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la conformité de ses volontés et de ses actions avec les volontés de Dieu, qui sont l'ordre immuable.

Mais l'homme par lui-même ne connoît ni les pensées ni les volontés de Dieu; il est donc nécessaire que Dieu les lui révèle, et tous les peuples en effet attestent l'existence d'une semblable révélation.

Autant il est certain qu'elle existe et que Dieu en est l'auteur, autant il est certain qu'elle est sainte. Mais en quoi consiste sa sainteté? quelle est l'idée qu'on en doit avoir? Ce qui vient d'être dit le fait assez entendre.

Une doctrine est sainte, quand elle est l'expression des vérités divines.

Une loi est sainte, quand elle est l'expression des volontés de Dieu.

Tout ce qui est un moyen d'union entre Dieu et l'homme, c'est-à-dire tout ce qui aide l'homme à se rapprocher de Dieu, ou à devenir semblable à lui dans ses pensées,ses volontés, ses actions (1), est saint; et c'est de la sorte que certaines cérémonies du culte, le indifférentes en elles-mêmes, sont saintes, et par caractère que leur imprime l'autorité sainte qui les ordonne, et par leur objet, qui est la gloire de Dieu et la sanctification de l'homme.

Nous ne pensons pas que l'on conteste aucune de ces maximes prises dans leur généralité. Les supposant donc reconnues, nous allons prouver que le christia

(1) Sancti estote, quia ego sanctus sum. Levit., XI, 44.

nisme est saint dans ses dogmes, dans sa morale, dans son culte.

Observons d'abord que si on rejetoit entièrement la doctrine chrétienne, rejetant parlà même toute idée de Dieu et des rapports qui existent entre lui et nous, on détruiroit toute religion, toute vérité, toute sainteté. Observons de plus que lorsqu'on s'écarte de cette doctrine, c'est toujours par voie de négation. Personne n'ajouta jamais aucun dogme positif au symbole catholique ou universel des chrétiens; personne ne leur dit jamais : Quelque chose vous manque; personne ne prétendit jamais avoir découvert, en matière de religion, une vérité que n'enseigne point la religion catholique. Donc elle renferme toutes les vérités révélées, quelles qu'elles soient, ou tout ce qu'il y a de saint dans les croyances des hommes.

Mais n'auroit-elle point altéré ces vérités saintes en y joignant des dogmes faux? Elle oblige à croire tout ce qui doit être cru, ou tout ce qui est vrai et nécessaire à la sanctification de l'homme; nul doute : mais n'oblige-t-elle point à croire davantage? en d'autres termes, la foi qu'elle exige, la doctrine qu'elle commande d'admettre est-elle une, ou formet-elle un tout dont les parties soient tellement liées, qu'on n'en puisse rien retrancher sans l'anéantir? Elle l'assure (1): voyons.

A moins d'accuser d'erreur tout le genre humain, c'est-à-dire à moins de renoncer à toute certitude, à

(1) Unus Dominus, una fides. Ep. ad Ephes., IV, 5.

toute vérité, on est forcé de convenir que parmi les dogmes de la religion catholique ceux qui ont été toujours universellement crus sont saints et vrais. Qui oseroit les nier en présence de tous les siècles et de toutes les nations? qui oseroit seulement les mettre en doute! N'entendez-vous pas ce cri qui s'élève : Impièté! blasphème! Le monde entier s'émeut et tressaille d'horreur, sitôt qu'on ébranle ces antiques bases de la foi et de la vertu.

Or cette foi antique renferme et suppose tous les points de la foi chrétienne. L'homme est déchu de son innocence; il naît coupable d'un crime héréditaire qui doit être expié : nulle croyance plus universelle. Où trouverez-vous hors du christianisme cette expiation nécessaire? Les anciens n'avouoient-ils pas l'insuffisance de leurs sacrifices? Le sang couloit à grands flots, et même, chose horrible à imaginer, le sang de l'homme; mais ce sang qu'ils versoient, ont-ils jamais dit, pensèrent-ils jamais qu'il pût sauver tous les hommes ? Et cependant partout existoit l'espérance du salut, fondée sur une expiation qui n'existoit nulle part. Il falloit donc qu'elle fût accomplie, ou la foi perpétuelle du genre humain n'eût été qu'une perpétuelle illusion. Elle s'est accomplie en effet, le christianisme nous l'enseigne, et confirme ainsi la vérité de la doctrine antique, comme l'antique doctrine confirme et prouve la vérité de la doctrine ehrétienne, dont elle est le fondement. Et quoi de plus saint en soi-même qu'une doctrine qui annonce à l'homme que son crime est effacé; que, rentré en grâce

avec son Auteur, il est rappelé à un état saint, par une nouvelle alliance avec Dieu, principe de toute sainteté?

