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LETTRE de M. DE SAINT-VINCENS (d'Aix), Correspondant de l'Institut, à M. MILLIN, Conservateur des Antiques, à la Bibliothéque impériale, Membre de l'Institut, etc., sur des Lettres inédites de PEIRESC.

JE

Paris, 3 Mai 1815.

Je vous envoyai, mon cher Ami, en 1806,

un recueil de Lettres écrites à M. de Peiresc (ou pour M. de Peiresc, à M. Aycard de Toulon), par Thomas d'Arcos, et datées de Tunis. Vous les avez fait imprimer dans votre Magasin Encyclopédique du mois de Septembre, même année, depuis la page 112 jusqu'à la page 155. Dans ma Lettre, qui accompagnoit mon envoi, et que vous avez bien voulu faire imprimer aussi, p. III, du même Magasin, je vous donnois quelques détails que j'ai pu augmenter depuis lors sur Thomas d'Arcos. D'Arcos étoit né en 1568, à la Ciotat; il étoit allé à Paris fort jeune. Par son esprit et ses connoissances, il devint le secrétaire du cardinal de Joyeuse, qu'il quitta quelques années après, pour revenir

en Provence où il cultiva les lettres. Il faisoit sur mer de fréquens voyages qui avoient pour objet le désir de connoître les moeurs, les usages des peuples d'Asie et d'Afrique, ainsi que les sciences, les arts, les animaux rares, et les livres. Dans un de ses voyages, il se maria en Sardaigne. En 1628, il fut pris sur mer par les corsaires, et mis en liberté après deux ou trois ans de captivité. Au lieu de retourner dans sa patrie, ainsi qu'il l'avoit annoncé, il se fit musulman à la fin de 1632. M. de Peiresc fut près d'un an sans lui écrire directement; mais d'Arcos ne cessoit pas de lui envoyer, de Tunis, des livres, des animaux curieux, des observations physiques, astronomiques et politiques, par M. Aycard, leur ami commun. Peiresc lui envoyoit, de Provence, tout ce qu'il croyoit pouvoir lui être agréable. Il reprit sa correspondance directe avec lui en 1634. J'ai découvert dernièrement à Paris, avec beaucoup de lettres de Peiresc, toutes les lettres que ce savant écrivoit à Thomas d'Arcos et à M. Aycard. J'ai choisi les plus intéressantes. Je prends la liberté de vous les faire passer pour être imprimées dans le Magasin Encyclopédique. M. de Mazaugues les avoit eues, ainsi qu'une correspondance des savans avec Peiresc, que j'ai dans mon cabinet à Aix, de M. Thomassin Mazaugues, son père, qui avoit

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épousé la nièce de Peiresc. Les lettres qui composent cet envoi sont très-curieuses. Il y a des détails sur plusieurs animaux d'Afrique, entre autres sur l'alzaron et le caméléon, dont il a été question dans les lettres de d'Arcos lui-même (1).

On y voit l'extrême désir de Peiresc, d'augmenter ses connoissances, d'avoir des manuscrits égyptiens, arabes, cophtes, etc., des inscriptions puniques, des médailles, enfin de se procurer des observations sur la physique

et l'astronomie.

Je vous renouvelle, mon cher ami, l'assurance de mon ancienne amitié.

FAURIS DE SAINT-VINCENS.

(1) Voyez Magasin Encyclopédique, ann. 1806, t. 5, p. 143, 152 et suiv.

Lettres inédites de Peiresc.

A M. Thomas D'ARCOS, à Tunis.

A Boisgency, près Toulon, ce 13 Juillet 1630.

MONSIEUR,

En l'absence de M. Aycard, qui est encore en cour, où il s'acquitte fort dignement de la députation de Messieurs de sa ville, Mad. sa femme m'a communiqué la lettre que vous lui avés envoyée, du 25 Avril et 20 Juin, par le patron Feisseri, pour me faire voir les recommandations que vous la chargés de me faire, dont je vous remercie bien fort, et voudrois me pouvoir ressentir, en sorte que vous fussiez bientôt délivré de cette fâcheuse servitude. Je lui avois dit, que si vous estimiés que l'intercession de M. Napoulon vous y peut servir, je l'y employerois et le ferois agir le mieux qu'il me seroit possible; je le vous réitère maintenant, et si vous croyés que l'intervention encore de Monseigneur de Guise vous y soit utile, il y auroit encore moyen de la vous procurer. Faites moi seu lement savoir en toute liberté l'état de vos

affaires présentes, et ce que vous jugés qui se puisse faire pour vous, car je vous assure que je n'y épargneray jamais rien qui puisse dépendre de moi et de mon petit crédit. Cependant je déplore infiniment votre longue disgrace, et le surcroît qui vous y est survenu par votre mal des yeux, dont je prie à Dieu de vouloir bientôt vous délivrer, et remettre en la santé et liberté que vous désirés, et que vous mérités si justement. Si le commerce de la ville d'Aix étoit libre, je vous eusse envoyé sur le champ la mappemonde que vous désirés; mais je vous en ferai venir une de Lyon, maintenant qu'on commence d'ouvrir quelque commerce de ce côté là. Si j'eusse eu votre avis quinze jours plutôt, j'avois un frère à la cour, qui eût bien fait cette affaire; mais j'espère qu'il ne tardera Dieu aidant; et, s'il y a moyen d'avoir un grand globe, vous l'aurés aussi par le même moyen; car je voudrois bien vous pouvoir donner quelque satisfaction, et de quoi donner aussi à votre patron, ou à vos amis, pour vous concilier leurs bonnes grâces, en sorte qu'ils eussent remords de conscience de vous laisser languir si longuement comme ils ont fait jusques à cette heure. Voyés seulement, s'il y auroit autre chose qui fût propre à vos desseins de par de là, tâcherai de vous faire recouvrer tout

car

pas,

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