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RAPPORT sur un Mémoire de M. CASTELLAN, ayant pour titre : Essai d'un procédé encaustique ou de peinture à l'huile d'olives sur une impression de cire.-Commissaires: MM. Vincent, Taunay, Visconti, Quatremère de Quincy, le comte Chaptal, rap•porteur.

M. CASTELLAN, qui s'est déja fait connoître

avantageusement par des Lettres sur ses Voyages en Italie et dans le Levant, ainsi que par des Mémoires importans sur les arts, vient de soumettre à l'Institut un nouveau procédé de peinture sur lequel il a provoqué depuis plusieurs années les observations des gens de l'art.

La publicité que M. Castellan a donnée à son procédé a engagé plusieurs peintres à en faire usage. L'art y aura gagné sans doute; mais l'auteur finiroit par être privé du tribut de reconnoissance qui lui est dû pour sa découverte, si nous ne constations pas celle dernière, et si elle n'étoit pas soumise à un examen régulier.

Tome III. Juin 1815.

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M. Castellan a mis sous les yeux de l'Institut une suite de peintures exécutées sur toutes sortes de fonds. Ces peintures, ainsi que d'autres tableaux peints d'après le même procédé par des maîtres habiles, ont été exposés pendant plusieurs années à toutes les vicissi tudes de l'air et des saisons. L'auteur a développé aussi dans son Mémoire toutes les considérations qui tendent à démontrer les inconvéniens de la peinture à l'huile siccative; le procédé par lequel il propose de remplacer cette dernière, se rapproche beau coup, selon lui, du procédé des anciens.

La Classe des beaux arts, après avoir examiné les peintures que M. Castellan lui a présentées, et après avoir entendu deux fois la lecture du Mémoire explicatif de l'auteur, a jugé que cet ensemble d'expériences et de. travaux méritoit, par son importance et par la variété des parties dont il se compose, un examen plus spécial; elle a chargé les membres de son bureau, conjointement avec MM. Vincent et Taunay, de lui rendre compte du travail de M. Castellan; en même temps, elle a invité la Classe d'histoire et de littérature ancienne et celle des sciences physiques et mathématiques à adjoindre quelques-uns de leurs membres à sa commission. La Classe des

sciences physiques a nommé M. le comte Chaptal, la Classe d'histoire et de littérature ancienne a nommé MM. Visconti et Quatremère de Quincy.

Le rapport de cette commission se composera donc naturellement des observations d'art, d'archæologie et de chimie, que doi. vent faire naître les divers travaux de M. Castellan.

En commençant par ce qui regarde l'art, les commissaires ont pris plaisir à reconnoître que le procédé de peinture de M. Castellan avoit sur tous ceux du même genre, essayés jusqu'à présent, le très-grand avantage de ne pas trop contrárier les habitudes contractées dans toutes les écoles, et d'unir la pratiqué de la peinture à l'huile consacrée par un usage de quatre siécles, aux avantages que l'emploi de la cire procure aux tableaux sous le rapport de la conservation des couleurs. Les procédés de peinture à la cire, essayés depuis un demi-siécle, exigeoient du peintre, qu'il renonçât plus ou moins au mécanisme dont il avoit pris l'habitude. Or, la force de l'usage est très-grande en ce genre; il est dans la peinture un mérite si intimement lié au mode d'exécution, qu'un changement brusque à cet égard ne peut pas s'obtenir du

peintre, dont les idées tiennent aussi plus qu'on ne pense à la manière de les exprimer. C'est ce qui a nui jusqu'à présent à tous les changemens de procédés imaginés pour remplacer la peinture à l'huile; les hommes qui, par leur talent et leur réputation, seroient les plus propres à accréditer une nouveauté, sont en même temps ceux qui craignent le plus de s'y livrer, et qui auroient peut-être le plus de peine à le faire. Mais, d'après le procédé de M. Castellan, le peintre continue d'employer la couleur avec l'huile d'olive qui remplace seulement les huiles siccatives, et il l'employe sur un fond préparé à la cire, de sorte que le maniement. est le même.

La commission, en examinant divers ouvrages peints par M. Castellan, et exposés pendant plusieurs années en plein air, aux intempéries successives des saisons, a reconnu qu'aucune altération n'avoit eu lieu, ni dans les fonds, ni dans les objets du devant; qu'au cune gerçure ne s'étoit manifestée, qu'aucun changement ne s'étoit opéré dans les teintes et leurs rapports; qu'enfin la peinture n'avoit perdu qu'une très-petite partie de son éclat et de sa vivacité, 'effet qu'auroient éprouvé les substances colorantes elles-mêmes,

si elles avoient été soumises à une épreuve semblable.

> Quant à l'effet de ces peintures, il a paru tel à la commission, que le spectateur qui les considère, soit de près, soit de loin, n'est averti par rien du changement de procédé. Plusieurs paysages peints par M. Castellan, et deux portraits en grand peints par M. Taunay, et par le même procédé, sous les yeux de l'auteur, ont frappé la commission par leur ressemblance parfaite avec les peintures à l'huile; elle y a reconnu tout ce qui fait le mérite de cette dernière méthode, facilité de pinceau, franchise de touche, netteté d'exécution, légèreté de couleur, finesse et transparence de ton. Enfin, en mettant même à part ce qui tient au talent de l'artiste, elle y a trouvé réunies toutes les qualités qu'on peut demander à la peinture, et dont la réunion lui a paru d'autant plus précieuse, que ces qualités sont inaltérables.

La commission a été frappée encore de la facilité avec laquelle cette sorte de peinture (une fois qu'elle a obtenu, à l'aide de la chaleur du feu ou de celle du soleil, la dessiccation convenable) peut recevoir toute sorte de vernis, soit qu'on employe ceux qui sont formés de résines, soit qu'on use encore de

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