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avec les hommes; il n'achève point de rompre le roseau déjà brisé, il n'éteint pas la mèche qui fume encore (1). Quelle active compassion pour les malheureux! Quelle tendresse touchante pour les siens ! Il pleure près du tombeau de Lazare. Le disciple qu'il aimoit se repose sur son sein la veille de sa mort, et avant d'expirer il lui confie sa mère : Voilà votre fils! dit-il à Marie; et au disciple: Voilà votre mère (2)! Toute l'âme humaine est là. Sa patience, au milieu des plus horribles épreuves, n'est pas ébranlée un moment. Trahi par un de ses apôtres, il n'a que ce mot pour se plaindre : Mon ami (3)! Il prie sur la croix pour ses bourreaux : Tout est consommé (4) !

Oui, tout est consommé de la part du Sauveur : il ne pouvoit rien de plus pour nous. Les égaremens de notre esprit, nos passions, nos désirs criminels, sont expiés; et c'est à nous d'achever, par un libre concours à la grâce, l'œuvre de notre régénération, en travaillant sans relâche à nous réformer sur le modèle de toute perfection.

« Vous étiez autrefois éloignés de Dieu et ses ennemis, à cause des œuvres mauvaises conçues dans votre esprit; mais maintenant Jésus-Christ vous a réconciliés par sa mort, pour vous rendre saints, purs

(1) Calamum quassatum non conteret, et linum fumigans non extinguet. Is., XLII, 3; Matth., XII, 20.

(2) Cùm vidisset ergo Jesus matrem, et discipulum stantem quem diligebat, dicit matri suæ : Mulier, ecce filius tuus. Deindè dicit discipulo: Ecce mater tua. Joan., XIX, 26.

(3) Amice, ad quid venisti? Matth., XXVI, 50.

(4) Consummatum est. Joan., XIX, 30.

et irrépréhensibles devant lui: si toutefois vous demeurez fondés et fermes dans la foi, et inébranlables dans l'espérance de l'Évangile que vous avez entendu et qui a été prêché à toutes les créatures qui sont sous le ciel, afin que tout homme devienne parfait dans le Christ Jésus (1). »

Nous cherchions inutilement la vérité en nousmêmes; nous la retrouvons par la foi. En nous unissant à celui qui est la vraie lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde, elle nous délivre du doute et de l'erreur, elle fixe nos incertitudes, «< elle nous remplit de toutes les richesses de la plénitude de l'intelligence, pour connoître le mystère de Dieu le Père et de Jésus-Christ (2). »

Le sacrifice de l'esprit rétablit l'ordre dans nos pensées, et celui du cœur dans nos sentimens, en les rendant conformes aux sentimens et aux pensées de Dieu. L'homme enivré du désir de la science, voulut la substituer à la foi; et une nuit éternelle couvrit son entendement. Il a fallu que le Verbe, se faisant

(1) Et vos cùm essetis aliquando alienati, et inimici sensu in operibus malis; nunc autem reconciliavit in corpore carnis ejus per mortem, exhibere vos sanctos, et immaculatos, et irreprehensibiles coram ipso si tamen permanetis in fide fundati, et stabiles, et immobiles à spe Evangelii, quod audistis, quod prædicatum est in universâ creaturâ, quæ sub sole est... Quem (Christum) nos annuntiamus, corripientes omnem hominem, et docentes omnem hominem, in omni sapientiâ, ut exhibeamus omnem hominem perfectum in Christo Jesu. Ep. ad Coloss., I, 21, 22, 23, 28.

(2) Instructi in charitate, et in omnes divitias plenitudinis intellectus, in agnitionem mysterii Dei Patris et Christi Jesu... Ibid.,

homme, entråt, si l'on peut le dire, dans cette nuit pour la dissiper. La lumière a lui dans les ténèbres (1); la parole a de nouveau manifesté la vérité, et tous ceux qui croient la possèdent. « Ne cherchez donc point à comprendre pour croire; mais croyez afin de comprendre. La foi doit précéder l'intelligence, afin que l'intelligence soit le prix de la foi (2). » La réparation de notre nature est l'image de sa création primitive : l'une et l'autre sont l'ouvrage du Verbe (3). Il a renouvelé notre intelligence, comme il l'avoit formée, en se communiquant à elle ; écouter, croire, obéir, ce fut son premier acte: elle naquit par la foi; et la parole qui lui donna originairement la vie, est la même qui la lui rend (4).

Craignons d'obscurcir en nous la lumière que le Verbe fait homme, que Jésus-Christ, auteur et consommateur de la foi (5), est venu nous apporter ; craignons de déchoir une seconde fois du grand don que nons avons reçu, par une présomptueuse confiance en notre raison, par une curiosité indiscrète et criminelle. Ayons toujours présent ce conseil de saint

(1) Et lux in tenebris lucet. Joan., I, 15.

