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Des temples furent élevés, avec le temps, à tous ceux qu'on avait supposés nés de la divinité.

Nous sommes entrés dans ces détails, et nous avons consacré un paragraphe à ce fait grammatical, parce que beaucoup de personnes croient encore que, dans ce gallicisme, on doit considérer l'infinitif être comme une expression essentielle, tenant lieu d'une proposition sous-entendue et conséquemment du verbe sous la dépendance duquel se trouve le complément direct placé devant le participe; d'où résulte l'invariabilité du participe; c'est là une doctrine grammaticale fausse et contraire à tout esprit d'analyse et de logique; car jamais un mot surabondant, une expression explétive qu'on peut supprimer sans altération ni modification du sens, ne peut être considérée comme un terme influent et essentiel.

Voltaire a donc écrit avec raison :

Quant à son mors, il doit être d'or à vingt-trois carats; car il en frotta les bossettes contre une pierre que j'ai RECONNU être une pierre de touche, et dont j'ai fait l'essai.

Participe laissé précédé d'un complément et suivi

d'un infinitif.

Le participe passé laissé suit les mêmes règles que les participes passés des verbes transitifs précédés d'un complément et suivis d'un infinitif; quand le complément dépend du participe, celui-ci prend le genre et le nombre du complément, tandis qu'il reste invariable quand le complément est sous la dépendance du verbe à l'infinitif.

On peut même établir en principe, pour laissé et pour tous les participes passés, précédés d'un complément direct et suivis d'un infinitif, qu'ils s'accordent avec le complément quand l'infinitif qui suit a le sens intransitif, et qu'ils sont invariables quand l'infinitif qui est placé après eux a le sens transitif.

Ainsi on écrira avec accord:

J'ai commencé à la hâte, et mon sujet s'étendant sous ma plume, je L'ai LAISSÉE aller sans contrainte.

Et je vous ai laissés tout du long quereller,
Pour voir où tout cela pourrait enfin aller.

(Molière.)

Vous n'êtes pas venus à bout de votre dessein; le monde vous a LAISSÉS rire et pleurer tout seuls. (Racine.) Jul

Et l'on écrira sans accord: 9 |

Ils étaient punis pour les maux qu'ils avaient LAISSÉ FAIRE sous leur autorité. (Fénelon.)

Brutus reproche à Cassius les rapines qu'il a LAISSÉ EXERCER par les siens en sie. (Voltaire.)

Quelques grammairiens prétendent que laissé, placé avant les intransitifs tomber, mourir, vivre, etc., doit être considéré comme une sorte d'auxiliaire invariable, formant avec l'infinitif une expression verbale indivisible : le contraire est facile à prouver; il suffit de placer le complément entre le participe et l'infinitif pour démontrer que ce complément est sous la seule dépendance du participe laissé, et non pas sous la dépendance de l'expression totale formée par le participe et l'infinitif.

Ainsi l'on doit écrire :

Ses ennemis qu'il a LAISSÉS tomber, mourir, vivre,

parce qu'on peut dire :

Il a LAISSÉ SES ENNEMIS tomber, mourir, vivre,

transposition qui serait impossible, si le participe était suivi d'un infinitif ayant le sens transitif.

Participe fait précédé d'un complément direct et suivi

d'un infinitif.

Le participe fait, suivi d'un infinitif, est toujours invariable; c'est une sorte d'auxiliaire qui n'a par lui-même aucune signification propre, et qui forme avec l'infinitif qui le suit une expression verbale indivisible:

Les serpents paraissent privés de tout moyen de se mouvoir, et uniquement destinés à vivre sur la place où le destin les a FAIT NAÎTRE. (Lacépède.)

Ce sont mes sentiments qu'il vous a fait entendre.

(Molière.)

Loin de les décrier, je les ai fait paraître;

Et souvent, sans ces vers qui les ont fait connaître,
Leur talent dans l'oubli demeurerait caché.

(Boileau.)

Il prétend que cette comédie est à lui, et se plaint des imprimeurs qui L'ont FAIT COURIR sous le nom d'un autre. (Corneille.)

De la cime des monts tout prêt à disparaître,

Le jour sourit encore aux fleurs qu'il a fait naître.

(Michaud.)

Dans ces exemples, le participe fait forme avec l'infinitif une expression verbale de sens transitif ; le complément qui le précède n'appartient pas au participe, et ne peut être attribué non plus à l'infinitif pris isolément; il dépend de l'expression totale formée par le participe fait et l'infinitif qui suit.

Cette construction n'est autre chose qu'un gallicisme, sans correspondance dans les autres langues : le participe communique le sens transitif à tous les infinitifs qu'il précède, sans excepter même ceux qui de leur nature sont essentiellement intransitifs.

Cette forme est quelquefois traduisible en français par une seule expression; mais il est presque impossible d'en trouver le juste

équivalent, car, si nous changions qu'il vous a fait entendre, du second exemple, en qu'il vous a exprimés, et qui l'ont fait courir, du troisième, en qui l'ont répandue, nous dirions d'un côté plus que Molière, et de l'autre, moins que Corneille.

Quant à faire mourir, il est intraduisible.

Participe passé ayant pour complément un infinitif

sous-entendu.

Après les participes dú, pu, voulu, permis, on ellipse souvent l'infinitif; dans ce cas, le participe est invariable, attendu que le pronom qui le précède est le complément de l'infinitif sous-entendu :

Je lui ai lu mon épître posément, jetant dans ma lecture toute la force que j' i PU. (Boileau.)

C'est-à-dire, jetant dans ma lecture toute la force QUE j'ai pu

JETER.

Il a fait pour le bien recevoir toutes les dépenses QUE sa fortune lui a permis. C'est-à-dire, QUE sa fortune lui a permis de FAIRE.

