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gnage irrécusable l'affirme. Cela est, parce que, s'il n'étoit pas certain que cela fût, rien ne seroit certain, pas même votre négation, ou, si vous l'aimez mieux, votre doute, qui n'est non plus qu'un fait connu seulement par le témoignage, par le vôtre d'abord, et ensuite par celui des personnes qui l'ont entendu. Cela est, parce qu'à l'instant même où vous dites: Cela n'est pas, vous vous ôtez à vous-même le droit de prononcer aucun jugement, puisque votre raison proteste contre la raison humaine.

L'inspiration de l'Écriture, conséquence nécessaire de ce que nous avons établi, ne sauroit être niée par quiconque aura compris ce qui précède.

Car, premièrement, la vérité des faits rapportés dans l'Écriture étant reconnue, l'inspiration de l'Écriture devient elle-même un fait aussi incontestable que tous les autres. La loi donnée par Dieu même sur le mont Sina, est un fait identique avec l'inspiration de cette partie de l'Écriture. La mission de Moïse prouvée par ses œuvres, prouvées elles-mêmes par tant de témoignages; la promesse que Dieu lui fait de mettre sa parole sur ses lèvres, de lui enseigner ce qu'il doit dire (1), sont des faits identiques avec l'inspiration de Moïse. Chaque livre de l'Ancien-Testament offriroit de semblables preuves de son inspiration, ou bien on la trouveroit attestée dans un autre livre dont l'in spiration seroit prouvée de la même manière que l'in

(1) Ego ero in ore tuo, doceboque te quid loquaris. Exod., IV, 12 seqq.

spiration du Pentateuque. La descente du Saint-Esprit sur les apôtres et les premiers disciples de Jésus-Christ, le don des langues qu'ils recurent, sont des faits identiques avec l'inspiration du Nouveau-Testament; car l'inspiration de l'auteur d'un livre, prouve l'inspiration du livre, ou plutôt c'est une seule et même chose.

Secondement, sans anticiper sur ce que nous dirons des prophéties, il est manifeste que l'Écriture contient des prédictions successives intimement liées à des dogmes universels, prédictions parmi lesquelles

y en a dont l'accomplissement ne peut être, pour tout homme sensé, l'objet du plus léger doute. On ne peut pas douter que le Messie ne soit annoncé dans l'Écriture, avec les circonstances de son avénement, de ses souffrances et de sa mort. On ne peut pas douter que le Messie ne soit venu, qu'il n'ait souffert et qu'il ne soit mort, comme l'avoient marqué les prophètes. On ne peut pas douter que la ruine prochaine de Jérusalem ne soit prédite dans l'Évangile : on ne peut pas douter davantage de l'accomplissement de cette prophétie. Or point de prophétie sans inspiration; donc les deux Testamens sont inspirés, en ce qu'ils contiennent de prophétique.

Troisièmement, nous avons montré que le christianisme est l'ensemble de toutes les vérités et de toutes les lois que Dieu a révélées à l'homme, et qu'il étoit impossible à l'homme de les connoître autrement que par une revélation divine (1). Ces lois et ces vérités (1) Voyez les chapitres XXI et XXXI.

sont renfermées dans l'Écriture (1). Ainsi l'atteste la société chrétienne, à qui l'on accordera sans doute de savoir quels sont les dogmes et les préceptes du christianisme. Les deux Testamens ne sont donc, dans leur partie dogmatique et morale, que la révé– lation divine; les deux Testamens contiennent donc la parole de l'auteur de la révélation, la parole de Dieu; parole écrite par ceux à qui la révélation a été faite immédiatement: donc les deux Testamens sont inspirés, au moins dans leur partie dogmatique et morale.

Mais, quatrièmement, les dogmes, les préceptes et les prophéties sont tellement mêlés à la narration des faits, dans le même livre, dans le même chapitre, dans le même verset; ils forment avec cette narration un tout dont chaque partie est tellement inséparable des autres, que si la narration même n'étoit pas inspirée, il faudroit fort souvent admettre l'inspiration dans la moitié d'une phrase, et la nier dans l'autre moitié ; chose absurde: donc les deux Testamens sont inspirés dans toutes leurs parties.

