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cement, soit dans le cours des années; il me semble que le ciel vous doit écouter, et que ceux dont vous désirez le bonheur ne peuvent manquer d'être heureux. Je sens bien aussi que personne ne s'intéresse plus que moi à ce que vous souhaitez le plus, je veux dire votre salut et votre repos, et que nous avons sujet de nous réjouir des grâces que Dieu vous a faites, et d'espérer qu'il vous fera celles dont vous pouvez avoir besoin.... Nous sommes encore dans la désolation où les fanatiques nous ont réduits; ils ne sont pas moins révoltés qu'auparavant, mais ils tuent moins, soit parce qu'il ne leur reste pas de monde à égorger à la campagne, les catholiques ayant été ou tous égorgés ou tous réfugiés dans les villes, soit parce qu'ils attendent des secours de la Savoie, ou qu'ils veulent prendre les subsides et non pas la religion pour prétexte de leur révolte. Quoi qu'il en soit, nous sommes toujours comme bloqués dans nos villes, sans oser en sortir. Dieu veuille finir ces maux et nous laisser enfin la liberté de vous aller revoir à Paris ; ce sera une grande consolation pour moi, si cela arrive. Nos États sont encore assemblés jusqu'à la fin du mois. Nous sommes ici un peu plus tranquilles qu'en Bretagne; et, quoique nous donnions peut-être un peu plus d'argent, nous le donnons dans ces pays plus chauds d'un plus grand sang-froid que dans les vôtres. Je vous prie de continuer à nous honorer de votre amitié, à nous aider de vos prières, et à me croire le plus parfaitement du monde, madame, votre, etc. A Montpellier, ce 10 janvier 1704.

LETTRE XCIII.

DE COMPLIMENT ET DE CIVILITÉ A M. LE VICOMTE DE LA CHASSE.

Ce sont de bons commencemens, monsieur, et de bons présages d'année que de nouveaux témoignages d'une amitié comme la vôtre. Si je n'ai pas le plaisir de pouvoir raisonner avec vous comme je faisois il y a quelques mois, je vous rends du moins souhaits pour souhaits, vœux pour vœux, et je demande au ciel pour vous meilleure santé, meilleure fortune, ou la vertu nécessaire pour vous passer de l'un et de l'autre. Vous me donnez une grande idée du jeune prédicateur dont vous me parlez, monsieur; il faut bien qu'il soit digne de votre estime, car vous êtes bon juge, et vous aimez à dire vrai. Je ne doute pas que le temps et l'exercice de la chaire n'augmentent beaucoup ses talens, et qu'il ne soit appelé à des auditoires plus augustes que celui où vous l'avez vu. J'aurois un grand plaisir de voir entrer dans la vigne du Seigneur de tels ouvriers évangéliques. Vous qui les voyez, apprenezm'en quelquefois des nouvelles, et croyez-moi avec un parfait attachement, monsieur, votre, etc.

A Montpellier, ce 12 jauvier 1704.

LETTRE XCIV.

DE PIÉTÉ A UN curé, pour L'ENCOURAGER CONTRE LES FRAYEURS CAUSÉES PAR LES FANATIQUES.

ME voici revenu des États avec une assez bonne santé, monsieur, mais avec beaucoup de tristesse, tant par la connoissance que j'y ai prise des misères de la province, à cause des impositions et des subsides extraordinaires et pourtant nécessaires au salut de l'État, que par la continuation des désordres et des inhumanités que commettent les fanatiques presque aux portes de cette ville. Il y a long-temps que je m'aperçois que Dieu est irrité, et que sa colère se manifeste non-seulement par la fureur de ces rebelles, mais encore par l'aveuglement de la plupart de ceux qui ont ordre de les arrêter, qui, avec toutes leurs bonnes intentions, n'agissent pas, ou ne prennent pas les moyens qu'il faut pour agir efficacement. J'ai laissé M. le maréchal et M. de Basville dans le dessein d'aller après ces gens-là, et de ne leur donner aucun relâche. La cour leur ordonne de se servir du temps et des troupes pour finir cette affaire, dont elle connoît à présent la conséquence. Je prie le Seigneur qu'il leur donne et l'envie de les chercher et le bonheur de les trouver et de les battre. Je vois dans une partie des troupes si peu de zèle pour le service de Dieu et du roi, que je n'attends pas de grands succès des expéditions qu'on médite, si le ciel n'éclaire et

n'échauffe nos guerriers. Il faut donner courage à Fr. Gabriel. On tâche de le décrier lui et sa troupe, nous l'avons bien soutenu. Je ne sais quelle est sa destinée, mais je voudrois bien qu'il fit quelque coup d'éclat. Si votre projet est si bon et si évidemment que vous pensez, il faut croire qu'on le suivra. Je vous envoie douze exemplaires de ma lettre pastorale pour votre archiprêtre, et suis de tout mon cœur, monsieur, votre, etc.

A Nismes, ce 9 février 1707.

LETTRE XCV.

DE CIVILITÉ A MONSEIGNEUR L'ÉVÊQUE DE CARPENTRAS.

La persécution que l'Église souffre depuis près de deux ans en ces quartiers m'a engagé à faire le carême passé une lettre pastorale à tous les fidèles de mon diocèse, pour les consoler dans leurs malheurs, et pour leur apprendre à les supporter avec patience. Comme les hérétiques rebelles et meurtriers s'en prennent principalement à notre sainte religion, dont ils ont aboli les exercices autant qu'ils ont pu, et qu'ils ont dispersé les troupeaux et les pasteurs qui se sont sauvés de leurs barbares exécutions, j'ai cru que je devois rassembler en des lieux de sûreté, et surtout auprès de moi, les prêtres qui avoient été contraints d'abandonner leurs paroisses, pour les fortifier, les assister, les instruire et leur prescrire des règles de résidence et de conduite dans les fâcheuses

conjonctures où nous sommes. Quoique honoré de l'épiscopat, monseigneur, je n'oublie pas que j'ai l'honneur d'être votre diocésain de naissance, et que je dois dans les occasions vous rendre compte de mon ministère et de ma doctrine, et vous assurer qu'on ne peut être avec un plus sincère et plus respectueux attachement que je le suis, monseigneur, votre, etc. A Nismes, ce 18 février 1704.

LETTRE XCVI.

DE CIVILITÉ, ET SUR LES MALHEURS DU TEMPS, A M. DE MONTREMI, LIEUTENANT Colonel du rÉGIMENT DE DRAGONS DE LANGUEDOC.

L'ÉLOIGNEMENT, monsieur, ne vous fait pas oublier vos amis; je vois par vos lettres que vous êtes tran · quillement chez vous, que vous y êtes occupé de vos affaires, et que vous ne pensez peut-être pas à venir nous aider dans les nôtres, qui empirent tous les jours, sans aucune espérance qu'elles finissent. Nos peuples sont dans des alarmes continuelles. Tous les catholiques sont égorgés. Notre campagne est tout en feu, et je demeure ici pour être le consolateur des veuves et des familles affligées. Encore, si j'avais la consolation de pouvoir raisonner et passer quelques momens avec vous! mais tout ce que je puis espérer, c'est que vous me conserverez toujours l'honneur de votre souvenir, et que vous me croirez aussi parfaitement que je le suis, monsieur, votre, etc. A Nismes, ce 26 février 1704.

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