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Cicéron, comme Socrate, attribue primitivement à Dieu l'établissement de la loi (1); et comme Socrate, il ajoute qu'elle a été donnée par les dieux au genre humain. Confucius dit dans le même sens que « le >> prince sage se règle sur le témoignage des es>> prits (2). » On ne doit pas se presser de juger que ces grands hommes se trompent en cela. Ils semblent au contraire se rapprocher de la doctrine antique consacrée dans nos livres saints. Qu'on se souvienne que leurs dieux n'étoient que des puissances ministérielles, ainsi que nos anges appelés par saint Paul des esprits administrateurs; et que le même apôtre enseigne que la loi a été donnée par les anges (3): on sera, nous n'en doutons point, extrêmement frappé de ces rap

sed æternum quiddam, quod universum mundum regeret, imperandi, prohibendique sapientiâ : ità principem legem illam et ultimam, mentem esse dicebant, omnia ratione aut cogentis, aut vetantis Dei, ex quâ illa lex, quam dii humano generi dederunt. De legib., lib. II, cap. IV.

(1) Ille (Deus) legis hujus inventor, disceptator, lator. De republ., lib. II; ap. Lactant. Divin. Instit., lib. VI, cap. VIII.

(2) L'Invariable Milieu, etc., chap. XXIX, § 3, 4, p. 101, 102,

159.

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(3) Ordinata per angelos in manu Mediatoris. Ep. ad Galat., III, 19. Quid autem est, si enim qui per angelos dictus est sermo, factus est firmus? In Epistolà quoque ad Galatas sic dicit: Disposila per angelos in manu Mediatoris.... Et rursùs: Accepistis legem in positione angelorum, non custodiistis; et ubique eam dicit dari per angelos. Nonnulli quidem dicunt Moysem tacitė significari, sed non est consentaneum. Multos enim hic dicit angelos. S. Joan. Chrys. in Epist. ad Hebr., c. II, Homil. III; Oper. tom. XII, p. 30. Edit. Benedict. Vid. et. S. Hilar. Tract. in psal. LXVII., n. 17. Oper. col. 200.- Athanas. Orat. II contra Arian.

ports. « Ceux qui violent les lois données par les dieux » sont justement punis (1), » dit Socrate. Et saint Paul : « Si la loi qui a été annoncée par les anges (2) >>> est demeurée ferme, et si tous les violemens (de ses >> préceptes) et toutes les désobéissances ont reçu la >> juste punition qui leur étoit due, comment pour>> rons-nous l'éviter, si nous négligeons (l'Évangile) » du véritable salut (3)? » Il nous paroît difficile de ne pas voir dans ces deux passages un fonds commun de vérités dérivées d'une même tradition.

Ce n'étoient pas seulement les philosophes qui attestoient l'existence de la loi divine, immuable, donnée aux hommes dès le commencement : les anciens poètes la rappeloient au peuple (4), qui n'en perdit jamais le

(1) Δίκη δὲ τοι διδόασιν οἱ παραβαίνοντες τοὺς ὑπὸ τῶν θεῶν κειμένους vóμovs. Xenoph., loc. sup. cits

(2) Traduction de Sacy.

(3) Si enim qui per angelos dictus est sermo, factus est firmus, et omnis prævaricatio et inobedientia accepit justam mercedis retributionem: quomodò nos effugiemus, si tantam neglexerimus salutem? Ep. ad Hebr., II, 2, 3.

(4) Τόν δὲ γὰρ ἀνθρώποισι νόμον διέταξε Κρονίων.

Humano generi lex namque est à Jove lata.

Hesiod. ap. Clem. Alexandr. Strom., lib. I, pag. 356. Lutet. ; Paris., 1641. Pindare parle aussi d'une loi divine :

Νόμων ἀκούοντες θεοδμήτων.

Int. Fragm. tom. III, p. 160. Edit. Heyne. Et dans la III Pythique : « Si quelqu'un des mortels connoît la route de la vérité, qu'il » jouisse de ce bonheur qu'il doit aux dieux. »

E:

Δὲ νόῳ τις ἔχει

Θνατῶν ἀλαθείας ὁδὸν,

Χρὴ πρὸς μαχάρων

Τυγχάνοντ' εὖ πασχεμεν.

