieurs au

'J'ai traduit Li par stade, dix Li font à peu près une de nos lieues; ainsi ce serait quatre-vingt-dix mille lieues est et ouest, et quatre-vingt-cinq mille lieues nord et sud.

[On peut voir dans le Nouveau Journal asiatique (mars 1836, p. 290) un ancien texte chinois et la traduction que nous en avons donnée relatifs à cette connaissance de la grandeur de la terre et de l'aplatissement des pôles, qu'ont possédés les anciens Chinois. ] (G. P.J

tres occasions, ne voyant pas que la même chose a pu se trouver sous divers empereurs. Chin-nong sacrifia hors des murs, au midi1; il fit aussi la cérémonie ordinaire sur la haute et basse montagne, en solennelle reconnaissance de ce que tout l'univers jouissait de la paix.

Lo-pi s'étend ici sur les louanges de Chin-nong: « Il ne détruisait aucune chose pour s'agrandir, il n'abaissait personne pour s'élever; il ne profitait point, pour son intérêt particulier, des occasions les plus favorables; il était le même dans la gloire et dans l'abaissement, et il marchait toujours gaiement devant le premier père de toutes choses; c'est pourquoi son peuple n'était composé que de gens vertueux, sans le mélange d'aucun scélérat; il n'employait aucuns supplices, les mœurs étaient pures; on n'avait point ensemble de disputes, et chacun s'estimait assez riche, parce qu'il était content de ce qu'il avaít; sans se fatiguer, Chin-nong venait à bout de tout; il ne voulait rien de l'univers, et l'univers lui offrait à l'envi toutes les richesses; s'estimant peu, il honorait tout le monde, et il possédait ainsi l'estime de tous les hommes ; il savait le blanc, et il conservait le noir.» •

Ces derniers mots, qui sont très-énigmatiques, se trouvent dans un livre attribué à Hoang-ti, et la glose les explique en disant qu'il réunissait en sa personne deux natures; c'est pourquoi il chercha la mort et il ne put la trouver.

On dit que Chin-nong régnait à Tchin; qu'après sa mort il fut enterré à Tchang-cha; qu'il était âgé de cent soixante-huit ans, qu'il en avait régné cent quarante-cinq, et qu'il laissa douze enfants.

CHAPITRE XV.

DES DESCENDANTS DE CHIN-NONG.

Chi-tse dit que la dynastie de Chin-nong a eu soixante et dix empereurs. Liu-pou-ouei assure la même chose. La plupart des lettres, dit Lo-pi, nient le fait, parce qu'ils n'examinent point l'antiquité : sont-ils donc plus croyables que Chi-tse et que Liupou-ouei? « Si on n'en compte que sept ou huit, c'est que les autres ont peu régné, ou plutôt qu'on a perdu Ja tradition de ce qu'ils ont fait. »>

Tous les historiens modernes suivent aveuglément le Vai-ki, et placent d'abord le roi Lin-kouei, fils de Chin-nong, qui régna quatre-vingts ans; son fils Ti-ching lui succéda, et régna soixante ans; ensuite Ti-ming, fils de Ti-ching, qui régna quaranteneuf ans; ensuite Ti-y, fils du roi Ti-ming, qui régna quarante-cinq ans; son fils Ti-lai lui succéda,

1 Ce qui s'appelle Kiao est un lieu hors des murs de la ville capitale de tout l'empire: il est situé droit au midi, et tout à découvert; il est uniquement destiné à honorer par des sacrifices le suprême Seigneur, auquel seul ils sont offerts; et comme on ne les offre qu'à lui seul, aussi n'y a-t-il que l'empereur seul qui puisse les offrir, encore n'ose-t-il pas les offrir par lui-même; mais il choisit le fondateur de sa famille pour un emploi dont il se croit indigne; et comme ces cérémonies se font en forme d'un grand banquet, c'est assez d'honneur pour lui que de servir à table.

et son règne fut de quarante-huit ans; il fut suivi de son fils Ti-kiu, qui régna quarante-trois ans, celui-ci fut père de Tsie-king, qui eut pour fils Ke et Hi: ni le père ni les deux enfants ne parvinrent à l'empire; mais Ke eut un fils nommé Yu-vang, qui succéda au roi Ti-kiu, et régna cinquante-cinq ans; c'est par lui que la dynastie finit.

