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XIV.

DISCOURS

PRONONCÉ A L'ouverture deS ÉTATS DE LANGUEDOC.

MESSIEURS,

Comme c'est l'honneur et le devoir des souverains de gouverner leurs sujets avec sagesse et avec justice, de n'exiger d'eux qu'une obéissance et un service raisonnables, et de les protéger contre ceux qui veulent troubler leur repos et la tranquillité publique ; c'est aussi l'honneur et le devoir des sujets de respecter la grandeur et la majesté de leurs souverains, d'être soumis à leurs volontés, de contribuer à leur gloire, et de leur fournir les secours dont ils ont besoin, soit pour conserver leurs états, soit pour y établir ou pour y maintenir le bon ordre.

Quelle province s'acquitte de ces obligations plus fidèlement que la vôtre ? Nous n'avons besoin, messieurs, ni de persuasion, ni d'adresse, pour faire valoir ici les ordres du roi ; il nous suffit de vous les expliquer. Vous naissez tous bons sujets et bons citoyens; l'amour du prince et de la patrie est profondément gravé dans vos cœurs. Le roi connoît depuis long-temps l'intérêt que vous prenez au bien public et à sa gloire. Il n'use point de son autorité sur votre assemblée, il se confie en votre affection; quoiqu'il n'exige rien de vous, vous êtes en posses

que

sion de ne rien refuser de ce qu'il souhaite; et, quellibres que vous soyez dans les demandes qu'il vous fait, vous n'avez jamais pris que la soumission en partage.

Lorsque la guerre étoit allumée dans toute l'Europe, et que le roi, pour la défense de l'état, avoit besoin de secours extraordinaires, vous avez suivi ses intentions aussitôt qu'elles vous ont été connues. Vous avez dans les occasions prévenu même ses demandes. Les sentimens de votre cœur l'ont emporté sur les raisonnemens de votre esprit, et sur la timidité que pouvoit vous donner votre impuissance, et votre zèle a souvent servi d'exemple et de règle à tout le reste du royaume.

Vous avez mérité par cette conduite l'estime d'un maître qui n'oublie pas les services, et qui a autant d'impatience de vous donner des marques de sa bienveillance que vous en avez d'en ressentir les effets. Vous jouiriez déjà de tous les adoucissemens qu'il vous prépare, si la guerre, source funeste de tant de maux, ne laissoit encore après elle un reste de malignité et de confusion dans les affaires, qui ne se dissipe qu'avec le temps.

Le domaine engagé, les finances diminuées, le nombre des troupes qu'on ne peut s'empêcher d'entretenir obligent encore l'état à de grandes charges. Il faut réparer, pour ainsi dire, les ruines des temps malheureux. L'abondance suit ordinairement la paix, mais ne va pas si vite qu'elle. Les impôts dont vous étiez surchargés sont déjà presque tous

éteints, et vous ne craignez pas qu'il en renaisse. Vous n'êtes plus foulés par les fréquens passages des gens de guerre ; vous cultivez paisiblement les héritages de vos pères.

Si l'on ne peut vous décharger entièrement du fardeau que vous portez, le roi travaille tous les jours à vous le rendre plus léger. C'est à vous à reconnoitre les grâces qu'il vous fait et celles qu'il vous destine, et à chercher les occasions de lui plaire, tandis qu'il cherche les moyens de vous soulager.

Nous laissons à M. de Bâville à vous expliquer, avec son éloquence ordinaire, les intentions de sa majesté; et, si nous vous exhortons à les suivre, ce n'est pas tant pour réveiller votre zèle que pour exécuter nos ordres, et pour nous conformer à la coutume.

XV.

HARANGUE

FAITE A MONSEIGNEUR LE DUC DE BOURGOGNE, ACCOMPAGNÉ DE MONSEIGNEUR LE DUC DE BERRY, A LA Porte de l'égliSE DE NÎMES, LE 2 MARS 1701, PAR ESPRIT FLÉCHIER, ÉVÊQUE DE NÎMES, A LA TÊTE DE SON CHAPITRE.

MONSEIGNEUR,

Si c'est un bonheur pour les peuples de connoître les princes qui sont nés pour leur commander, de voir ce caractère de grandeur que Dieu a gravé sur leur front auguste, de remarquer dans leurs actions et dans leurs personnes je ne sais quel mélange de dou

ceur et d'autorité, qui produit le respect et la confiance, et de chercher dans leurs favorables regards des marques de bonté ou des espérances de protection, ce doit être aussi un plaisir pour les princes de voir ces mouvemens affectueux d'une multitude empressée, d'entendre ces acclamations de joie, d'admiration, de tendresse, et de recevoir les hommages de tant de cœurs uniquement occupés du désir de les honorer et de leur plaire.

Le roi ne pouvoit nous donner un spectacle plus digne de lui. Il fait partir du centre de sa grandeur les plus vifs rayons de sa gloire; il communique au dedans, au dehors même du royaume, ce qu'il a de plus cher, ce qui lui ressemble le plus ; et, se multipliant, pour ainsi dire, en la personne de ses petitsfils, il se plaît à faire voir au monde une postérité déjà capable de le gouverner.

Vous avez vu sans envie, monseigneur, tomber des sceptres à vos côtés dans la main d'un prince de votre sang; vous lui avez rendu tous les offices d'une piété fraternelle ; vous l'avez conduit jusqu'au pied du trône où vous aviez droit de monter vous-même, si vous n'aviez préféré aux couronnes que les hommes donnent celle que Dieu vous a destinée. Vous venez de remettre ce dépôt sacré qui vous avoit été confié, d'abattre ces bornes fatales qui divisoient la France d'avec l'Espagne, d'unir l'esprit et les intérêts de l'une et de l'autre monarchie, et de serrer à la vué de deux nations les noeuds d'une alliance éternelle.

Il étoit juste, monseigneur, que nos provinces

fussent ensuite honorées de votre présence, que le roi qui vient de faire tant de grâces à des étrangers marquât en même temps la bonté qu'il a pour ses peuples, et qu'après avoir donné des rois à nos voisins pour sa gloire il montrât pour notre consolation ceux qu'il nous réserve.

Nous voyons en vous, monseigneur, et en ce prince que la gloire conduit avec vous, et que les grâces accompagnent, tout ce qui peut faire la félicité et les délices du royaume. Héritiers de la piété d'une mère dont le ciel s'est hâté de récompenser les vertus; formés sur les exemples d'un roi qui vous enseigne l'art de commander, d'un père qui, tout grand qu'il est, vous apprend celui d'obéir; vous avez joint à l'éclat de la naissance le mérite de l'éducation.

De là vient cette grandeur d'âme que la nature, l'étude et la religion ont formée en vous; cet esprit juste et pénétrant qui examine avec soin et décide avec connoissance; cet amour des lettres qui inspire aux grands des principes de vérité et de sagesse ; cette bonté qui s'intéresse à tous les soulagemens publics ou particuliers. Ce sont les qualités que l'Église a droit de louer par nos ministères ; elle va vous conduire au pied des autels, chanter hautement les cantiques du Seigneur qui lui élève de tels protecteurs, et faire ensuite des vœux ardens pour votre conservation, pour votre gloire temporelle, et pour votre bonheur éternel.

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