Pind., ubi suprà, tom. I, p. 248.

souvenir. Dans la Grèce idolâtre, il applaudissoit à ces paroles prononcées sur le théâtre d'Athènes :

<< Puissé-je jouir du bonheur de conserver toujours » la sainteté dans mes actions et dans mes paroles, » selon les lois sublimes descendues du plus haut des >> cieux ! Le roi de l'Olympe en est le père; elles ne » viennent point de l'homme, et jamais l'oubli ne les » effacera. En elles est un Dieu, le grand Dieu qui ne » vieillit point !.... Ο Dieu, je vous invoque ! je ne » cesserai jamais de mettre en Dieu mon appui. Sou» verain maitre de l'univers, dont l'empire est éter» nel, montrez que rien n'échappe à vos regards péné» trans (1). »

Que ces maximes fussent conformes aux croyances vulgaires, le genre même du poème où elles se trouvent en est la preuve. Euripide d'ailleurs les proclame

(1)

Εἴ μοι ξυνείη φέροντα

Μοῖρα τὴν εὔτεπτον ἁγνείαν λόγων
ἔργων τε πάντων, ὧν νόμοι προκεινται
Υψίποδες, οὐρανίαν δι' αιθέρα
Τεχνωθέντες, ὧν Όλυμπος
Πατὴρ μόνος, οὐδὲ νιν θνατὰ
Φύσις ἀνέρων ἔτικτεν, οὐδὲ

Μήν ποτε λάθα κατακοιμασει
Μέγας ἐν τούτοις Θεὸς,

Οὐδὲ γεράσκει...

Θεὸν αὐτοῦμαι

Θεὸν οὐ λήξω ποτέ

Προστάταν ἴσχων...

ἀλλ ̓ ὦ κρατύνων, εἶπερ ὄρθ ̓ ἀκούεις,

Ζεῦ, πάντ' ἀνάσσων, μὴ λάθη

Σὲ, τάν τε σὰν ἀθάνατον ἀιἐν ἀρχάν.

Sophocl. OEdip. rex., v. 863 et seq. Edit.
Brunck., tom. I, p. 42, 43.

ainsi que Sophocle, et toujours par la bouche du chœur, qui, dans les tragedies grecques, représente le peuple.

«La puissance divine s'exerce avec lenteur, mais » son effet est infaillible. Elle poursuit celui qui, » par un triste égarement, s'élève contre le ciel et >> lui refuse son hommage; sa marche détournée et » secrète atteint l'impie au milieu de ses vains projets. » O fol orgueil, qui prétend etre plus sage que les »sages et antiques lois! Doit-il coûter à notre foi» blesse d'avouer la force d'un Etre supreme, quelle » que soit sa nature, et de reconnoitre une loi sainte, » antérieure à tous les temps (1)? »

Hélas! après dix-huit siècles de la plus pure lumière, le poète, s'il revenoit au monde, ne pourroit-il pas adresser les mêmes paroles aux hommes de ce temps, et leur demander raison de leur révolte

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Τὸ τ' ἐν χρόνῳ μακρά

Νόμιμον, ἀεὶ φύσει τὶ πεφυκός.

Euripid. Bacchæ, v. 870 et seq. Edit. Brunck., p. 256. — Nous nous sommes servi de la traduction du P. Brumoy.

contre Dieu et contre sa loi? Étonnant abaissement! ce sont les païens qui nous instruisent, les païens qui nous accusent, et qui nous condamneront au dernier jugement. L'impie, dans le sein du christianisme, a su trouver un crime plus grand que l'adoration de la créature, et des ténèbres plus profondes que celles de l'idolâtrie.

La loi divine qu'il rejette, Confucius recommandoit de l'avoir sans cesse présente à l'esprit (1). On ne lira point sans quelque étonnement ses paroles, qui montrent d'une manière si frappante l'uniformité de la tradition générale.

« L'ordre établi par le ciel s'appelle nature, ce qui >> est conforme à la nature s'appelle loi; l'établisse>> ment de la loi s'appelle instruction (2).

» La loi ne peut varier de l'épaisseur d'un che» veu (3); si elle pouvoit varier, ce ne seroit point » une loi (4).

» La vérité c'est la loi du ciel (5).

Le commentateur chinois observe, sur ce passage,

(1) Morale de Confucius, p. 103, 104, 148.

(2) Documentum.

(3) Admirez la puissance de la vérité, qui, à deux mille quatre cents ans de distance, met le même langage dans la bouche de Confucius et de Montesquieu. « La nature des lois humaines est » d'être soumises à tous les accidens qui arrivent, et de varier à » mesure que la volonté des hommes change; au contraire la na»ture des lois de la religion est de ne varier jamais. » Esprit des Lois, liv. XVI, chap. XXVI.

(4) L'Invariable Milieu, etc., ch. I, § 1, 2, p. 33. (5) Ibid., ch. XX, § 18, p. 81.

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