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MERCVRE DE FRANCE

TOME SOIXANTE-SEPTIÈME

Mai-Juin 1907

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DEUX PRÉCIEUSES AU XVII SIÈCLE

MADAME CORNUEL

ET MADAME PILOU

Mme Cornuel et Mme Pilou! De toutes les plus fines mouches du quartier du Marais, de toutes les fameuses coquettes de la place Royale, voilà les plus piquantes, voilà celles dont la langue est la plus barbelée, le caquet le plus spirituel et de qui les bons mots sont autant d'aiguillons! Mme Pilou et Mme Cornuel des «< guêpes parmi les abeilles », des précieuses si l'on veut, mais précieuses surtout par l'esprit qu'elles ont et par le ton qu'elles prennent pour le faire valoir. Des bourgeoises, certes, non de la petite portion, mais des bourgeoises, enfin, de qui tout le mérite est dans l'intelligence et dans le feu du cœur; des têtes fortes, des bêtes à malice, des Mmes Geoffrins d'avant-garde, pas pédantes d'ailleurs, tout à la bonne franquette et pour l'esprit faisant, au milieu des autres femmes, pic, repic et capot à tout ce que comptait alors de plus célèbre Paris. Au demeurant, bonnes amies, mais si différentes: Mme Pilou beaucoup plus âgée que Mme Cornuel, des pommettes d'un rouge de pomme, le teint noir, le front raboteux, le menton et le nez barbus, toutefois sans désagrément; Mme Cornuel beaucoup plus jeune, un peu la fille de Mme Pilou, mais un bonheur à voir avec son doux teint mat, ses cheveux d'un bel or, l'œil d'un bleu des mers, les dents claires et le joli rire. Voisines par l'esprit, le cœur et les sens, ah! qu'elles étaient diverses par leurs deux visages: Mme Pilou la tignasse en broussaille, toute piquée de verrues, du poil au menton et, lui sortant du

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