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loi morale; et les hommes en effet étoient encore trop près de la révélation primitive, pour qu'elle fût oubliée ou obscurcie parmi eux.

Dieu la confirme de nouveau; il renouvelle son alliance avec les enfans d'Adam (1); et l'on ne peut pas douter qu'outre les commandemens principaux qui regardent la foi et les mœurs, il n'ait prescrit à Noé, les rites mêmes du culte par lequel il vouloit être honoré, puisque nous le voyons, cinq siècles après, parler ainsi à Isaac: « Toutes les nations de la terre se>> ront bénies dans ta semence, parce qu'Abraham a » obéi à ma voix, qu'il a gardé mes préceptes et mes >> commandemens, et observé les lois et les cérémo»nies (2) que j'ai ordonnées. » Ce commandement divin, reconnu d'ailleurs par tous les peuples, explique seul l'étonnante universalité du sacrifice, et l'uniformité de certains usages religieux chez des nations totalement inconnues les unes aux autres (3).

Descendues d'une souche commune, elles ne perdirent point, en se séparant, la connoissance de la loi qui devoit être leur héritage commun (4); et c'étoit

(1) Genes., VIII et IX.

(2) Benedicentur in semine tuo omnes gentes terræ, eo quod obedierit Abraham voci meæ, et custodierit præcepta et mandata mea, et cæremonias legesque servaverit. Ibid., XXVI, 4, 5.

(3) Grotius, de Verit. Relig. Christ., I, I, sect. VII. De Jure Belli et Pacis, lib. II, cap. V, § 13. Clerici Comment. in Pentat.; in not. supra Levilic., cap. XXIII, vers. 10.

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(4) C'est surtout de l'Orient, le berceau de la religion, des arts et des sciences, qu'il faut tirer cette tradition primitive sur laquelle nous insistons. C'est de là qu'elle est passée à tous les peuples. Il n'y a point de vérité historique aussi rigoureusement démontrée que

une antique croyance des Hébreux (1), que le premier précepte des Noachides, ou le premier commandement donné aux enfans de Noé, et en eux à tout le genre humain, avoit pour but de prévenir la corruption du culte, en ordonnant, comme l'enseignoient les Égyptiens mêmes, de détester tout ce qui n'étoit pas transmis par les ancêtres (2).

Platon assure que les premiers hommes vécurent dans l'innocence, aussi long-temps qu'ils ne s'écartèrent point de ce précepte. « Ils étoient bons, dit-il, >> principalement à cause de leur simplicité. Ce qu'ils >> entendoient dire être honnête, ou honteux, étoit » pour eux la vérité même; pleins de droiture et de » candeur, ils croyoient et obéissoient. Ils ne connois» soient point, comme aujourd'hui, cette sagesse qui >> apprend à soupçonner le mensonge; mais, tenant » pour vrai ce qu'on disoit des dieux et des hommes, >>> ils y conformoient leur vie (3). »

l'existence de cette tradition, confirmée par tous les monumens antiques. Fabricy, Des titres primilifs de la Révélat., tom. I, Disc. prélim., p. LXXVI.

(1) Vid. Selden de Jure Nat. et Gent. juxta disciplin. Hebræor.

(2) De cultu extraneo sive idololatriâ.-Ægyptii, cultûs extranei nomine, detestari videntur quicquid of yoveîs où пapédéičav parentes non commonstrârunt. Marsham. Canon. chronicus, p. 161.

(3) Αγαθοὶ μὲν δὴ διὰ ταῦτα τε ἦσαν, καὶ διὰ τὴν λεγομένην εὐήθειαν. Α γὰρ ἤκουον καλὰ καὶ αἰσχρὰ εὐήθεις ὄντες, ἡγοῦντο ἀληθέστατα λέγεσθαι, καὶ ἐπείθοντο. Ψεῦδος γὰρ ὑπονοεῖν οὐδεῖς ἐπίστατο, διὰ σοφίαν, ὥσπερ τανῦν· ἀλλὰ περὶ θεῶν τε καὶ ἀνθρώπων τα λεγόμενα, ἀλητή νομίζοντες, ¿ŠWY XATÙ TAŬTα. De legib., lib. III; Oper. tom. VIII, pag. 111 ed. Bipont.-C'est l'âge d'or des poètes. Primos illos homines diisque proximos mortales optimæ fuisse indolis, vitamque vixisse opli

D'après l'institution divine, la religion universelle ou la vraie religion reposoit donc originairement, comme elle repose encore, sur la tradition; et en aucun temps l'erreur n'a pu entrer dans le monde que par la violation de cette régle infaillible de vérité.

