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>> Jacob, nul, excepté les Israélites, n'a été du nombre >> de ceux qui appartiennent à Dieu. » Et après avoir cité l'exemple de Job, il ajoute : « Je ne doute point >> que la Providence divine n'ait ménagé cet exemple >> pour nous apprendre qu'il a pu y avoir aussi, parmi >> les autres nations, des hommes qui, vivant selon >> Dieu et lui étant agréables, appartenoient à la Jéru>> salem spirituelle (1). »

Bossuet va même plus loin, et l'on aime à voir ce grand homme, si peu suspect de relâchement dans la doctrine, étendre, pour ainsi parler', son espérance, comme Dieu lui-même se plaît à dilater sa miséricorde. « Il est vrai (ce sont ses expressions) que depuis >> la loi de Moïse, les païens avoient acquis une cer>> taine facilité plus grande de connoître Dieu, par la >> dispersion des Juifs, et par les prodiges que Dieu >> avoit faits en leur faveur ; en sorte que le nombre >> des particuliers qui l'adoroient parmi les Gentils, » est peut-être plus grand qu'on ne pense. » Et encore: << Chaque particulier pouvoit profiter des grâces gé» nérales ; et il ne faut point douter qu'il n'y ait eu un

(1) Nec ipsos Judæos existimo audere contendere, neminem pertinuisse ad Deum, præter Israëlitas, ex quo propago Israël esse cœpit... Divinitùs autem provisum fuisse non dubito, ut ex hoc uno sciremus etiam per alios gentes esse potuisse, qui secundum Deum vixerunt eique placuerunt, pertinentes ad spiritualem Jerusalem. S. August., de Civit. Dei., lib. XVIII, cap. XLVII.—On a même vu des princes chercher à abolir le culte des idoles, et à rétablir le culte du vrai Dieu. Deux rois de suite tentèrent cette sainte entreprise dans l'Yémen, environ trois siècles avant Jésus-Christ. Voyez la Vie de Mohamed, par le comte de Boulainvilliers, p. 109.

» grand nombre de ces croyans, dispersés parmi les » Gentils dont nous venons de parler (1). »

Quand Jésus-Christ parut dans le monde, il n'apporta point une loi différente de celle que Dieu avoit donnée au premier homme, et dont la connoissance s'étoit perpétuée par la tradition chez tous les peuples; il ne vint pas la détruire, mais l'accomplir (2); et la loi évangélique n'est que le développement, ou, comme parle saint Irénée, l'extension, la dilatation (3) de la loi une et universelle révélée dès l'origine. C'est l'unanime enseignement des Pères (4), et ce que Tertullien, en particulier, explique admirablement :

(1) Lettre à M. Brisacier: OEuvres de Bossuet, tom. X, p. 409. Edit. de dom Deforis.

(2) Nolite putare quoniam veni solvere legem aut prophetas: non veni solvere, sed adimplere. Malth., V, 17.

(3) Hoc autem quod præcepit... neque solventis legem, sed adimplentis, et extendentis, et dilatantis. S. Iren. contr. Hæres., lib. IV, cap. XIII, p. 242 ed. Benedict.

(4) ◄ Au commencement, dit saint Chrysostôme, Dieu, en formant » l'homme, lui donna la loi naturelle.» Combattant ensuite ceux qui nient l'existence de cette loi divine: « D'où viennent donc, conti» nue-t-il, toutes ces lois qu'ont écrites leurs législateurs, sur les mariages, l'homicide, les testamens, les dépôts, etc.? Sans doute ils les avoient reçues de leurs pères, et ceux-ci de leurs aïeux, et » ainsi toujours en remontant. Mais les premiers, de qui les te» noient-ils?... Il est clair que c'étoit la loi que Dieu donna à » l'homme en le créant. Que signifie le mot de saint Paul qu'ils pé» riront sans la loi; leurs pensées et leur conscience les accusant, » el non pas la loi? S'ils n'avoient pas eu la loi de la conscience, » même en péchant ils ne devoient pas périr. Et comment ont-ils » péché sans la loi? Quand donc l'apôtre dit sans la loi, il ne dit » point qu'ils n'ont pas eu de loi, mais qu'ils n'ont pas eu la loi » écrite, et qu'ils ont eu la loi de nature.» Homil. XII, ad Popul. Antiochen. ; Oper. tom. II, p. 127, 129, 130.-Naturæ et disciplinæ una est lex. Clem. Alexandr. Strom., lib. I, p. 356.

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TOME 4.

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« Sur quel fondement, dit-il aux Juifs, pourriez» vous croire que Dieu, qui a créé et qui gouverne » l'univers, Dieu l'auteur de l'homme et le propaga>>teur de toutes les nations, n'eût donné la loi qu'à >> un seul peuple par Moïse, à l'exclusion de tous les >> autres peuples? S'il ne l'avoit pas donnée à tous, il » n'auroit point permis que les prosélytes d'entre les >> nations y eussent accès. Mais, ainsi qu'il convient à » la bonté de Dieu et à sa justice, comme auteur du » genre humain, il a donné la même loi à toutes les na» tions; à certains temps fixés, il en a promulgué les » préceptes, quand il l'a voulu, par ceux qu'il a voulu >> et comme il l'a voulu. Au commencement du monde >> il a donné la loi à Adam même et à Ève... Et dans >> cette loi donnée à Adam nous reconnoissons tous les » préceptes proclamés ensuite en détail par Moïse... » La loi primitive donnée à Adam et Ève dans le pa» radis, est donc comme la matrice de tous les com» mandemens de Dieu... Dans cette loi divine, pri» mordiale, et universelle, tous les préceptes de la loi postérieure, qui ont germé en leur temps, étoient >> renfermés (1).

