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le sacrement de son corps et de son sang, il divinise notre culte, il donne à notre obéissance, à nos hommages, quelque chose d'infini; il est en nous, et nous sommes en lui; son sacrifice est notre sacrifice, ses mérites sont nos mérites, et sa gloire aussi sera notre gloire, si nous persévérons jusqu'à la fin (1) dans cette union qui fait de nous les héritiers de Dieu et les cohéritiers de son Fíls (2).

Voilà ce que nous devons à Jésus-Christ; voilà comment il a, par sa mort, expié nos crimes, comment il répare notre nature par sa grâce, et nous rétablit dans l'héritage que nous avions perdu en Adam. A moins de renverser la base de la raison, il faut nécessairement le reconnoître pour notre Sauveur; et rien ne sera prouvé si sa mission ne l'est pas.

La chute originelle de l'homme dégradé fut toujours une croyance du genre humain, donc la dégradation de l'homme est certaine.

Sa Rédemption future par un homme-Dieu a été pendant quatre mille ans un dogme du genre humain, donc il est certain que cette Rédemption a dû s'effec

tuer.

Le christianisme est la seule religion qui nous ap prenne que cette Rédemption s'est effectuée, donc le christianisme est la seule vraie religion.

22.

(1) Qui perseveraverit usque in finem, híc salvus erit. Matth., X,

(2) Hæredes quidem Dei, cobæredes autem Christi. Ep. ad Rom., VIII, 17.

Le christianisme nous enseigne que Jésus-Christ est le Rédempteur qu'attendoient toutes les nations donc il est certain que Jésus-Christ est réellement ce Rédempteur.

Le christianisme, d'accord avec les prophéties et la tradition universelle, atteste que le Rédempteur est Dieu et homme tout ensemble; donc Jésus-Christ étoit véritablement homme et véritablement Dieu.

Et quand je viens à considérer sa vie, ses œuvres, sa doctrine, ce mélange si merveilleux de grandeur et de simplicité, de douceur et de force, cette incompréhensible perfection qui ne se dément pas un moment, ni dans l'intime familiarité de la confiance, ni dans la solennité des instructions qu'il adressoit au peuple entier ; ni dans l'allégresse du festin de Cana, ni dans les angoisses de Gethsemani; ni dans la gloire de son triomphe, ni dans l'ignominie de son supplice; ni sur le Thabor, au sein de la splendeur qui l'environne, ni sur le Calvaire, où il expire abandonné des siens, délaissé de son Père, dans d'inexprimables souffrances, au milieu des cris de fureur et des railleries de ses ennemis: quand je contemple ce grand prodige que le monde n'a vu qu'une fois et qui a renouvelé le monde, je ne me demande pas si le Christ étoit Dieu, je serois tenté plutôt de me demander s'il étoit homme.

Que l'impie, au fond de ses ténèbres, renie, s'il veut, celui qui l'a racheté; qu'il renonce à la vie et qu'il s'adore lui-même; pour nous, prosternés au pied de la croix, nous adorerons notre Libérateur,

notre Roi, notre Pontife, notre Dieu, et, dans les transports de notre amour, nous répéterons sur la terre ce cri dont les anges remplissent le ciel : « L'a» gneau qui a été immolé est digne de recevoir la » vertu, la divinité, la force, la sagesse, et l'hon>> neur, et la gloire, et la bénédiction. Saint, saint, » saint, est le Seigneur Dieu tout-puissant, qui étoit, >>> et qui est, et qui doit venir (1)! »

(1) Et vidi, et audivi vocem angelorum multorum in circuitu throni..... dicentium voce magnâ : Dignus est agnus, qui occisus est, accipere virtutem, et divinitatem, et sapientiam, et fortitudinem, et honorem, et gloriam, et benedictionem... Sanctus, sanctus, sanctus Dominus Deus omnipotens, qui erat, et qui est, et qui venturus est. Apocal., V, 11, 12; VI, 8.

CHAPITRE XXXVI.

Établissement du christianisme. Ses bienfaits.

Le christianisme seul explique l'homme, seul il lui apprend quelle est sa nature, comment il est tombé, comment il a été racheté, comment il peut se régénérer; seul il lui offre le Libérateur, l'homme-Dieu attendu pendant quarante siècles par le genre humain : donc le christianisme est la seule religion vraie, la seule religion sainte, la seule religion divine. Mais sa sainteté, sa divinité paroît encore avec une évidence qui doit frapper tout esprit sincère, dans son établissement et dans ses effets sur la société.

Ce n'est pas un spectacle peu étonnant que le triomphe de la religion chrétienne, et la chute du paganisme, après un combat qui tint le monde attentif durant trois cents ans. Que douze hommes nés au sein de la plus basse condition chez un peuple haï de tous les autres peuples, entreprennent de changer la face de l'univers, de réformer les croyances et les mœurs, d'abolir les cultes superstitieux qui partout étoient mêlés aux institutions politiques, de soumettre à une même loi ennemie de toutes les passions, les souverains et les sujets, les esclaves et leurs maîtres, les grands, les foibles, les riches, les pau

vres, les savans et les ignorans, et cela sans aucun appui ni de la force, ni de l'éloquence, ni du raisonnement, et au contraire, malgré l'opposition violente de tout ce qui possédoit quelque pouvoir, malgré les persécutions des empereurs et des magistrats, la résistance intéressée des prêtres des idoles, les railleries et le mépris des philosophes, les fureurs du fanatisme : que ces hommes, en montrant aux nations l'instrument d'un supplice infâme, aient vaincu et le fanatisme de la multitude, et les philosophes, et les prêtres, et les magistrats, et les empereurs; que la croix se soit élevée sur le palais des Césars, d'où étoient partis tant d'édits sanglans contre les disciples du Christ, et qu'en souffrant et mourant ils aient subjugué toutes les puissances humaines : c'est, dans l'histoire, un fait unique, prodigieux, et qui frappe d'abord comme une grande et visible exception à tout ce que l'on connoît de l'homme.

On a tenté cependant d'expliquer ce merveilleux événement par des causes naturelles, et Gibbon en compte cinq qui lui semblent suffire pour faire comprendre comment le christianisme s'est propagé (1); mais les efforts de ce philosophe pour enlever à la religion chrétienne une des preuves de sa divinité, ne servent qu'à la faire ressortir davantage : tant les causes qu'il indique sont évidemment disproportionnées à l'effet qu'elles ont dû produire.

(1) Voyez son Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, chap. XV.

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