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de ses idées sur la formation des langues, mais elles ne sont point relatives au mécanisme de la versification ni aux élémens qui la constituent, ce qui m'interdit de les examiner.

Considéré dans son ensemble, ce Mémoire est l'ouvrage d'un homme qui a voulu soumettre la question au raisonnement plutôt qu'à l'observation; qui a cherché un principe général qui donnât l'explication de tous les faits, mais qui n'a pas donné aux faits toute l'attention qu'ils méritent. Quant au style, cet ouvrage laisse à désirer plus d'élégance et même de correction.

N. 2.

L'auteur du second ouvrage présenté au concours, a cru pouvoir traiter ce sujet en deux pages.

Dans toutes les questions proposées, il n'en a vu qu'une seule. Peut-on faire des vers français sans rime?

Pour toute réponse, il cite huit vers blancs, et il ajoute que les oreilles françaises ne s'accoutumeront jamais à cette sorte de vers. Que si les Grecs et les Latins ont fait autrement, c'est un pur effet de l'usage.

b

On voit que cette solution, qui peut être juste, n'est pas présentée de manière à ré

pandre quelques lumières sur les questions qu'on a jugé à propos d'examiner.

N. 3.

Nisi utile est quod fucimus,
stulta est gloria.

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Cette épigraphe de la Dissertation, enregistrée sous le n. 3, n'a peut-être pas un rapport bien direct avec le sujet; aussi l'auteur y a-t-il supplée par une seconde qui est prise de l'ouvrage du président Desbrosses.

« Notre langue française n'auroit jamais « été mise au point où elle est, si l'on eût « craint jadis d'y rien ajouter.» (Méchán. du langage.)

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« Le problême à résoudre se réduit, sui« vant l'auteur, à ce peu s de mots << avons-nous une connoissance intime d « rhythme?

du

« Toute langue est rhythmique, c'est-à« dire, apte à recevoir son rhythme pro<< pre.

« Le rhythme et la prosodie sont deux << choses différentes.

... ཙྩཱརཱ ? «Le principe du rhythme est dans le « mouvement;, celui de la, prosodie dans «<l'accent. Le premier est le résultat, de «l'action; le second celui de la passion.

« L'un est soumis à des lois fixes, invariables; << l'autre fluctue et se modifie sans cesse.

<<< L'accent prosodique, tout-à-fait distinct « du ton musical, appartient en entier au « son de la voix parlée; c'est une espèce « d'articulation mitoyenne entre la parole et <«<le chant mesuré. Les inflexions, aiguës « ou graves, glissées ou appuyées, qu'on « a mal-à-propos appelées brèves ou longues, « sont presque toutes irrationnelles relative«ment au temps. Elles ne deviennent ap<<< préciables et mesurées qu'au moyen du «ton musical, qui seul y manifeste le <<< rhythme : car, que le principe du ❝rhythme consiste dans le mouvement, et «dépende par conséquent de la mesure des « temps réglée par la musique, ce sont des << choses qui se prouvent. jusqu'à l'évi<< dence.

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<< Toute langue a une prosodie actuelle, « effective, plus ou moins flexible, rude ou « douce, âpre ou moëlleuse, véhémente ou << froide, accentuée ou monotone, suivant « le caractère du peuple qui la parle, et l'état de sa civilisation.

« Le rhythme existe en puissance dans << toute langue, mais il n'y passe en acte, «c'est-à-dire, il ne s'y développe que lorsque «l'idiôme, assez formé, rencontre des cirTome III. Mai 1815.

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<<< constances assez favorables pour effectuer « son développement.

<«<< Tout rhythme suppose un chant.

« Il faut que ce chant, sacré dès l'ori«gine, saisisse l'enfant au berceau, le suive << dans toutes les vicissitudes de sa vie, re<< tentisse en lui, et ne le quitte pas même au << tombeau.

<< Je conçois que nous avons beaucoup de <<< peine aujourd'hui à comprendre une pa«reille chose; mais telle est la vérité. La « musique, devenue pour nous aussi fri << vole qu'inconstante, étoit, pour les Anciens, <<< aussi sainte qu'inébranlable. >>

On voit que l'auteur, comme la plupart de ceux qui ont traité cette question, re connoît dans la déclamation deux élémens, l'accent, et le mouvement; mais il est à remarquer qu'il applique au rhythme ce que la plupart appliquent à la prosodie. Ce n'est (en supposant qu'il ait tort) qu'une transposition de noms assez indifférente.

Notre auteur a cherché l'origine du rhythme avec le secours d'une grande érudition.

Ce fut Orphée qui, de l'Egypte, apporta le rhythme aux Grecs, avec la civilisation. A cette époque, les Thraces avoient un autre rhythme, que les Phéniciens leur avoient transmis; et de cette rivalité des deux

rhythmes, la fureur des Bacchantes, les malheurs d'Orphée, et cette mort qui a inspiré de si beaux vers.

Le rhythme des Thraces passa chez les Etrusques, qui dominèrent en Italie, et fut admis dans la première poésie des Latins. Mais

Græcia victa ferum victorem cepit, et artes
Intulit agresti Latio: sic horridus ille
Defluxit numerus Saturnius,

Les Romains finirent par adopter le rhyhtme d'Orphée avec ses rits sacrés et sa mythologie.

Les barbares firent disparoître le rhythme avec la poésie. Quelques siécles après la destruction de l'Empire Romain, on essaya des vers où l'on aperçut d'abord la rime et ensuite quelques vestiges de rhythme et de prosodie. Mais, pour me servir ici d'une comparaison ingénieuse que fait l'auteur de ce Mémoire, «en apprenoit péniblement « dans les écoles à placer les signes de quan«tité sur ce qu'on appeloit les longues et « les brèves; on imitoit froidement ce qu'on « voyoit exécuté dans les poèmes antiques, « et on plaçoit les mots à leur rang, comme « un maçon place les pierres taillées, dé« molies d'un édifice ancien, pour en élever « une muraille rustique.

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