(2) Noli quærere intelligere ut credas; sed crede ut intelligas. Fides debet præcedere intellectum, ut sit intellectus fidei præmium. S. August. in Psalm. CXVII et in Is.

(3) In ipso condita sunt universa in cœlis, et in terrâ, visibilia et invisibilia... : omnia per ipsum, et in ipso creata sunt. Ep. ad Coloss., I, 16.

(4) Voluntariè enim genuit nos Verbo veritatis, ut simus initium aliquod creaturæ ejus. Jacob., I, 18.

(5) Aspicientes in auctorem fidei, et consummatorem Jesum... Ep. ad Hebr., XII, 2.

Paul: « Prenez garde que personne ne vous surprenne par la philosophie, et par des raisonnemens vains et trompeurs, selon les traditions des hommes, selon les principes d'une science mondaine, et non selon Jésus-Christ (1). »

La pleine conformité des pensées de l'homme-Dieu, de ses désirs et de ses volontés, avec les volontés, les désirs, les pensées de son Père, formoit entre eux cette union intime, indissoluble, qu'il demandoit aussi pour les siens (2) : union sainte qui consomme notre régénération, comme elle consommera notre félicité, et qui devient plus étroite et plus douce à mesure que, croissant dans la foi et dans l'amour (3), nous mourons à nous-mêmes, pour ne plus vivre que de la vie cachée avec Jésus-Christ en Dieu (4), par le sacrifice perpétuel de notre esprit, de notre cœur, de tout notre être.

Tout notre être en effet étoit dégradé par le péché ; la chair avoit aussi corrompu savoie (5), et les désordres des sens devoient être expiés comme les désordres de l'intelligence. L'homme-Dieu accomplit en son corps

(1) Traduction de Sacy. — Videte ne quis vos decipiat per philosophiam, et inanem fallaciam, secundùm traditionem hominum, secundùm elementa mundi, et non secundùm Christum. Ep. ad Hebr., II, 8.

(2) Pro eis rogo..., ut omnes unum sint, sicut tu Pater in me, et ego in te, ut et ipsi in nobis unum sint... : ut sint unum, sicut et nos unum sumus. Joan., XVII, 20-22.

(3) Finis autem præcepti est charitas de corde puro, et conscientia bona, et fides non ficta. Ep. I ad Tim., I, 5.

(4) Mortui estis, et vita vestra est abscondita cum Christo in Deo. Ep. ad. Coloss., III, 3.

(5) Omnis caro corruperat viam suam. Genes. VI, 12.

cette expiation nécessaire (1): il prêche la pénitence plus encore par son exemple que par ses discours. Né dans la pauvreté, il supporte toutes les privations qui l'accompagnent. En entrant dans le monde il verse son sang pour rendre témoignage à l'ancienne alliance, comme il le versera plus tard pour établir la nouvelle. Il se prépare à exercer sa mission publique par le jeûne et les veilles. L'abattement, la fatigue, la faim, la soif, il a tout éprouvé. Sa nourriture est de faire la volonté de celui qui l'envoie (2). Il instruit le peuple durant le jour, et la nuit il se retire sur la montagne pour prier. Il ne cesse de s'offrir en holocauste à son Père, de lui présenter ses souffrances pour apaiser sa justice, pour expier nos plaisirs et nos voluptés. Nous avons été guéris par ses plaies (3). Sans cesse il rappelle sa passion, il s'en occupe sans cesse ; jusque sur le Thabor, c'est d'elle qu'il s'entretient avec Moïse et Elie (4). Son amour est avide de douleurs : « J'ai désiré d'un grand désir de célébrer cette Pâque avec vous (5)! » Et cette Pâque est celle qui précède im

(1) Nunc autem reconciliavit in corpore carnis ejus per mortem. Ep. ad Coloss., I, 22. - Et quidem, cùm esset filius Dei, dedicit ex eis quæ passus est obedientiam : et consummatus, factus est omnibus obtemperantibus sibi, causa salutis æternæ. Ep. ad Hebr., V, 8,9.

(2) Meus cibus est, ut faciam voluntatem ejus, qui misit me, ut perficiam opus ejus. Joan., IV, 34.

(3) Livore ejus sanati sumus. Is., LIII, 5.

(4) Dicebant excessum ejus, quem completurus erat in Jerusalem. Luc., IX, 31.

(5) Desiderio desideravi hoc Pascha manducare vobiscum antequàm patiar. Id., XXII, 15.

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