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Or nous avons prouvé qu'aucune secte idolâtrique n'avoit d'autorité réelle; qu'il n'existe et qu'il n'exista jamais qu'une seule religion, qui a commencé avec le monde; religion, par conséquent, une, universelle, perpétuelle, dans ses dogmes, dans ses préceptes, dans son culte essentiel; que toujours et partout on a connu son existence, et le moyen par lequel on pouvoit la discerner des erreurs et des superstitions nées de l'orgueil, de l'ignorance, de l'insatiable curiosité et de toutes les passions humaines. Nous avons fait voir, en même temps, que cette religion n'est autre que la religion chrétienne, qui seule possède ces grands caractères de l'autorité souveraine à laquelle tout esprit doit obéir, l'unité, l'universalité, la perpétuité. Nous allons montrer de plus, que la sainteté ne lui appartient pas moins visiblement : de sorte qu'à quelque époque, et sous quelque rapport qu'on la considère, Dieu se manifeste en elle et par elle avec tant d'éclat, que ne pas l'apercevoir c'est être livré à un aveuglement si terrible, qu'on ne trouve point de terme pour le déplorer.

Et que l'impie ne cherche point à se rassurer en se disant, que peut-être n'est-il pas en son pouvoir d'en sortir; qu'il cherche la lumière, et que la lumière le fuit. La lumière est partout, car partout est la parole qui éclaire tout homme venant en ce monde. Elle entre par la foi dans l'entendement; et la foi, ce grand don de Dieu qu'il ne refuse à personne, ne dépend que de la volonté (1). L'esprit, comme le cœur, est libre

(1) Rousseau lui-même avoue, dans l'Émile, qu'au moins quelques

d'obéir; et si la raison n'étoit pas libre, rien dans l'homme ne le seroit. Mais ou l'on ferme l'oreille au témoignage, à la voix de l'autorité qui prescrit les croyances et les devoirs; ou l'orgueil se complaît dans la résistance à cette autorité nécessaire, et reconnue de tous les hommes: car tous les hommes croient sur l'autorité, et savent qu'ils doivent croire ce qu'atteste l'autorité la plus haute. A mesure qu'on viole cette loi, la vérité diminue (1); de là les schismes et les hérésies, ces rebellions qui sans cesse en produisent de nouvelles. Peu à peu l'on en vient à ne vouloir obéir qu'à soi, à son propre jugement; on rejette comme insuffisans des témoignages innombrables et unanimes; et l'autorité qu'on leur refuse, on l'ac

hommes peuvent être coupables de ne pas croire; ce qui suppose que la foi dépend de la volonté. Et en effet, comme l'observe Pascal, « la volonté est un des principaux organes de la créance; non » qu'elle forme la créance, mais parce que les choses paroissent ⚫ vraies ou fausses selon la face par où on les regarde. La volonté » qui se plaît à l'une plus qu'à l'autre, détourne l'esprit de considé» rer les qualités de celle qu'elle n'aime pas : et ainsi l'esprit, mar» chant d'une pièce avec la volonté, s'arrête à regarder la face » qu'elle aime; et, en jugeant par ce qu'il y voit, il règle insensible»ment sa créance suivant l'inclination de sa volonté.» — « C'est ce qui fait, dit Leibnitz, qu'une âme a tant de moyens de résister à » la vérité qu'elle connoît, et qu'il y a un si grand trajet de l'esprit » au cœur.» Théodicée, tom. II, p. 80.-Et c'est ce qui fait aussi que l'homme peut être justement puni pour n'avoir pas cru, ou pour avoir vécu dans de fausses croyances. Écoutez un des patriarches de la philosophie moderne. « On rendra compte un jour à Dieu de tout » ce qu'on aura fait en conséquence des erreurs qu'on aura prises » pour les dogmes véritables; et malheur, dans cette terrible jour» née, à ceux qui se seront aveuglés volontairement!» OEuvres de Bayle, tom. II, p. 226.