A ne s'en tenir qu'à ce petit nombre de rois, nous aurions toujours trois cent quatre-vingt-dix ans pour la durée de cette famille, sous laquelle tous les empereurs s'appelèrent Ye-nou-Jen, comme Chinnong le fondateur; mais Lo-pi va bien plus loin, et dit que si on jugeait des soixante et dix empereurs de cette dynastie d'après les longs règnes de Chinnong et de Hoang-ti, on trouverait quelques centaines de mille années. Le premier, qu'il met après Chin-nong, est Ti-tchu: dès l'âge de sept ans, il avait les vertus d'un sage, et il aida l'empereur son père en plusieurs choses. Lo-pi dit beaucoup de bien de son règne; on le nomme Li-chan-chi, d'un des noms de Chin-nong, et on lui a fait l'honneur, dans les siècles suivants, de le placer pour accompagner l'esprit des grains. Il ne faut pas oublier que Heou-tsi s'appelle Tchu, du nom de cet empereur.

Lo-pi met ensuite King-kia, fils aîné et légitime de Ti-tchu, le troisième Ti-lin; le Vai-ki le nomme Lin-kouei: c'est une erreur, dit Lo-pi, car Ti-lia est avant Ti-ching, et Ti-kouei ne vient qu'après. Il y a des auteurs qui ont dit que Ti-kouei était Chin-nong lui-même; c'est qu'ils ignorent que Chinnong a eu des successeurs de sa race en grand nombre. Lo-pi ne dit point qui fut le père de Ti-lin. Le quatrième, Ti-ching, c'est le fils du précédent; ce fut lui qui régla les tailles sur les blés; il ne prenait qu'un sur vingt. Kouan-tse rapporte les impôts à Kong-kong. Lo-pi dit qu'ils sont bien plus anciens, mais que la taille sur les blés n'est que depuis Chin-nong, et que Ti-ching la régla.

Le cinquième est Ti-kouei. Liu-pou-ouei dit que les peuples du royaume de So-cha se révoltèrent, et se rendirent à Chin-nong. So-cha était un pays tri

butaire d'Yen-ti; c'est dans ce petit royaume qu'on découvert le sel.

a

dans le Vai-ki, se nomme Ti-y, fils de Ti-ming; Lo-pi l'appelle Ti-tchi. Le huitième n'est que dans Lo-pi, et est nommé Ti-li, père de Ti-lai, que le Vai-ki fait fils de Ti-y. Le dixième s'appelle Ti-kiu; sa mère était fille de Sang-choui. Le onzième, Tsieking, fils du précédent, père de Ke et de Hi. Lopi les fait régner l'un après l'autre. Le quatorzième, Ti-ki, fils de Ti-hi et frère de Siao-ti.

Lesixième est Ti-ming, fils de Kouei. Le septième,

Lo-pi s'étend ici sur les descendants de ce roi Tiki, et dit qu'il eut trois fils: le premier, Kiu, qui fut maître de Hoang-ti; le second, Pe-lin, qui fut roi tributaire; le troisième, Tcheou-yong, qui, sous le même Hoang-ti, eut la charge de Se-tou. Son fils Chu-hiao fut père de Keou-long, qui, sous l'empereur Tchuen-hio, était Heou-tou, et qui s'acquitta si bien de cette charge, qu'il eut l'honneur d'accom pagner dans les cérémonies l'esprit tutélaire de la

terre. Ce Keou-long eut un fils nommé Tchoui, qui, sous l'empereur Yao, s'appela Kong-kong, père de Pe-y, roi de Liu, lequel, sous l'empereur Chun, était Se-yo, ou plutôt le premier des quatre grands ministres, qu'on appelait ainsi. Le fameux Taikong, qui aida Vou-vang à monter sur le trône, était un des descendants de Pe-y; il fut fait premier roi de Tsi. Après ces généalogies, que je ne garantis pas, Lo-pi parle du dernier roi des Yen, appelé Yu-vang. Il tenait sa cour à Kong-sang; c'est pour quoi on dit que Tchi-yeou attaqua Kong-sang. Le roi Yu-vang était trop prompt dans sa manière de gouverner; il voulait toujours l'emporter sur les autres, et disputait pour avoir seul ce qu'on avait pris à la chasse en commun; un de ses vassaux, nommé Tchi-yeou, se révolta. Ce rebelle Tchi-yeou ressemble fort à Kong-kong, et mérite bien que j'en parle en détail dans le chapitre suivant.

Mais pour faire mieux comprendre tout ce que je viens de dire, je mets ici en table cette famille de Chin-nong.

1 Ti-tchu.

2 Ti-king-kia.
3 Ti-lin.

4 Ti-ching.
5 Ti-kouei.

6 Ti-ming.
7 Ti-y.

8 Ti-li.

9 Ti-lai.

10 Ti-kiu.

11 Ti-tsie-king.

12 Ti-hi.

13 Ti-ki, Siao-ti.

14 Ti-ke.

15 Yu-vang, dernier roi.
Tcheou-yong, Pe-lin, Kiu.
Chu-hiao.

Keou-long.