Mais, lors même qu'ils la violoient, les anciens ne l'abandonnoient pas entièrement, ils n'en méconnoissoient point l'autorité, et bien des siècles s'écoulèrent avant qu'ils essayassent de s'en former une différente. « La philosophie traditionnelle, qui ne s'ap» puyoit pas sur le raisonnement et l'explication des >> causes, mais sur une doctrine d'un autre genre et >> d'une autre origine, sur la doctrine primitive trans» mise des pères aux enfans, me paroît, dit Burnet, » avoir subsisté jusqu'après la guerre de Troie (1). »

Elle se perpétua surtout en Orient (2), comme le

mam undè et auream hanc dici ætatem. Dicœarc. ap. Porphyr., De usu animal., lib. IV, pag. 343.-Vid. et. Varro., de Re rusticâ, lib. I. cap. II; et Pausanias, lib. VIII, pag. 457. Edil. Hanoviæ,

1613.

(1) Durâsse mihi videtur ultrà trojana tempora philosophia traditiva, quæ ratiociniis et causarum explicatione non nitebatur, sed alterius generis et originis doctrina primigena et πατροπαραδότω. Th. Burnet, Archæolog. philos., lib. I, cap. VI.

(2) La philosophie ne s'enseignoit dans l'Inde, comme dans l'Égypte, que par tradition...; partout elle ne se transmettoit que de vive voix: cette manière, en usage chez les anciens druides et chez les gymnosophistes, subsiste encore aujourd'hui dans l'Inde; leur philosophie, n'ayant point d'autres fondemens que la tradition, n'est point contentieuse, et ne donne aucun lieu aux raisonnemens subtils ou captieux. Mémoir. de l'Acad. des Inscript., tom. LV, p. 218,

remarque Diodore à propos des Chaldéens «< qu'il >> loue de n'avoir point d'autres maîtres que leurs >> parens; ce qui fait qu'ils possèdent une instruction >> plus solide, et qu'ils ont plus de foi dans ce qui leur >> est enseigné. Pour les Grecs, ajoute-t-il, qui ne >> suivent point la doctrine de leurs pères, et n'écou>> tent qu'eux-mêmes dans les recherches qu'ils en>>treprennent; courant sans cesse après des opinions >> nouvelles, ils disputent entre eux des choses les plus » élevées, et forcent ainsi leurs disciples, continuelle>> ment indécis, d'errer toute leur vie dans le doute, » sans avoir jamais rien de certain (1). »

Il s'en faut beaucoup cependant que, même à cette époque de désordre, le respect pour l'antiquité fût éteint dans la Grèce, et l'autorité de la méthode traditionnelle entièrement détruite. « Lorsque la philo>> sophie eut accoutumé à disputer de tout, observe un >> savant académicien, il s'éleva dans tous les pays peu>> plés par les Grecs une foule d'artisans de systèmes philosophiques, tous plus bizarres les uns que les >> autres ; ce qui a fait dire à Cicéron qu'il n'y avoit >> point d'extravagance que quelque philosophe n'eût

(1) Quoniam parentibus utuntur magistris (Chaldæi), pleniùs omnia discunt, et iis quæ docentur majorem fidem habent..... (Græci verò) qui non parentum doctrinam imitantur, sed ipsi suà sponte in disciplinarum studio pro libitu incumbunt, et de maximis scientiis inter se altercantes; dùm novis semper opinionibus student, incertos discipulos reddunt, animumque eorum per omnem vitam dubium, nullâ certà sententiâ, errare compellunt. Diod. Sicul., lib. C. · Vid. et. Clem. Alex. Strom. lib. VIII, p. 768.

» débitée gravement. L'expédient auquel on avoit >> communément recours pour faire passer un nou>> veau système, étoit d'en rapporter la première idée >> à quelques anciens dont la réputation fût bien éta» blie (1). »

Le peuple ne prenoit d'ailleurs aucune part aux disputes philosophiques, et ne connoissoit même pas les systèmes qui divisoient les différentes écoles des sophistes; tant le raisonnement est peu fait pour être le principe des croyances publiques.

Les descendans de Noé conservèrent la tradition qu'ils tenoient de lui, et qu'il tenoit lui-même de ses pères qui avoient vécu avec Adam. C'est ainsi qu'elle se perpétua dans les familles qui furent la tige des premières nations. Dieu, comme nous le lisons dans l'Écriture, préposa sur chacune d'elles un chef pour la guider (2); et suivant l'observation d'un ancien Père elles étoient encore instruites de la vraie doctrine par les patriarches et les saints personnages que Dieu, de siècle en siècle, suscitoit dans ce dessein (3).

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(1) M. de La Barre; Mémoir. de l'Acad. des Inscript., t. XXIX, P. 71. Les Romains avoient un si grand respect pour l'antiquité, que son nom même, dans le langage usuel, désignoit ce qui est bon, vrai, précieux. Rien ne doit être plus antique pour l'homme, c'est-à-dire, plus sacré, dit Cicéron parlant des devoirs de la justice; Quibus rebus intelligitur, studiis officiisque scientiæ præponenda esse officia justitiæ... ; quâ nihil homini esse debet antiquiùs. Vid. De officiis, lib. I, cap. XLIII, n. 154.

14.

(2) In unamquamque gentem præposuit rectorem. Eccles., XVII,

(3) Hanc Deus à multis retrò sæculis doctrinam disseminayit in unâquaque generatione. Ægyptios itaque docuit ex Abraham, Per

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