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» mens sont sujets à l'erreur et au changement (1)........ >> Concluons que la philosophie, surtout celle des >> Grecs, étoit plus capable d'ôter au peuple toute » idée de religion, et d'effacer entièrement jusqu'aux >> moindres traces des anciennes traditions, que de >> lui donner de vrais principes, et de rectifier ses >> erreurs sur les points les plus importans du dogme et >> de la pratique (2). »

Quelques anciens reconnoissoient le vice de cette philosophie aussi vaine que présomptueuse, et, ce qui mérite d'être remarqué, ils la rejetoient principalement à cause de sa nouveauté, comme nous l'apprenons de Lactance, dont voici les paroles : «< Hor>> tensius emploie encore un autre argument très fort >> contre la philosophie; il étoit, selon lui, aisé de >> comprendre qu'elle n'étoit point la sagesse, parce >> que l'on connoissoit son origine et dans quel temps >> elle étoit née. Quand a-t-il commencé, dit-il, a y » avoir des philosophes? Thalès, ce me semble, est le » premier; cette époque est récente. Où étoit donc au>> paravant cet amour pour la recherche de la vertu? >> Lucrèce aussi nous dit : La nature et la raison des » choses n'a été découverte que depuis peu, et je suis le » premier qui aie pu traiter ces matières dans la langue » de ma patrie. Et Sénèque : Il n'y a pas mille ans que

(1) Πάσα ἡ ἡμετέρα συγκατάθεσις μετάπτοτη : Omnis assensus noster est labilis et mutabilis. Version de Gutaker. Marc.-Anton., lib. V, $10.

(2) Leland; Nouv. Démonstr. évangél., part. I, chap. XI: tom. II, pag. 152 et suiv.

» l'on connoît les élémens de la sagesse. Le

genre hu» main a donc été, pendant une longue suite de siècles, » privé de raison. Sottise dont Perse se moque : De» puis, dit-il, qu'avec le poivre et les dattes on a intro» duit la sagesse à Rome...: comme si la sagesse eût été >> apportée avec les épices; elle qui a dû nécessaire>>>ment commencer avec l'homme, si elle est con» forme à sa nature. Si elle n'y est pas conforme, la »> nature humaine est incapable de la recevoir. Or >> elle la reçoit donc la sagesse à nécessairement >> existé dès le commencement; donc la philosophie, » n'ayant point existé dès le commencement, n'est >> pas cette vraie sagesse (1). »

:

Après dix-sept siècles de christianisme, on a vu

(1) Prætereà illud quoque argumentum contrà philosophiam valet plurimùm, quo idem est usus Hortensius, ex eo posse intelligi, philosophiam non esse sapientiam, quòd principium et origo ejus appareat. Quando, inquit, philosophí esse cœperunt? Thales, ut opinor, primus: recens hæc quidem ælas. Ubi ergo apud antiquiores latuit amor iste investigandæ virtutis? Idem Lucretius ait : Denique natura hæc rerum ratioque reperta est Nuper, et hanc primus cum primis ipse repertus Nunc ego sum in patrias qui possum vertere voces.

Lib. V.

Et Seneca: Nondùm sunt, inquit, mille anni, ex quo inilia sapientiæ nota sunt. Multis ergo sæculis humanum genus sine ratione vixit. Quod irridens Persius :

Postquam (inquit) sapere urbi

Cum pipere ct palm's venit...

Satir. VI.

tanquàm sapientia cum saporis mercibus fuerit invecta, quæ, si secundum hominis naturam est, cum homine esse cœperit necesse est. Si verò non est, nec capere quidem illam posset humana natura. Sed quia recepit, igitur à principio fuisse sapientiam necesse est: ergo philosophia, quia non à principio fuit, non est eadem vera sapientia. Lactant. Divin. Inslit., lib. III, cap. XVI.

cette philosophie, renouvelée en Europe, y produire les mêmes effets qu'elle avoit autrefois produits dans la Grèce età Rome; ébranler par le raisonnement les croyances traditionnelles, obscurcir toutes les vérités, nier toutes les lois en niant la loi divine, et creuser un abîme au fond duquel la société toute brisée, toute sanglante, se débat dans des convulsions qu'on peut craindre être le présage de sa fin.

Mais à l'époque même où, chez les anciens, une fausse sagesse minoit peu à peu les fondemens de l'État, et affoiblissoit l'intelligence en affoiblissant la foi, il se trouvoit, parmi ces philosophes si ridiculement absurdes quand ils ne parloient que d'après leur seule raison, des hommes attachés encore à l'ordre public, et pénétrés de l'importance des dogmes sans lesquels nul ordre et nulle existence n'est possible. Or que faisoient-ils pour les défendre contre l'esprit d'incrédulité? par quelle méthode, sur quelle base les établissoient-ils-? Renonçant à la raison philosophique, qui ne les conduisoit jamais qu'au doute, ils recouroient à une plus haute raison, à la raison première, d'où émanent les vérités nécessaires, et à la raison universelle, qui les conserve. Qu'on écoute Platon.