Kong-kong.

Pe-y.

Tai-kong.

CHAPITRE XVI.

TCHI-YEOU.

dit qu'il est la calamité du feu; c'est lui que Hoangti défit, et c'est une erreur de croire que Hoang-ti combattit contre Yu-vang ou contre Chin-nong, et que Yen-ti vainquit Tchi-yeou. Cela vient de ce qu'on confond les noms.

Le Chou-king, à l'autorité duquel il n'est pas permis de se refuser, dit, en suivant les traditions anciennes, que Tchi-yeou est le premier de tous les rebelles, et que sa rébellion se répandit sur tous les peuples qui apprirent de lui à commettre toutes sortes de crimes. L'interprète dit en cet endroit que Tchi-yeou était chef de neuf noirs (Kieou-li); il avait le corps d'un homme, les pieds de bœuf, quatre yeux à la tête, et six mains; Argus en avait cent, Polyphème, un au milieu du front, et Briarée, cent mains. On donne à Tchi-yeou quatre-vingt-un frères, ou, suivant d'autres, soixante et douze, c'està-dire, neuf fois neuf, ou neuf fois huit; on dit de même que les Géants étaient frères, et conjuratos cœlum rescindere fratres. Ils avaient le corps d'animaux, la tête de cuivre, et le front de fer; c'est aux neuf noirs et à Tchi-yeou, leur aîné et leur chef, qu'on attribue l'origine des révoltes, des fraudes et des tromperies. »

Tchi-yeou, ne respirant que la rébellion, sortit du fleuve Yang-choui, et gravit le mont Kieounao pour attaquer Kong-sang; Yu-vang se retira dans le pays nommé Chou-tou; alors Tchi-yeou eut l'audace d'offrir le sacrifice sur les deux montagnes, et prit la qualité d'Yen-ti; mais le roi de Hiong, nommé Kong-sun, aida Yu-vang, et marcha contre les rebelles. La victoire ne fut pas aisée; le roi de Hiong, c'est-à-dire, de l'Ourse, qui s'appela ensuite Hoang-ti, était sur un char, et Tchi-yeou, à cheval; Tchi-yeou se mit à la tête des mauvais génies, et excita un affreux orage, pour ôter le jour aux troupes de Kong-sun. Le roi de Hiong, pendant trois ans, livra neuf batailles, sans pouvoir vaincre l'ennemi. L'Y-king dit aussi, d'un grand roi qu'il nomme Kao-tsong, c'est-à-dire, le très-élevé et digne de tous honneurs, qu'il châtia le royaume des mauvais génies, et qu'au bout de trois ans il le conquit. Hoang-ti s'en retourna sur la haute montagne; pendant trois jours, il y eut des ténèbres horribles et un brouillard affreux : alors le roi, levant les mains au ciel, poussait de grands soupirs; et le ciel lui envoya une fille céleste, qui lui donna des armes, avec assurance de la victoire. Hoang-ti fit un char qui se tournait toujours de lui-même vers le midi, afin de montrer les quatre régions, et aussitôt il enchaîna Tchi-yeou.

Le nom de Tchi-yeou désigne son caractère; le mot ichi signifie un ver, un vil insecte; de là, par analogie, tchi veut dire honteux, vilain, méchant, stupide, etc.; c'est aussi le nom d'une étoile, comme chez nous Lucifer; Yeou se prend pour dire une chose parfaitement belle, et pour ce qui est extrêmement laid. Tchi-yeou s'appelle encore Fan-tsuen. Il y a des auteurs qui font de Tchi-yeou un ancien fils du ciel; il est vrai qu'il disputa le trône à Yuvang, et qu'il s'empara d'une bonne partie de ses Etats mais la plupart des écrivains disent que Tchi-Yang signifie mouton, agneau. yeou n'était qu'un misérable, uniquement fameux par ses débauches et par ses crimes on le fait inventeur des armes de fer et de plusieurs supplices. li usurpa le nom de Yen-ti, parce que c'était celui de Chin-nong. Il s'appelle encore Tchi-ti, et Ven-tse

Le Chan-hai-king dit que Hoang-ti donna ordre au Long obéissant de tuer Tchi-yeou, et de le jeter

1 Estimé un des quatre qui sortent de la fontaine du mont Kouen-lun, et qui coulent vers les quatre parties du monde.

a Je traduis Tchi-moei par mauvais génie; il est sûr que ce sont des esprits malfaisants. Le caractère Kouei et celui de Chin n'ont point par eux mêmes un mauvais sens; les Chinois disent, comme nous, un malin esprit, Sie-chin, Ngokouei; ; au reste, s'ils entendent par ces expressions de purs esprits ou des âmes séparées, c'est ce qui n'est pas facile à décider.