Cinquièmement enfin, l'inspiration de l'Écriture est elle-même un dogme du christianisme; d'où il s'ensuit que, si on la nie, on renverse le christianisme, on nie la révélation, c'est-à-dire toutes les vérités, c'est-à-dire la raison humaine. Donc, encore une fois, l'Écriture a été inspirée de Dieu.

(1) On doit toujours entendre que, pour découvrir avec certitude ces lois et ces vérités dans l'Écriture, qui ne s'interprète pas ellemême, il est nécessaire qu'elle soit expliquée, d'après la tradition, par une autorité vivante et infaillible.

Et que de choses seroient sans cela inexplicables dans les livres saints! Comment concevroit-on cette perpétuelle unité d'enseignement parmi tant d'écrivains, dont plusieurs ont écrit à près de trois mille ans l'un de l'autre? Moïse, David, Isaïe, Malachie, nous donnent précisément la même idée de Dieu et de nos devoirs envers lui, nous annoncent le même Médiateur, tandis qu'on ne trouve pas deux philosophes, même contemporains, qui, lorqu'ils parlent d'après leur seule raison, s'accordent sur ce qu'on doit penser de la Divinité, non plus que sur les préceptes fondamentaux de la morale. Comment se fait-il que les Évangiles, les Actes et les Epîtres des apôtres ne

forment ensemble et avec les livres de l'Ancien-Testament, qu'un corps de doctrine toujours la même depuis l'origine du monde (1)? Comment n'a-t-elle subi aucune modification, selon l'esprit des différens siècles, le génie particulier, et les opinions de chaque écrivain? Cette invariable uniformité est-elle dans la nature de l'homme? Et si l'Écriture n'est pas divine, de qui tient-elle ce caractère qui la sépare si visiblement de toutes les productions humaines, qui fait des pensées de tant d'hommes dispersés à de longues distances sur la route du temps, une seule pensée, éternelle comme Dieu, immuable comme sa vérité, féconde comme son amour?

Jusque dans le langage de l'Écriture, son inspiration se manifeste. On pourroit dire des écrivains

(1) Voyez le chapitre XXV.

sacrés, ce que disoient de Jésus-Christ les émissaires des pharisiens: Nul homme ne parla jamais comme cet homme (1). On voit, en les lisant, que le doigt de Dieu a touché leurs lèvres. Quelle simplicité naïve dans les récits? quel charme de candeur et de vérité! quelle grâce ingénue! C'est la parole dans sa pureté et son innocence primitive. Et puis, quelle force! quelle profondeur! quelle richesse d'images! quels regards jetés jusqu'au fond de la nature humaine! Qui a mieux senti ses misères? qui a mieux connu sa grandeur? On entend des plaintes déchirantes sur le sort des enfans d'Adam, je ne sais quoi de funèbre enveloppe leurs destinées; un long gémissement, des cris d'angoisse saisissent l'âme de tristesse et d'une secrète terreur: Pourquoi la lumière a-t-elle été donnée au misérable, et la vie à ceux qui sont dans l'amertume du cœur? qui attendent la mort, et elle ne vient point (2)! Voilà l'homme tombé, l'homme qu'un crime antique tourmente intérieurement. Et tout-à-coup une voix d'espérance s'élève et domine cette voix de douleur. L'œil du prophète a découvert le salut dans l'avenir. Sion tressaille d'allégresse; elle relève sa tête couverte de cendre, et salue par des chants de joie, que l'univers entier redira, le Libérateur qui s'avance.

Tout ce qu'il y a de doux, de tendre, de terrible, de sublime, ne le cherchez point ailleurs que dans

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(1) Nunquam sic locutus est homo, sicut hic homo. Joan., VII,

(2) Quare misero data est lux, et vita his qui in amaritudine animæ sunt ? qui exspectant mortem, et non venit. Job., III, 20.

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