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l'Écriture. Ici c'est Rachel pleurant ses enfans sur la montagne; et elle ne veut point être consolée, parce qu'ils ne sont plus (1). Là c'est l'épouse céleste du vrai Salomon, qui soupire ses ineffables amours. << Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui: il repose >> entre les lis, jusqu'à ce que l'aurore se lève, et que >> les ombres déclinent. Filles de Sion, sortez et voyez >> le roi Salomon le front ceint du diadème dont sa >> mère le couronna au jour de ses fiançailles, et au >> jour de la joie de son cœur (2). »

Ravis au-dessus du temps, les écrivains sacrés semblent le discerner à peine dans l'éternité que leur pensée habite. Ils voient l'univers comme Dieu luimême le voit. Il a déployé les cieux ainsi qu'une tente (3) vient-il à s'irriter, il les roule comme un livre, et toute l'armée du ciel tombe comme la feuille de la vigne et du figuier (4).

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Si les cieux ressemblent à un pavillon qu'on dresse le matin, et qu'on enlève le soir; si le vent de la colère divine emporte toute la milice du ciel comme une feuille séchée, qu'est-ce donc que l'homme? Un esprit

(1) Vox in excelso audita est lamentationis, luctus, et fletus Rachel plorantis filios suos, et nolentis consolari super eis, quia non sunt. Jerem., XXXI, 15.

(2) Dilectus meus mihi, et ego illi, qui pascitur inter lilia, donec aspiret dies, et inclinentur umbræ... Egredimini et videte, filiæ Sion, regem Salomonem in diademate, quo coronavit illum mater sua in die desponsationis illius, et in die lætitiæ cordis ejus. Cant., II, 16, 17; III, 11.

(3) Extendens cœlum sicut pellem... Ps., CIII, 3.

(4) Complicabuntur, sicut liber, cœli et omnis militia eorum defluet, sicut defluit folium de vineà et de ficu. Is., XXXIV, 4.

qui s'en va et ne revient point (1). Ses jours sont comme l'herbe, sa fleur est comme celle des champs; un souffle passe, il n'est plus (2). Mais écoutez: Ceux qui dorment dans la poussière, se réveilleront, les uns dans la vie éternelle, les autres dans l'opprobre, pour le voir toujours (3).

Nul autre livre que l'Écriture ne nous apprend à parler à Dieu, à le prier; et cela seul prouveroit que l'Écriture est divine. Elle dévoile à nos yeux l'ordre entier de la justice et de la providence du Très-Haut; elle nous fait comprendre sa conduite sur le genre humain; les épreuves du juste, afin que ce qu'il y a de plus sublime dans la vertu soit révélé; le supplice du méchant, afin que le crime tremble. Contemplez David, le père et tout ensemble la figure du Messie; voyez-le détrôné par son propre fils, sortant de Jérusalem, traversant le torrent de Cédron, et, sans proférer une plainte, allant où il doit aller (4). « Or >> David montoit la colline des Oliviers, pleurant et >> marchant nus pieds, la tête couverte; et tout le >> peuple, la tête couverte, montoit en pleurant (5). »

(1) Spiritus vadens et non rediens. Ps., LXXVII, 39.

(2) Homo, sicut fænum dies ejus, tanquàm flos agri sic efflorebit, quoniam spiritus pertransibit in illo, et non subsistet. Ps., CII, 15, 16.

(3) Qui dormiunt in terræ pulvere, evigilabunt, alii in vitam æternam, alii in opprobrium, ut videant semper. Daniel., XII, 2. (4) Ego autem vadam quò iturus sum. II Reg., XV, 28.

(5) Porrò David ascendebat clivium Olivarum, scandens et flens, nudis pedibus incedens et operto capite; sed et omnis populus qui erat cum eo, operto capite ascendebat plorans. Ibid., 30.