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RECHERCHES SUR LES TEMPS ANTERIEURS AU CHOU-KING.

dans la noire vallée des maux : ce que nos poëtes expriment par divers noms, comme Neptune, Glaucus, etc.; les anciens Chinois appelaient tout cela Long, et désignaient ainsi le plus souvent des génies bienfaisants. On dit partout que Tchi-yeou n'est point mort; Hoang-ti fit faire son portrait pour épouvanter tout l'univers. Le Po-kou-tou dit que les anciens avaient coutume de faire graver la figure de Tchi-yeou sur les vases dont ils se servaient, afin d'éloigner par cette vue tous les hommes de la débauche et de la cruauté. On lit dans le Kang-kien que Tchi-yeou est le mauvais génie, et que les étendards qu'on fait pour chasser les mauvais génies s'appellent les étendards de Tchi-yeou. Lo-pi ajoute que Tchi-yeou est peint avec des jambes et des cuisses de bêtes, et qu'il a des ailes de chauve-souris sur les épaules. On rapporte dans l'histoire que sous l'empereur Vou-ti, des Han, qui monta sur le trône 140 ans avant J. C., Tchi-yeou apparut en plein jour dans le territoire de Taiyuen, ville capitale de la province de Chan-si; il avait les pieds de tortue et la tête de serpent. Le peuple, pour se délivrer des maux qu'il faisait souffrir, lui bâtit un temple.

Lo-pi, sur le châtiment de Tchi-yeou, dit ces belles paroles, qu'il a imitées de l'Y-king: Tous ceux qui font le bien sont comblés de félicité, et tous ceux qui font le mal, sont accablés de misères; c'est la loi fixe et immuable du ciel.

Ici finissent les recherches du père de Prémare sur ces antiquités. C'est d'après un autre exemplaire, mais en latin, de son ouvrage, qui comprend encore le règne de Hoang-ti, que l'on a inséré dans un livre intitulé de l'Ori gine des Lois, des Arts et des Sciences, par M. Goguet, tom. III, pag. 315 de l'édition in-4°, un morceau qui a pour titre Extraits des Historiens chinois. On aurait dû avertir qu'ils étaient copiés sur cet ouvrage du père de Prémare. Je dirai ici un mot de l'Histoire de Hoang-ti, que je tire de l'Histoire chinoise intitulée Kang-mo, afin de réparer en

partie ce qui manque au manuscrit du père de Prémare, que j'ai entre les mains. C'est par ce prince que commence

le dixième Ki.

DIXIÈME KI.
HOANG-TI.

D. G.

Ce prince, suivant le Kang-mo, portait encore le titre d'Yeou-hiong-chi; il descendait d'un frère de la mère de Chin-nong, prince de Chao-tien; celui-ci était un des princes vassaux. La mère de Hoang-ti était appelée Fou-pao; effrayée à l'aspect d'une nuée très-brillante, elle devint grosse et accoucha dans la suite sur une colline appelée Hienyuen, d'un fils qui fut en conséquence nommé Hien-yuen, et qui, pour pom de famille, prit celui

Po hou-tou est un ouvrage assez gros dans lequel on trouve tous les anciens vases assez bien dessinés, et avec

leur nom.

L'édition du Kang-mo que je possède, diffère de celles de la bibliothèque du roi, en ce qu'à la tête on a mis toutes les anciennes traditions, depuis Puon-kou jusqu'à Fo-hi. Ce morceau est intitulé San-hoang-ki et Ou-ti-ki, ou chronique des trois Hoang et des cinq Ti; cet ouvrage renferme une grande partie de ce que le père de Prémare a rapporté dans ce qui précède.

de Kong-sun. Dès le moment de sa naissance, il avait une intelligence extraordinaire, et savait parler; il succéda à Yue-vang. Comme il régna par la vertu de la terre qui est jaune, on l'appela Hoang-ti ou l'empereur jaune.

Hoang-ti combattit Yen-ti à Pan-tsuen; c'est dans cette occasion qu'il inventa la lance et le bouclier. Tous les princes vassaux vinrent se soumettre à lui; il dompta un grand nombre d'animaux féroces et tua le rebelle Tchi-yeou, dont il a été parlé plus haut. Après ces grandes victoires, Hoang-ti devint maître de l'empire. Il établit des ministres qui portaient le titre d'Yun ou de la nuée, et régla la forme du gouvernement; il en créa encore six autres, qui avaient soin des différentes contrées; il en établit aussi cinq pour ce qui concernait le ciel, c'est-à-dire, l'observation des astres et des phénomènes. Il ordonna à Ta-nao de faire le cycle de soixante, composé d'un cycle de dix appelé Kan et d'un autre de douze appelé Tchi, qui, réunis ensemble, servent à nommer chaque jour dans une révolution de soixante jours.