Le genre humain croyoit encore, d'après une invariable tradition, qu'un Envoyé céleste, qui seroit homme et qui seroit Dieu, viendroit un jour opérer le salut du monde. Ce Rédempteur promis étoit l'attente de toutes les nations. Il nous sauvera, disoit Platon, en nous instruisant de la doctrine véritable. Pasteur, prince, docteur universel, et vérité souveraine, il aura, disoit Confucius, tout pouvoir au ciel et sur la terre. Quel est ce Sauveur? Il faut bien le montrer, ou soutenir que le genre humain a été dans l'erreur pendant quatre mille ans. Excepté les Juifs, qui chaque jour enfantent avec douleur une espérance nouvelle que le lendemain détruit, les peuples ont cessé d'attendre ce divin Libérateur. Donc, encore un coup, s'il n'a pas paru, la foi des anciens temps étoit une foi trompeuse. Le croirez-vous? le direz-vous? Oserez-vous renverser d'un mot toutes les bases de la religion et de la raison humaine? Vous reculez devant cette inévitable conséquence. Eh bien! apprenez-nous donc où, quand, chez quel peuple, dans quel siècle est venu Celui qui devoit venir. Quel est-il? quel est son nom? Chrétiens, vous le savez! et jamais un autre nom n'a été opposé à ce grand nom. Cherchez, demandez, hors du christianisme; tout se tait. Quel autre que le Christa dit: Me voici (1)? De quel autre

(1) Tunc dixi: Ecce venio. Ps., XXXIX, 8.

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a-t-il été dit : Voilà celui qui ôte le péché du monde (1)? On peut sans doute, car que ne peut-on pas, on peut refuser de le reconnoître (2); les hommes peuvent l'exclure de ce qu'ils appellent leur religion, mais sa place reste vide, et bientôt il s'y forme un gouffre où toutes les vérités s'engloutissent.

On croyoit universellement que le Désiré des nations seroit Dieu, on croyoit aussi qu'il seroit homme : mystère impénétrable avant son accomplissement, et qui ne s'explique que par l'Homme-Dieu, et par les vérités qu'il a révélées? La distinction des personnes divines, la Trinité, l'Incarnation (3), tous ces dogmes chrétiens sont, pour ainsi parler, l'expansion du dogme antique, où ils étoient cachés (4), suivant la juste expression d'un saint docteur. Les nier, c'est non seulement nier la foi universelle, c'est couper la racine de toute croyance; car, remarquez-le bien, si Jésus-Christ n'est pas le Rédempteur qu'attendoit le monde entier, il n'y a point eu de Rédemption; si Jésus-Christ n'est pas homme et s'il n'est pas Dieu, si le Verbe ne s'est pas fait chair, et n'a pas habité parmi nous (5), tous les peuples ont été le jouet

(1) Ecce qui tollit peccatum mundi. Joan., I, 29.

(2) In mundo erat, et mundus per ipsum factus est, et mundus eum non cognovit. In propria venit, et sui eum non receperunt. Quotquot autem receperunt eum, dedit eis potestatem filios Dei fieri, his qui credunt in nomine ejus. Joan., I, 10—12.

(3) Porphyre avoue la possibilité de l'incarnation du Verbe. Vid. Alnelan Quæst., lib. II, cap. XIII, p. 235.

(4) Ante Christi adventum fides Trinitatis erat occultata in fide majorum; sed per Christum manifestata est mundo, et per apostolos. S. Thom., 2. 2. Quæst., II, art. 8.

(5) Et Verbum caro factum est, et habitavit in nobis. Joan., I, 14.

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