Mais voilà qu'un bruit lugubre s'élève du côté de l'Égypte. Dieu va punir l'orgueil de Pharaon et de son peuple. « Fils de l'homme, dis-lui: Tu as été » comparé au lion des nations, et au dragon des mers: >> tu agitois ta corne dans les fleuves, tes pieds trou» bloient leurs eaux, et tu foulois les fleuves. C'est » pourquoi, voici ce que dit le Seigneur : J'étendrai >>> sur toi mes rets, au milieu de la foule des peuples, » et je te tirerai dans mes filets, et je t'amènerai sur >> la terre ; je te jetterai sur la face d'un champ, et je >> ferai habiter sur toi tous les oiseaux du ciel, et je >> rassasierai de toi tous les animaux de la terre. Les >> astres du ciel s'attristeront sur toi, et j'étendrai les >> ténèbres sur ton royaume, lorsque les tiens, blessés » à mort, tomberont au milieu de la terre, dit le Sei>> gneur Dieu. Je troublerai le cœur des peuples, » quand j'amènerai tes débris au milieu des nations, >> en des contrées que tu ignores. -Et le Seigneur >> me dit : Fils de l'homme, commence le chant lugu» bre sur la multitude d'Égypte ; traîne-la, elle et les >> filles des nations puissantes au fond de la terre, avec >> ceux qui descendent dans le lac. En quoi es-tu plus >> beau? Descends, et dors avec les incirconcis. » Là sont tous ceux qui ont été tués par l'épée, chaque monarque au milieu des siens, Assur et tout son peuple, OElam et tout son peuple; Mosoch, Thubal et tout son peuple, Edom et ses rois, et ses chefs, qui ont péri, eux et les leurs, par l'épée : là sont tous les princes de l'Aquilon, et tous les chasseurs; ils ont été conduits avec les morts, tremblans et confondus dans

leur force. La multitude est couchée autour de leur fosse. «Ils ont dormi avec ceux qui ont été tués par l'épée, >> et ils ont porté leur ignominie avec ceux qui des>>cendent dans le lac. Ils ne dormiront point avec les >>forts, qui sont descendus dans les enfers avec leurs » armes, et qui ont posé leurs épées sous leurs têtes. >>> Leurs iniquités ont pénétré leurs os; parce qu'ils >> répandirent l'épouvante dans la terre des vivans (1). »

Des chants pleins de douceur, des hymnes d'une beauté sublime, reposent l'âme effrayée par ces sombres tableaux. Quelquefois on entend comme une voix du ciel, comme le son ravissant des concerts des anges: quelquefois l'oreille est soudain frappée d'un bruit sinistre; elle a entendu, dans la nuit, comme les soupirs de l'abîme.

Et que de préceptes admirables, que d'instructions profondes, que de vérités inaccessibles à notre foible esprit, nous sont révélées dans l'Écriture! Ce n'est pas l'homme qui converse avec l'homme, qui se fatigue pour l'éclairer; c'est Dieu qui, d'un seul mot, illumine son intelligence, et remue tout son cœur.

jette, en quelque sorte, à pleines mains, dans le style des prophètes, les merveilles de sa pensée, comme les mondes dans l'espace; et sa parole, élevée à une hauteur infinie au-dessus du langage humain, a un tel caractère de magnificence et d'empire, qu'on n'est point étonné que le néant lui ait obéi.

L'Évangile, par sa simplicité même, est encore plus surprenant, plus manifestement divin. Il y a

(1) Ezech., c. XXXII.

dans les prophètes quelque chose d'ardent, de passionné, et comme un travail du désir pour atteindre un bien qu'ils ne possèdent pas, et auquel toute leur âme aspire ils l'appellent avec l'accent de l'amour et de l'espérance; ils demandent à l'avenir celui qui doit sauver le monde, ils s'élancent dans les cieux pour l'y chercher; ils montent jusqu'au sanctuaire où réside le Très-Haut; et lorsqu'on a cessé de les voir, on entend encore, au milieu des tonnerres qui roulent au pied du trône de l'Éternel, leur voix qui invoque son Fils.

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Dans l'Évangile, c'est le calme de la possession, la paix ravissante qui suit un immense désir satisfait, la tranquille sérénité du ciel même. Celui que la terre attendoit est venu le Verbe s'est fait chair, et il a habité parmi nous; et nous avons vu sa gloire: la gloire du Fils unique du Père, plein de grâce et de vérité (1). Tout prend une face nouvelle le temps des figures est passé, le salut est accompli; la nature humaine rassurée éprouve comme un grand repos qu'elle n'avoit point connu. Prenez un homme, qui vous voudrez; qu'il raconte cet événement si long-temps l'objet de tous les vœux, ce mystère impénétrable de miséricorde et de justice son langage pourra être pompeux, touchant, sublime. Voici l'Évangile :

<< En ce temps-là on publia un édit de César Au>> guste pour faire le dénombrement des habitans de

(1) Et Verbum caro factum est, et habitavit in nobis: et vidimus gloriam ejus; gloriam quasi unigeniti à Patre, plenum gratiæ et veritatis. Joan., I, 14.

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