(1) Diminutæ sunt veritates à filiis hominum, Ps., XI, 2.

corde à un témoignage unique, le plus souvent dicté par les passions.

Cependant la raison isolée et inquiète de sa solitude, y cherche en vain de tous côtés un appui qui lui manque toujours. Elle n'ose, elle ne peut rien affirmer, ou s'imposer à elle-même des lois : et c'est cette impuissance, cette incurable infirmité d'un esprit concentré en lui-même, dont l'impie se fait une excuse lorsqu'on le presse de revivre en rentrant dans la société où il trouveroit la foi. Qu'il interroge les païens mêmes, ils lui apprendront qu'en ne reconnoissant d'autorité que la sienne, il viole sa nature, il se détruit autant qu'il est en sa puissance, puisque rien ne subsiste, ni la famille, ni la cité, ni le genre humain, ni l'univers même, qu'en obéissant à Dieu, et à la loi suprême qu'il a promulguée (1). Quand donc il dit : Je ne puis obéir, je ne puis croire; il ment, car c'est comme s'il disoit : Je ne puis être; et nul en recevant l'existence, n'a été privé des moyens nécessaires pour la conserver. Cette foi qu'il voudroit se persuader être impossible, le domine malgré ses efforts; il ne peut la vaincre entièrement; il ne peut parvenir à une incrédulité complète et tranquille : telle qu'un fantôme formidable, la vérité apparoît encore dans

(1) Nihil porrò tam aptum est ad jus conditionemque naturæ (quod cùm dico, legem à me dici nihilque aliud intelligi volo) quảm imperium; sine quo nec domus ulla, nec civitas, nec gens, nec hominum universum genus stare, nec rerum natura omnis, nec ipse mundus potest : nam et hic Deo paret, et huic obediunt maria terraque, et hominum vita jussis supremæ legis obtemperat. Cicer. de Legib., lib. III, cap. I, n. 3.

les ténèbres de son esprit; il ne sait pas ce qu'il a vu, mais il a vu quelque chose, et son sommeil en est troublé. Ce qu'annonçoit un prophète, s'accomplit en lui. Il y aura un jour connu de Dieu : ce n'est pas le jour, ce n'est pas non plus la nuit. Qu'est-ce donc? ne seroit-ce point cette lueur incertaine qui flotte et vacille dans une intelligence affoiblie, ce pénible état de doute où nous voyons l'impie tomber? Mais cet état ne sauroit être long : Un jour,... dit le prophète, et sur le soir la lumière se fera (1). Lumière effrayante, pleine d'horreur, qui se lève au bord de la tombe, pour éclairer sans fin une éternité de tourmens!

(1) Et erit dies una, quæ nota est Domino, non dies neque nox, et in tempore vesperi erit lux. Zacch., XIV, 7.

CHAPITRE XXXI.

La sainteté est un caractère du christianisme.

Au moment où nous nous préparons à traiter un sujet auquel se rattachent tant de graves et importantes questions, nous ne pouvons nous défendre d'une pensée amère et d'un sentiment douloureux. Où sommes-nous? dans quel pays? chez quel peuple? à qui s'adressent nos paroles? et pourquoi faut-il toujours prouver le christianisme aux chrétiens? D'où vient donc cet esprit de doute, de contention, et d'ingratitude? Où prend-on le triste courage de lutter contre Dieu? et quelle gloire y a-t-il à se dérober à ses bienfaits? Hommes malheureux autant qu'insensés! ne vous lasserez-vous point de combattre la vérité qui s'offre à vous? Où trouverez-vous, hors d'elle, la paix, la douce joie de l'âme, et cette félicité que tout être vivant désire? Dites, ne voulez-vous point être heureux? ou le bonheur est-il pour vous un supplice, sitôt qu'il vous est imposé comme un devoir?

Hélas! dans nos passions aveugles, nous ne savons reconnoître ni le vrai ni le faux, ni le bien ni le mal. Trompés par toutes les erreurs, séduits par toutes les chimères, nous rassemblons avec une avide ardeur autour de nous des maux sans nombre qui ne nous

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