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il ajoutée à tant de prodiges? Et ce juste qui rendoit la vue aux aveugles, l'ouïe aux sourds; qui guérissoit toutes les langueurs, qui chassoit les démons, qui ressuscitoit les morts : qu'en as-tu fait? est-il vrai que tu l'aies crucifié (1)?

Tout-à-coup un grand cri: Que son sang soit sur nous et sur nos enfans (2)!

Juif, tu n'as pas fait en vain cette demande ; ton souhait est accompli : ce sang est sur toi, il y sera toujours. Va, retourne à ton supplice ; que le monde entier en soit témoin, jusqu'au jour où reconnoissant et détestant ton crime, ce sang, ce même sang que tu as versé l'effacera.

La vérité des faits rapportés dans l'Évangile ne fûtelle attestée que par les chrétiens, ce seroit assez pour en établir invinciblement la certitude. Je crois, disoit Pascal, des témoins qui se font égorger: et tout homme sensé les croira, car on ne se passionne point pour des faits; et je ne sais d'ailleurs où seroit la séduction du mensonge qui ne conduit qu'aux tortures et à l'échafaud. Le désir de la gloire, des richesses, du pouvoir, peut créer des imposteurs; mais on ne trompe les hommes, afin d'être pauvre, méprisé, persé

pas

et rogaverunt eum ut signum de cœlo ostenderet eis. Matth., XVI, 1.

(1) La trahison de Judas et toutes les principales circonstances de la passion du Sauveur, sont rapportées dans le Toldoth Jeschu; et dans le Talmud de Babylone, au traité du Sanhédrin, chap. VI. (2) Et respondens universus populus, dixit: Sanguis ejus super nos et super filios nostros. Matth., XXVII, 25.

cuté, et ce sont là des biens qu'on n'est guère tenté d'acquérir au prix de sa vie. Cherchera-t-on à expliquer par le fanatisme ce sacrifice entier de soi-même, aussitôt se présentent de nouvelles absurdités. Le fanatisme est une passion ardente, sombre, implacable : que voit-on de pareil dans les apôtres ? Leur caractère c'est le calme, la simplicité, la douceur; et avant la mort de leur maître, une excessive timidité qu'ils avouent avec une candeur naïve. Saint Pierre reniant Jésus-Christ et tremblant devant une servante, étoitil un fanatique ? Les autres apôtres dispersés comme des brebis sans pasteur (1); saint Thomas refusant de ` croire que le Christ est ressuscité, s'il ne le voit de ses yeux et ne le touche de ses mains (2); saint Paul devenant de persécuteur, le plus humble disciple de ce même Christ qu'il doit annoncer aux Gentils : tous ces hommes, que le monde n'a connus que par leurs bienfaits, leur parfait désintéressement, leur charité compatissante, étoient-ils des fanatiques? Le fanatisme combat, domine, écrase ce qui lui résiste ; eux n'ont su que mourir.

Qu'on en pense, après tout, ce qu'on voudra ; qu'on

(1) Tunc dicit il!is Jesus: Omnes vos scandalum patiemini in me, in ista nocte. Scriptum est enim : Percutiam pastorem, et dispergentur oves gregis. Matth., XXVI, 31.

(2) Thomas autem unus ex duodecim, qui dicitur Didymus, non erat cum eis quando venit Jesus. Dixerunt ergo ei alii discipuli : Vidimus Dominum. Ille autem dixit eis: Nisi videro in manibu's ejus fixuram clavorum, et mittam digitum meum in locum clavorum, et mittam manum meam in latus ejus, non credam. Joan., XX, 24, 25.

TOME 4.

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suppose que les apôtres étoient ou des fourbes, ou des enthousiastes, on ne gagne absolument rien par cette supposition, à moins qu'on ne suppose de plus que tous les premiers chrétiens, tous les Juifs qui accouroient pour être témoins des œuvres de Jésus-Christ, et ceux qui le bénissoient, disant: Gloire au fils de David (1)! et ceux qui crioient: Qu'on le crucifie (2)! étoient aussi des enthousiastes, ou des fourbes qui s'entendoient pour persuader au monde la vérité de faits innombrables qui n'existèrent jamais.

