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Porphyre étoit même si frappé de celles de Daniel, qu'il essaya de tirer de leur clarté même un argument contre elles, prétendant qu'elles n'avoient pu être écrites qu'après les événemens qu'elles prédisent, parce que le prophète paroît bien plutôt raconter le passé, qu'annoncer l'avenir (1). Or il n'est pas maintenant un seul incrédule qui conteste l'authenticité des prophéties de Daniel: et voilà les incrédules des premiers siècles, qui, terrassés par l'évidence de leur accomplissement, vous disent que ce ne sont pas des prédictions, mais une histoire. Je ne sais ce qu'on peut demander, ce qu'on peut désirer encore après ce double aveu.

Mais, comme nous l'avons fait observer déjà, le dernier objet des prophéties étant constamment le Messie qui devoit venir, celles qui se sont accomplies avant sa venue tendoient toutes au même but, qui étoit d'affermir la foi dans les prophéties qu'il devoit accomplir lui-même; et certainement personne ne doutera qu'elles n'aient produit leur effet, puisqu'au moment où Jésus-Christ apparut sur la terre, il étoit attendu non seulement des Juifs, mais du genre humain tout entier. Écoutons Pascal.

«La plus grande des preuves de Jésus-Christ, ce » sont les prophéties. C'est aussi à quoi Dieu a le plus

(1) Contra prophetam Danielem duodecimum librum scripsit Porphyrius, nolens eum ab ipso, cujus est inscriptus nomine, esse compositum: sed à quodam qui temporibus Antiochi qui appellatus est Epiphanes, fuerit in Judæâ; et non tam Danielem ventura dixisse, quàm illum narrâsse præterita. S. Hieronym., lib. XIV, in Daniel. Præf., Oper. tom. III, col. 1071, 1072.

» pourvu; car l'événement qui les a remplies est un >> miracle subsistant depuis la naissance de l'Église, » jusqu'à la fin. Ainsi Dieu a suscité des prophètes >> durant seize cents ans ; et pendant quatre cents >> ans après, il a dispersé toutes ces prophéties, avec >> tous les Juifs qui les portoient, dans tous les lieux >> du monde. Voilà quelle a été la préparation à la >> naissance de Jésus-Christ; dont l'Évangile devant >> être cru par tout le monde, il a fallu non seule>>ment qu'il y ait eu des prophéties pour le faire >> croire, mais encore que ces prophéties fussent ré>> pandues par tout le monde, pour le faire embras>> ser par tout le monde.

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Quand un seul homme auroit fait un livre des prédictions de Jésus-Christ pour le temps et pour >> la manière, et que Jésus-Christ seroit venu confor» mément à ces prophéties, ce seroit une force in» finie. Mais il y a bien plus ici. C'est une suite » d'hommes, durant quatre mille ans, qui constam>> ment et sans variation, viennent l'un ensuite de >> l'autre prédire ce même avénement. C'est un peuple >> tout entier qui l'annonce, et qui subsiste pendant >> quatre mille années, pour rendre encore témoi>> gnage des assurances qu'ils en ont, et dont ils ne » peuvent être détournés par quelques menaces et >> quelque persécution qu'on leur fasse: ceci est tout >> autrement considérable (1). »

(1) Pensées de Pascal, IIe part, art. XI, § 2; t. II, p 109 et 110. Edit. de Renouard, 1803.

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Et voyez avec quelle clarté, quelle précision, quelle exactitude de circonstances, Jésus-Christ étoit annoncé voyez s'il est possible à un esprit sincère et droit de le méconnoître dans ce que les prophètes ont dit de lui; voyez si la raison peut expliquer par le hasard cette longue suite de prédictions si étonnantes, qu'elles semblent n'être bien souvent que le simple récit de l'Évangile: voyez enfin si la prévision qui rend l'avenir le plus éloigné et le plus merveilleux présent aux prophètes, ne sort pas de l'ordre naturel de la prévoyance humaine; si elle n'est pas manifestement une inspiration de celui qui contemple en luimême, sans aucune succession de temps, tout ce qui fut, tout ce qui est, et tout ce qui doit être.

Au moment même de la chute de nos premiers parens, Dieu leur promet un Rédempteur qui écrasera la tête du serpent (1). Les hommes vivent dans cette attente, ignorant néanmoins de qui naîtroit ce fruit béni de la femme (2). Avant d'en être instruits, il falloit que la famille à qui cette illustre prérogative

(1) Inimicitias ponam inter te et mulierem, et semen tuum et semen illius. Ipsa conteret caput tuum. Genes., III, 15. Le pronom ipsa, suivant l'hébreu et les plus anciennes versions, se rapporte non à la femme, mais au rejeton qui naîtra d'elle.

