Oldalképek
PDF
ePub

hommes, il n'est point d'absurdités égales à celles qu'on seroit obligé de soutenir pour nier le récit de la Bible. Car il faudroit dire que Moïse a contenu dans le devoir, et soumis aux lois les plus sévères, aux pratiques les plus gênantes, aux châtimens les plus terribles, un peuple violent, opiniâtre, et toujours prêt à la révolte, en lui persuadant qu'il étoit journellement témoin d'une suite de prodiges dont pas un n'avoit frappé ses regards. Choisissons pour exemple le passage de la Mer-Rouge. Pense-t-on qu'il y ait un peuple au monde à qui l'on pût faire croire, contre le témoignage uniforme de ses sens et de sa mémoire, qu'il a traversé à pied sec un bras de mer dont les eaux, pendant son passage, sont restées miraculeusement suspendues, pour engloutir ensuite en retombant ses ennemis qui le poursuivoient? Voilà ce que raconte Moïse, voilà ce qu'il rappelle aux Israélites pour les ramener au culte du vrai Dieu, lorsqu'ils l'abandonnent. Or, si ce fait eût été faux, conçoit-on rien de plus extravagant que de l'alléguer à un peuple emporté par ses passions, pour le détourner de l'idolâtrie et le faire rentrer dans l'obéissance?

L'Angleterre, en se séparant de l'Église de JésusChrist, a renoncé depuis plusieurs siècles au véritable culte de Dieu. Supposons que pour ramener les habitans de Londres à ce culte saint, un catholique leur tînt ce langage: « Eh quoi! avez-vous donc oublié si » vite les miracles opérés en votre faveur ; la Tamise >> suspendant son cours, son lit desséché pour vous » ouvrir un libre passage, ses flots arrêtés sans au

>> cune digue, et recommençant à couler quand vous >> avez atteint l'autre bord? » Se trouveroit-il un homme, un seul, que ce discours persuadât? quel autre effet produiroit-il que d'exciter la risée des enfans mêmes? et que devroit en attendre l'auteur, sinon d'être aussitôt enfermé comme fou?

Or toute l'histoire des Juifs est remplie de faits aussi étonnans que le passage de la Mer-Rouge. Il n'y a presque pas eu chez ce peuple de génération à qui, de siècle en siècle, on n'ait dit qu'elle avoit été témoin de semblables prodiges. Il y en avoit de perpétuels, tels que le rational du grand-prêtre, la nuée qui couvroit le propitiatoire ; et toujours les Juifs ont cru ces prodiges, et pas un doute ne s'est élevé dans un seul esprit sur leur réalité, même après que les Sadducéens eurent attaqué l'immortalité de l'âme c'est-à-dire que pendant quinze cents ans il a existé une nation de fous, qui croyoient voir ce qu'ils ne voyoient pas, entendre ce qu'ils n'entendoient pas; en un mot dont les sens et la raison, toutes les fois qu'ils avoient un puissant intérêt à ne se point abuser, étoient constamment en contradiction avec la raison et les sens des autres hommes.

:

Quand quelques esprits obstinément aveugles admettroient la possibilité d'un pareil renversement de toutes les lois de l'ordre moral, que s'ensuivroit-il si ce n'est que quelques esprits peuvent dépasser toutes les limites connues de l'extravagance? Condamnés par le sens commun universel, qu'importeroit leur opinion particulière opposée à la décision sans appel

du genre humain? La question n'est pas de savoir si l'homme est maître de résister à l'évidence, jusqu'au point de nier la vérité de l'Écriture-Sainte; mais si la vérité de l'Écriture-Sainte est certaine ou appuyée sur des témoignages irrécusables: et là-dessus nous en appelons au jugement du monde entier.

On ne choqueroit pas moins la raison en révoquant en doute l'histoire évangélique attestée par une multitude d'auteurs juifs et païens, dont les témoignages ont été recueillis par Bullet (1) et Lardner (2). Pendant plusieurs siècles, ceux mêmes qui attaquoient la religion chrétienne n'ont point contesté les faits sur lesquels elle repose; tant ils étoient avérés, tant leur certitude paroissoit inébranlable: et l'on viendroit aujourd'hui, sans autre preuve qu'une haine forcenée contre le christianisme, nier ce que confessoient Celse, Porphyre et Julien !

Deux sociétés ennemies s'accordent à reconnoître

la vérité de ce que l'Évangile nous apprend de JésusChrist; et certes on ne pensera pas que les Juifs et les chrétiens (3) se soient concertés pour tromper l'avenir

(1) Histoire de l'établissement du christianisme tirée des seuls auteurs juifs et païens, où l'on trouve une preuve solide de la vérité de cette religion; in-4°.