Car il faut remarquer que ces faits avoient dû être publics; que les apôtres en appeloient hautement au témoignage d'un peuple entier, d'un peuple en grande partie ennemi du christianisme, et dont les aveux ont dès-lors une force irrésistible. Aucune de ces choses, disoit saint Paul, dans la Judée même, au roi Agrippa, aucune de ces choses ne s'est passée dans un coin obscur, et vous n'en ignorez aucune (3). Parle-t-on de la sorte, quand on peut craindre une solennelle dénégation? Et que répond Agrippa? Peu s'en faut que vous ne mé persuadiez de me faire chrétien (4).

(1) Turbæ autem, quæ præcedebant et quæ sequebantur, clamabant, dicentes: Hosanna filio David: benedictus, qui venit in nomine Domini: hosanna in altissimis. Matth., XXI, 9.

(2) Dicit illis Pilatus: Quid igitur faciam de Jesu, qui dicitur Christus? Dicunt omnes: Crucifigatur. Ait illis præses : Quid enim mali fecit? At illi magis clamabant, dicentes: Crucifigatur, Ibid., XXVII, 22, 23.

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(3) Scit enim rex ad quem et constanter loquor latere enim eum nihil horum arbitror. Neque enim in angulo quidquam horum gestum est. Act., XVII, 26.

(4) In modico suades me christianum fieri. Ibid., 38.

Mais on doutera peut-être de ces circonstances mêmes, à cause qu'elles sont rapportées dans le livre des Actes. On ne doutera pas du moins que le christianisme n'ait existé dès le premier siècle de notre ère, ni par conséquent qu'il ait été annoncé par les apôtres et les premiers disciples. Presque tous les peuples alors connus entendirent la bonne nouvelle du salut, qui se répandit avec la rapidité de la lumière (1). L'authenticité du Nouveau-Testament étant démontrée, nous savons certainement ce que racontoient les apôtres, ce qu'ils enseignoient, ce qu'ils disoient d'eux-mêmes et des œuvres qu'ils opéroient publiquement. La propagation du christianisme prouve qu'on les crut. Le témoignage des prosélytes qu'ils faisoient à Jésus-Christ, est confirmé, comme on l'a vu, par le témoignage des Juifs et des païens. C'est donc le monde presque entier qu'il faut démentir, pour nier les faits évangéliques; c'est presque toutes les nations soumises à la domination romaine qu'il faut accuser d'enthousiasme ou de fourberie, c'est le principe de toute croyance qu'il faut anéantir : car que trouvera-t-on de plus croyable que ce qui a été cru universellement ?

Il n'y a qu'un insensé ou un fou d'orgueil qui puisse essayer d'opposer ses petites idées, ses petites opinions particulières au consentement commun. Ce que l'homme sait n'est rien en comparaison de ce qu'il

(1) Fides ex auditu; auditus autem per verbum Christi. Sed dico : Numquid non audierunt? Et quidem in omnem terram exivit sonus eorum et in fines orbis terræ verba eorum. Ep. ad Rom., X, 17, 18.

ignore, et l'incrédule argumente toujours comme s'il savoit tout. Sa vie même ne lui est-elle pas incompréhensible? Qu'il en cherche la preuve dans ce qu'il connoît de son organisation, l'y découvrira-t-il? Mettez un livre de physiologie entre les mains d'un philosophe; partant de la supposition qu'il renferme une science complète, il prouvera, s'il le veut, par mille raisons, l'impossibilité que l'être décrit dans ce livre existe. Comment lui répondroit-on? par le fait même de l'existence de cet être impossible. Et comment prouveroit-on ce fait ? par le témoignage. Nous ne connoissons pas davantage, nous connoissons beaucoup moins le plan éternel de la Providence, l'ensemble des lois qu'elle a établies, que nous ne nous connoissons nous-mêmes ; l'ordre universel nous échappe et cependant l'incrédule raisonne constamment selon l'hypothèse qu'il en a une connoissance parfaite. Cela ne se peut pas, dit-il; donc cela n'est pas. Et qui l'assure que cela ne se peut pas? Il commence par mettre sa pensée à la place de celle de Dieu, et puis il prononce sans hésiter sa décision irrévocable, Qui ne voit qu'en contredisant le témoignage général des hommes, en niant un effet attesté, ou il suppose qu'il connoît toutes les causes qui peuvent rendre cet effet possible, toutes les volontés de l'Être tout-puissant, tous les motifs qui les déterminent, ou sa négation se réduit à ce triomphant argument: Je ne comprends pas que cela puisse être, donc cela n'est pas. Comment lui répondre ? encore par un fait. Cela est, donc cela peut être. Cela est, parce qu'un témoi

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