(2) Les paroles qu'Eve prononça après avoir enfanté son fils premier-né, montrent qu elle espéroit que la promesse d'un libérateur s'accompliroit en lui, et qu'elle savoit que ce libérateur seroit Dieu

-Acquisiti homi קָנִיתִי אִישׁ אֶת־יְהוָה : et homme tout ensemble

nem, ipsum Jehovah (Genes., IV, 1); et selon l'ancienne paraphrase: J'ai obtenu l'homme, l'ange de Jehovah. C'est ainsi que Heydeck (Defens. Relig. christ.), Jamieson (Vindic., lib. I, c. V) et Faber (Hor. Mosaïc., vol. II, p. 56), entendent ce passage remarquable.

devoit appartenir fût formée. Dieu annonce à Abraham, père des croyans, qu'en lui seront bénies toutes les nations de la terre (1). La même promesse est faite à Isaac (2) à l'exclusion d'Ismaël; à Jacob (3), à l'exclusion d'Ésaü; à Juda (4), à l'exclusion de ses frères; et cette prophétie n'étoit pas connue seulement des Juifs, puisqu'un étranger, Balaam, s'écrioit en présence des Moabites: L'étoile s'élèvera de Jacob, et le sceptre d'Israël (5).

Les temps s'écoulent, et peu à peu Dieu répand de nouvelles lumières sur la descendance du Messie. Une branche sortira de Jessé, et une fleur de sa racine. Et l'esprit du Seigneur se reposera sur lui, l'esprit de sagesse et d'intelligence, l'esprit de conseil et de force, l'esprit de science et de piété (6). Ce rejeton de Jessé sera un signe au milieu des peuples, et les nations le prieront (7). Un autre prophète l'appelle le germe de David (8); et ce fut constamment la croyance perpé

(I) In te benedicentur universæ cognationes terræ. Genes., XII, 3. Ibid., XVIII, 18; et XXII, 18.

(2) Ibid., XXVI, 4.

(3) Ibid., XXVIII, 14.

(4) Ibid., XLIX, 8—10.

(5) Orietur stella ex Jacob, et consurget virga de Israël. Numer., XXIV, 17.

(6) Et egredietur virga de radice Jesse, et flos de radice ejus ascendet. Et requiescet super eum spiritus Domini, spiritus sapientiæ et intellectus, spiritus consilii et fortitudinis, spiritus scientiæ et pietatis. Is., XI, 1, 2.

(7) In die illà, radix Jesse, qui stat in signum populorum, ipsum gentes deprecabuntur. Ibid., 10.

(8) Ecce dies veniunt, dicit Dominus, et suscitabo David germen suum. Jerem., XXVIII, 5. Conf. : id.; XXX, 9; Ezech., XXXIV, 23, 24; XXXVII, 24; Ose., III, 5.

tuelle des Juifs, que leSauveur qu'ils attendoient seroit de la race de ce saint roi.

Mais quand paroîtra-t-il? quand se lèvera l'étoile de Jacob, pour éclairer les peuples assis dans l'ombre de la mort (1)? Jacob lui-même nous l'apprend : Lorsque la puissance souveraine sera ôtée à Juda, alors viendra celui qui doit venir, et qui sera l'attente des nations (2).

Rappelez-vous cette parole des Juifs au gouverneur romain : Il ne nous est point permis de condamner personne à mort (3); et dites si les temps étoient accomplis (4).

Mais il falloit qu'ils fussent marqués d'une manière plus précise encore; et c'est ce que Dieu a fait cinq siècles avant la venue du Messie, par la bouche du prophète Daniel. « Il voit septante semaines, à com>> mencer depuis l'ordonnance donnée par Artaxerxe » à la longue-main, la vingtième année de son règne, » pour rebâtir la ville de Jérusalem. Là est marquée

(1) Visitavit nos Oriens ex alto: illuminare his, qui in tenebris et in umbrà mortis sedent. Luc., I, 78, 79.

(2) Non auferetur sceptrum de Judâ, et dux de femore ejus, donec veniat qui mittendus est, et ipse erit exspectatio gentium. Genes., XLIX, 10.

(3) Dixit ergo eis Pilatus: Accipite eum, vos, et secundùm legem vestram judicate eum. Dixerunt ergo ei Judæi : Nobis non licet interficere quemquam. Joan., XVIII, 31.

(4) Les rabbins David Kimchi et Manassé confessent que les Juifs sont maintenant dans un état de bannissement, sans princes de leur race, assujétis à la puissance des nations; qu'ils souffrent la peine de leurs crimes par leur dispersion, n'ayant plus d'État ni d'empire. Aveugles! qu'ils nous disent pour quel crime ils sont

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