Par ses ordres, Yong-tching fit une sphère et régla le calendrier et les saisons. Li-cheou inventa la manière de compter; alors les poids et les balances furent réglés. Ling-lun fit la musique. Ce ministre était originaire du nord d'Yuen-yu, que d'autres confondent avec le mont Kouen-lun. On dit que Yuen-yu est situé à l'occident d'un pays que l'on appelle Ta-hía; dans les historiens postérieurs aux Han, Ta-hia répond à peu près au Khorasan. Linglun prit un roseau dans une vallée appelée Hiai-ki, y fit des trous et souffla dedans, afin d'imiter les tons de la cloche. Il distingua les différents tons de la musique, six étaient appelés Liu, et six Lou; avec ces tons il imitait le chant du Fong-hoang.

Le ministre Yong-yuen fit douze cloches, conformément aux douze lunes; alors les cinq tons furent d'accord, les saisons furent déterminées. Le ministre Ta-yong fit la musique appelée Hien-tchi, Hoang-ti fit le bonnet royal appelé Mien ou Mienlieou, et les différents habits, les fit teindre de différentes couleurs, imitant le plumage des oiseaux, la couleur du ciel et celle des plantes; il fit faire aussi différents vases et instruments par Ning-fong et par Tche-tsiang; d'autres firent, par ses ordres, des arcs, des flèches et différentes armes. Kongkou et Hoa-kou creusèrent un arbre et firent une Jarque, et avec des branches qu'ils taillèrent, ils firent des rames; on fit aussi des chariots : alors on put pénétrer partout. On construisit un lieu appelé Ho-kong, pour sacrifier au Chang-ti. Le commerce fut établi, et l'on fit fabriquer une monnaie que l'on appela Kin-tao. Hoang-ti fit un traité de médecine, qu'il nomma Noui-king. Loui-tsu, femme de Hoang-ti, et fille de Si-ling-chi, enseigna aux peuples l'art d'élever les vers à soie et à filer, pour faire des habits; dans la suite elle fut regardée comme une divinité.

Alors l'empire, qui jouissait d'une paix profonde, s'étendait du côté de l'orient jusqu'à la mer; du côté de l'occident, jusqu'à Kong-tong; au midi, jusqu'au

Kiang; et au nord, jusqu'à Kuen-jo. On divisa tous ces pays en provinces ou Tcheou, et l'on mit partout des officiers: dix Ye ou villes formaient un Tou; dix Tou, un Se; dix Se, un Tcheou.

On dit que Kong-tong est peu éloigné de Sotcheou, dans le Chen-si; que Kuen-jo est la partie de la Tartarie habitée par les Hiong-nou. On voit par là que les Chinois donnent à leur empire pour bornes le Kiang au midi, la mer à l'orient, le désert de Tartarie au nord, et l'extrémité occidentale de la province de Chen-si à l'occident.

Hoang-ti ayant rétabli l'ordre dans tout l'univers, et les peuples jouissant d'une profonde paix, il arriva des prodiges extraordinaires; on vit naître une plante qui avait la vertu de faire connaître les fourbes et les imposteurs, lorsqu'ils entraient quel que part; cette plante était nommée Kiu-tie ou Kiu-y. Le Fong-hoang fit son nid dans le palais, et

le Ki-lin se promena dans les jardins de l'empereur. Enfin après un règne de cent ans, ce prince mourut âgé de cent onze ans, au midi de la montagne Kingchan, située dans le Ho-nan, où il avait fait fondre trois grands vases appelés Ting; il avait épousé quatre femmes dont il eut vingt-cinq enfants.

J'ai abrégé ici l'nistoire d'Hoang-ti; on voit en la Esant que la plupart des découvertes faites sous son règne ont déjà été attribuées à des princes plus anciens. Comme c'est à Hoang-ti que les familles impériales prétendent toutes remonter, et qu'à la tête de toutes les éditions du Chou-king les Chinois ont mis une table généalogique des trois premières dynasties, Hia, Chang et Tcheou, j'ai cru devoir l'ajouter ici; elle pourra servir à faire connaître le nombre des générations écoulées avant l'ère chrétienne.

Table généalogique des trois premières dynasties dont il est question dans le Chou-king telle qu'elle est donnée par les Chinois.

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