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(1) Cur etenim Deus universitatis conditor, mundi totius gubernator, hominis plasmator, universarum gentium sator, legem per Moysen uni populo dedisse credatur, et non omnibus gentibus attri buisse dicatur? Nisi enim omnibus eam dedisset, nullo pacto ad eam etiam proselytos ex gentibus accessum habere permitteret. Sed ut congruit bonitati Dei et æquitati ipsius, utpote plasmatoris generis humani, omnibus gentibus eamdem legem dedit; quam certis et statutis temporibus observari præcepit, quando voluit, et per quos voluit, et sicut voluit. Namque in principio mundi, ipsi Adæ et Evæ legem dedit... In hàc enim lege Adæ datà omnia præcepta con

Tertullien montre ensuite que les patriarches ne se sont sanctifiés et n'ont été agréables à Dieu que par l'observation de cette loi, qui n'étoit pas néanmoins, non plus que celle de Moïse, la loi principale (1) ; et il fait voir que l'une et l'autre supposoient et annonçoient un dernier développement qui s'est accompli par Jésus-Christ et en Jésus-Christ.

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Et comme la loi primordiale et la loi de Moïse reposoient sur le témoignage de Dieu, qui se perpétuoit par la tradition, la loi évangélique repose également sur le témoignage de Dieu, perpétué par la tradition. << Si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu est plus grand : et ce plus grand témoignage de Dieu, est celui qu'il a rendu de son » Fils. Celui qui croit dans le Fils de Dieu, a le témoi» gnage de Dieu en soi. Celui qui ne croit point au » Fils, déclare que Dieu est menteur; parce qu'il ne » croit point au témoignage que Dieu a rendu de son » Fils (2). »

dita recognoscimus, quæ posteà pullulaverunt data per Moysen... Primordialis lex est enim data Adæ et Evæ in paradiso, quasi matrix omnium præceptorum Dei... Igitur in hâc generali et primordiali lege Dei, omnia præcepta legis posterioris specialiter indita fuisse cognoscimus, quæ suis temporibus edita germinaverunt. Tertull. adv. Judæos, cap. II; Oper. pag. 184 ed. Rigalt.

(1) Unde intelligemus Dei legem ante Moysen, nec in Coreb tantùm aut in Sinå et in eremo, sed antiquiorem primùm in Paradiso, post patriarchis, atque ità et Judæis certis temporibus reformatam; ut non jam ad Moysi legem ità attendamus, quasi ad principalem legem, sed ad subsequentem, quam certo tempore Deus et gentibus exhibuit, et repromissam per prophetas in meliùs reformavit, et præmonuit futurum. Ibid., p. 184 et 185.

(2) Si testimonium hominum accipimus, testimonium Dei majus

<< Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi (1). >> Celui qui croit en moi, ne croit pas en moi, mais >> en celui qui m'a envoyé (2). »

Ainsi nous croyons à Jésus-Christ sur le témoignage de Dieu : voilà le fondement de notre foi; et Jésus-Christ lui-même (hommes d'orgueil, philosophes sectaires, entendez ceci), et Jésus-Christ luimême, fils de Dieu, égal à son Père, ne parle point en son propre nom (3). « Celui qui m'a envoyé est >> vrai; et je ne dis dans le monde que ce que j'ai en>> tendu de lui (4). -Je leur ai donné les paroles que >> vous m'avez données; et ils les ont reçues..., et ils » ont cru que vous m'avez envoyé (5). »

Est-ce assez pour confondre la raison superbe et imbécile qui n'interroge et ne veut écouter qu'ellemême? Non, il faut qu'elle reçoive encore une leçon plus étonnante. Jésus-Christ promet à ses disciples de leur envoyer l'Esprit sanctificateur, pour les consoler

est: quoniam hoc est testimonium Dei quod majus est, quoniam testificatus est de Filio suo. Qui credit in Filium Dei, habet testimonium Dei in se. Qui non credit Filio, mendacem facit eum : quia non credit in testimonium quod testificatus est Deus de filio suo. Joan. I Ep., V, 9, 10.

(1) Creditis in Deum, et in me credite. Joan., XIV, 1.

(2) Qui credit in me, non credit in me, sed in eum qui misit me. Id., XII, 44.

(3) Verba, quæ ego loquor vobis, à me ipso non loquor Id, XIV, 10.

(4) Qui me misit verax est : et ego quæ audivi ab eo, hæc loquor in mundo. Id., VIII, 26. — Quæ ego loquor; sicut dixit mihi Pater, sic loquor. Id., XII, 50.

(5) Verba, quæ dedisti mihi, dedi eis : et ipsi acceperunt... et crediderunt quia tu me misisti. Id., XVII, 8.

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