Vous ne lui avez pas adressé tous les remerciments que vous auriez Dû.

C'est-à-dire, QUE vous auriez dù lui ADRESSER.

Dans tous ces exemples, le complément qui précède le participe est sous la dépendance d'un infinitif sous-entendu, lequel est le véritable terme complémentaire de l'infinitif.

OBSERVATION. — Dû, permis, voulu, s'emploient quelquefois dans le sens transitif; alors le participe a une signification complète, et ne régit aucun terme sous-entendu.

Ainsi l'on écrit avec accord:

Il m'a compté hier les sommes qu'il m'a DUES pendant dix ans.

Je tiens à user des libertés que les lois et la morale ont toujours PERMISES.

Il faut vouloir fortement les choses qu'on a une fois voulues.

Participe passé ayant pour complément un proposition
subordonnée exprimée ou sous-entendue.

Le participe passé placé entre deux que, c'est-à-dire employé dans une proposition incidente, suivie d'une proposition subordonnée, est invariable.

La lettre QUE j'ai PRÉSUMÉ QUE vous recevriez est enfin arrivée. (Marmontel.) Le premier que est un pronom relatif représentant lettre, son antécédent; le second que est une conjonction qui unit la proposi

tion vous recevriez au passé indéfini a présumé, sous la dépendance duquel elle est placée; le seul complément direct de la phrase, que employé pour lettre, est donc régi par recevriez, et ne dépend en aucune façon du participe, qui, conséquemment, reste invariable. En analysant la phrase, nous avons :

1re PROPOSITION: La lettre vient d'arriver,

2o PROPOSITION : J'ai présumé (cela)

3o PROPOSITION: (Que) vous recevriez QUE (LAQUELLE lettre). Il peut arriver qu'il y ait ellipse de la proposition subordonnée; dans ce cas, le participe reste encore invariable, car alors il a pour complément la proposition sous-entendue, et le pronom qui le précède est sous la dépendance du verbe de cette même proposition:

S'il avait demandé M. de Fontenelle pour examinateur, je lui aurais fait tous les vers qu'il aurait voULU. (Voltaire.)

C'est-à-dire, je lui aurais fait tous les vers qu'il aurait voulu que je lui FISSE.

Participe passé précédé de l', complément direct.

Le participe passé a quelquefois pour complément direct le pronom élidé ľ, représentant soit un nom, soit un adjectif, un infinitif ou une proposition.

1° Si représente un nom, le participe est alors variable, et prend le genre et le nombre du mot dont il tient la place:

Cette nouvelle, vous l'avez donc CRUE? Je l'ai CRUE.

C'est-à-dire, vous avez donc cru ELLE? j'ai cru ELLE.

Si nouvelle était employé au pluriel, l' qui le représente se traduirait très-bien par les, et l'on dirait :

Ces nouvelles, vous LES avez donc CRUES? Je LES ai CRUES.

2° Si riable:

représente une proposition, le participe est alors inva

Sa vertu était aussi pure qu'on L'avait CRU jusqu'alors. (Vertot.)

Qu'est-ce qu'on avait cru? Est-ce sa vertu? Non; mais on avait cru que sa vertu était pure. Le pronom élidé ľest ici du genre neutre, et conséquemment est invariable ; il équivaut à cela, expression implicite qui renferme en elle cette proposition: qu'elle était pure.

Si l'on faisait passer ce dernier exemple du singulier au pluriel, aurait-on :

Ses vertus étaient aussi pures qu'on LES avait CRUES?

Non, car cette construction ne traduirait pas la pensée qu'on veut exprimer; mais on dirait :

Ces vertus étaient aussi pures qu'on l'AVAIT CRU jusqu'alors.

OBSERVATION. — La même phrase peut quelquefois être différemment entendue, et le même participe peut s'écrire variable et invariable, quand l'est également traduisible par un nom et par une proposition.

Ainsi l'on écrirait également bien :

Il a une campagne comme il L'a SOUHAITÉ,
Et: Il a une campagne comme il L'a SOUHAITÉE.

La pensée, dans la première phrase, est celle-ci : comme il SOUHAITÉ D'EN AVOIR UNE.

a

La pensée, dans la seconde phrase, est telle qu'il a SOUHAITÉ

ELLE.

Participe passé des verbes intransitifs ou neutres.

Le participe passé des verbes intransitifs peut être employé sans auxiliaire, ou accompagné de l'auxiliaire être ou de l'auxiliaire

avoir.

I. Employé sans auxiliaire, c'est un véritable qualificatif qui prend le genre et le nombre du nom ou du pronom qu'il modifie :

Eux venus, le lion sur ses ongles compta,
Et dit: Nous sommes quatre à partager la proie..
Puis en autant de parts le cerf il dépeça.

(La Fontaine.)

II. Conjugué avec l'auxiliaire étre, c'est encore un qualificatif qui s'accorde avec le terme auquel il se rapporte :

(La Fontaine.)

Tous les maux sont venus de la triste Pandore. Ils disaient qu'ILS étaient ENTRÉS dans cette maison les plus innocents des hommes, et qu'ils en étaient SORTIS les plus coupables. (Bossuet.)

III. Conjugué avec l'auxiliaire avoir, tout participe d'un verbe intransitif est invariable :

La justice et la modération de nos ennemis nous oNT plus NUI que leur valeur.

L'histoire luit; soudain les temps ont reculé;
L'ombre a fui; les tombeaux, les débris, ont parlé.
Leurs clans ont triomphé sous le lambeau de soie
Qui, brodé par mes mains, dans nos rangs se déploie.
La foi dans tous les cœurs est pour moi disparue.

(Marmontel.)

(Legouvé.)

(C. Delavigne.) (Racine.)

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