(2) A large collection of ancient Jewis hand Heathen testimonies of the truth of the christian religion, with notes and observations; 4 vol. in-4°.

(3) Aux Juifs et aux chrétiens il faut joindre les musulmans, qui admettent comme nous les faits évangéliques. Nous ne les nommons pas dans le texte, parce qu'ils ne sont, comme nous l'avons déjà dit et comme nous le prouverons dans le volume suivant, qu'une secte du christianisme.

de la même manière, sur celui que les uns blasphèment et que les autres adorent. Interrogeons d'abord les Juifs.

Peuple autrefois le peuple de Dieu, devenu non pas le tributaire, le serviteur d'un autre peuple, mais l'esclave du genre humain, qui, malgré son horreur pour toi, te méprise jusqu'à te laisser vivre : peuple opiniâtre, dont aucune souffrance, aucun opprobre n'a pu lasser ni l'orgueil ni la bassesse ; qui ne trouves pas en toi-même un remords, un humble regret, une plainte pour désarmer le bras qui te frappe, et qui portes sans étonnement, depuis dix-huit siècles, tout le poids de la vengeance divine: peuple incompréhensible, cesse un moment le travail dont tu te consumes sous le soleil, rassemble-toi des quatre vents où le souffle de Dieu t'a dispersé, viens et réponds: Est-il vrai qu'il ait existé dans ton sein un homme nommé Jésus, qui se disoit le Libérateur annoncé par tes prophètes (1)?

Oui.

Est-il vrai qu'il ait paru au temps où l'on croyoit que le Messie devoit venir (2)?

Oui.

(1) Talmud Babyl. Tract. Sanhedr., cap. VI.

(2) Vid. Talmud-Hierosol. Tract. de Sanhedr. et libr. Berachoth, cap. Haiha Kore. Echa Rabbetti, seu Explic. Lamentat. Jerem., in cap. I. Rabbi Moys. Hadartan, Comment. in Genes, ad h. verb. : ... et scriba de femore ejus. Id., Comment. in Is. cap. ultim. Le Rabbin Moïse, dit l'Égyptien, dans le livre Sophrin, dit que « Jésus de Nazareth a paru être le Messie, qu'il a été mis à » mort par le sanhédrin, ce qui a été la cause qu'Israël a été détruit par l'épée. Galatin. de Arcan. cathol. verit., p. 179.

Est-il vrai qu'il soit né dans le lieu où il étoit prédit que le Messie naîtroit ?

Oui.

Est-il vrai, laissant à part ce qu'il disoit de sa mission, que sa vie étoit pure (1) et sa doctrine sainte (2)?

Oui.

Est-il vrai qu'il ait opéré ainsi que ses disciples des @uvres miraculeuses?

Il est manifeste et nous ne pouvons le nier (3).

Malheureux ! et qui t'a donc empêché de le reconnoître ? Que te falloit-il de plus? Tu demandois un signe du ciel (4): quelle force ce nouveau prodige eût

(1) Le Toldoth Jeschu, quoique rempli d'invectives sacriléges contre Jésus-Christ, ne lui fait aucun autre reproche que de s'ètre dit le Messie et le fils de Dieu.

(2) Tryphon dit que les préceptes de l'Evangile sont si parfaits qu'on ne peut les observer. Υμεῖς δὲ ματαίαν ἀκοὴν παραδεξάμενοι, Χριστον ἑαυτοῖς τινα ἀναπλάσσετε καὶ ἀυτόν χάριν τὰ νῦν ἀσκόπως ἀπόλε Justs. Dialog, cum Tryph. Jud., cap. X.

(3) Et conferebant ad invicem, dicentes : Quid faciemus hominibus istis ? quoniam quidem notum signum factum est per eos, omnibus habitantibus Jerusalem: manifestum est, et non possumus negare. Act., IV, 15 et 16; et Joan., XI, 47. Il est dit dans le Toldoth, que Jésus-Christ guérissoit les lépreux et ressuscitoit les morts, par la vertu du nom ineffable de Dieu, qu'il avoit dérobé dans le temple. Le même livre atteste les miracles de saint Pierre, qu'il appelle Simon Céphas. Le savant Heydeck, rabbin converti, nous apprend qu'encore aujourd'hui les Juifs continuent d'avouer les miracles de Jésus-Christ. « Prosiguen en nuestro tiempo en con» fesar los prodigios obrados por Jesu-Christo, con la diferencia ⚫ que pretenden de haberlos obrado en nombre de Belzebu, »Defensa » Relig. christ., tom. III, p. 316, not. 385.

(4) Et accesserunt ad eum Pharisæi et Sadducæi tentantes :

« ElőzőTovább »