« Dieu, comme l'enseigne l'antique tradition, ayant » en lui-même le commencement, la fin et le milieu » de toutes choses, fait inviolablement ce qui est » bien (1), suivant la nature. Toujours il est accom

(1) Benè omnia fecit. Marc., VII, 17.

» pagné de la justice, qui punit les violateurs de la >> loi divine. Quiconque veut s'assurer une vie heu>> reuse se conforme à cette justice (1), et lui obéit >> avec une humble docilité (2). Mais celui qui s'élève » avec orgueil, à cause de ses richesses, de ses hon»›neurs, ou de sa beauté ; celui dont la folle jeunesse >> s'enflamme d'une insolente présomption, comme s'il >> n'avoit besoin ni de souverain, ni de maître, et qu'il » fût au contraire capable de conduire les autres >> Dieu l'abandonne entièrement : et ce misérable dé>> laissé, s'associant d'autres malheureux abandonnés » comme lui, s'applaudit en bouleversant tout, et il >> ne manque pas de gens aux yeux de qui il paroît >>> être quelque chose; mais, puni bientôt par l'irré>> prochable jugement de Dieu, il renverse à la fois » et lui-même, et sa maison, et la cité tout entière. » Or, puisqu'il est ainsi, que doit faire et penser le »sage?-Nul doute que le devoir de chaque homme >> ne soit de chercher par quel moyen il sera du » nombre des serviteurs de Dieu. Qu'est-ce donc >> qui est agréable à Dieu et conforme à sa volonté ? >> Une seule chose selon la parole ancienne et inva>> riable, qui nous apprend qu'il n'y a d'amitié qu'entre

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(1) Beati immaculati in viâ, qui ambulant in lege Domini. Ps., CXVIII, 1. Qui custodit legem beatus est. Prov., XXIX, 18. (2) ὁ μὲν δὴ Θεὸς, ὥσπερ καὶ ὁ παλαιός λόχος, κ. τ. λ. Deus, sicut antiquus quoque sermo testatur, principium, finem et media rerum omnium continens, recta peragit secundum naturam circuiens. Hunc semper judicium comitatur, eos, qui à divinâ lege desciverint, puniens. Cui quidem judicio, quicumque felix futurus est, adhærens, humilis subsequitur atque compositus.

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>> les êtres semblables et qui s'éloignent de tout excès. >> Or la souveraine mesure de toutes choses doit être, » pour nous, Dieu, ainsi qu'on le dit, bien plus >> qu'aucun homme quel qu'il soit. Si donc vous >> voulez être ami de Dieu, efforcez-vous de lui res>> sembler autant qu'il vous sera possible (1).—Le ser>>> vice de Dieu est léger (2); celui des hommes est dur >> et pesant. Dieu est la loi de l'homme sage; la vo>> lupté est celle de l'intempérant (3). »

Aristote, après avoir cité le commencement de ce morceau, où Platon parle de la justice qui accompagne Dieu pour punir ceux qui transgressent sa loi, s'écrie: «< Heureux, bien heureux celui qui s'est at>> taché à cette loi dès le commencement de sa >> vie (4) ! »>

(1) Δῆλον δὴ τοῦτό γε, κ. τ. λ. Nemini dubium quin cogitare quisque debeat, quâ ratione ex eorum humero sit qui Deum sequantur. Quænam igitur actio à Deo amatur, Deumque sequitur? Una certė, rationem (oyo») unam antiquam habens atque præcipuam, quod simile simili, quod moderatum sit, amicum est: immoderata verò neque invicem, neque moderatis sunt amica. Deus profectò nobis rerum omnium maximè sit mensura, multò magis quàm quivis, ut ferunt, homo. Qui igitur huic tali amicus fore studet, eum necesse est, ut quàm maximè pro viribus talis efficiatur. Plat. de Legib., lib. IV; Oper. tom. VIII, pag. 185 et 186 edit. Bipont.

(2) Jugum meum suave est, et onus meum leve. Matth., XI, 30.

(3) Μετρία δὲ ἡ Θεῷ δουλεία· ἄμετρος δὲ, ἡ τοῖς ἀνθρώποις. Θεὸς δὲ ἀνθρώποις σώφροσι, νόμος· ἄφροσι δὲ, ἡδονή. Moderata quidem servitus est, quæ Deo exhibitur; immoderata verò, quæ hominibus. Deus quidem hominibus temperatis lex est : intemperatis verò, voluptas. Plat. epist. VIII; Oper. tom. XI, pag. 159. O grata et jucunda Dei servitus, quâ homo veraciter efficitur liber et sanctus! Imit. Christi, lib. III, cap. X, n. 6.

(4) Μακάριός τε καὶ εὐδαίμων, ἐξ ἀρχῆς εὐθὺς μέτοχος εἴη. Arist. de

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