Oldalképek
PDF
ePub

ceux qui croiraient en lui opéreraient de grands miracles, et nous avons encore vu cette prédiction parfaitement réalisée (1). Enfin, il a déclaré à ses apôtres les persécu→ tions, les souffrances, la mort, auxquelles les a en effet dévoué leur ministère (2).

VII. J'ai, dans une précédente dissertation, rapporté diverses prophéties de notre Sauveur, sur l'établissement et la propagation de sa religion, et j'ai montré l'accomplissement entier de ces oracles, soit dans le fait principal, soit dans ses diverses circonstances (3) : je crois inutile d'y revenir.

VIII. Mais voici une autre prophétie de notre divin Sauveur, bien authentique, bien formelle, bien claire, bien circonstanciée, et qui seule suffirait pour former une démonstration complète de la divinité de sa mission: c'est celle qu'il a faite de la destruction de Jérusalem et de la ruine totale de la république judaïque. Cette prophétie est rapportée très-en détail par trois évangélistes, saint Matthieu, saint Marc et saint Luc (4).

(1) V. ibid., n° 1.

(2) V. Dissertation sur la propagation de la religion, chap. 11; art. 6, no 71, notes 140, 141.

Faturam enim esse, dixit Christus, ut occidercmur, et odio haberemur propter nomen ejus ac falsi prophetæ, et falsi Christi in nomine ejus multi prodirent, et plurimos seducerent, quod quidem evenit. S. Justinus, Dial. cum Tryphone, cap. 82.

a

Prædixit apostolis Christus Dominus certamina et pericula quæ habituri erant cum Judæis, et gentibus doctrinam inferrent. « Ecce enim, ait illis, ego mitto vos sicut oves in medio luporum, etc. » Hæc autem singula, o amici, reipsa cernimus evenisse, cum his enim periculis et apostoli lucem orbi tcrrarum attulerunt et illorum successores religionem ab eis acceptant conservarunt. Cujus rei fidem faciunt sepulcra martyrum quæ nbique, terra, marique resplendent, veritatemque prædicant divinarum prædictionum. Theodoretus, sermo 11; de Pine et Judicio.

(3) V. la Dissertation sur la propagation de la religion, chap. 2; art. 6, no 71 et suiv.

(4) Matth. 24; 1 et seq.; Marc 13; 1 et seq; Luc. 19; et seq; 21; 5 et seq.

IX. J'observe d'abord que ces trois évangélistes ont publié leur récit avant l'événement. Saint Jean, qui n'a écrit son évangile que depuis la ruine de Jérusalem, ne rapporte pas cette prophétie, parce qu'elle n'aurait plus eu dans sa bouche la même force. Mais produite par les trois autres, elle forme une preuve démonstrative (1). Elle ne peut pas avoir été adaptée à l'événement soit par Jésus-Christ, soit par ses évangélistes, puisque, lorsqu'elle a été faite et lorsqu'elle a été publiée, non-seulement elle n'était pas accomplie, mais son accomplissement était éloigné de toute vraisemblance : les Juifs, soumis aux Romains, ne songeaient pas à se révolter; et les Romains, de leur côté, laissant les Juifs vivre selon leurs lois, et suivre leur religion, ne cherchaient pas à les inquiéter. Aucune lumière naturelle ne pouvait faire prévoir un si terrible événement, aucune cause alors connue ne paraissait devoir l'amener. Mais surtout, à moins d'être éclairé d'une lumière surnaturelle, il était impossible d'apercevoir tous les détails très-multipliés, toutes les circonstances diverses que Jésus-Christ annonce. L'accomplissement ne peut pas plus être révoqué en doute que la prédiction: il est raconté, et toutes les particularités, même les plus minutieuses, prédites par Jésus-Christ, sont rapportées par Josephe, prêtre juif, et par Suétone et Tacite, historiens païens très-opposés au christianisme. Il ne s'agit donc que de comparer leurs narrations aux prédictions: le rapport des unes et des autres est évidemment convaincant.

Nous pouvons encore produire une autre preuve que cette prophétie de notre Seigneur était connue avant le temps où elle s'est effectuée : c'est la conduite des chré

(1) Tu vero mihi spiritus dispensationem consideres velim. Nihil horum scripsit Joannes, ne videretur ex eventu ipso hæc scripsisse ; nam ad multum ab excidio Jerosolymitano tempus vitam produxit. Sed ii qui ante illud excidium mortui nihil horum viderunt, hæc describunt, ut prædictionis vis undique fulgeat. S. Joan. Chrysost. in Matth., homil. 66 ; no 2.

Des Prophéties,

15

tiens au moment où éclata la guerre entre les Romains et les Juifs. Ils ne restèrent pas dans la Judée, mais ils se retirèrent avec saint Siméon, leur évêque, dans la ville de Pella, au delà du Jourdain, et hors du théâtre des combats, et cela d'après ce que leur avait annoncé leur divin maître, et selon l'ordre qu'il en avait donné (1). X. II Y a dans les discours de Jésus-Christ sur la ruine de Jérusalem, presque autant de prophéties que de paroles. Pour mettre de l'ordre dans la discussion, présentons d'abord les circonstances qui, selon lui, devaient précéder la destruction de cette ville; nous examinerons ensuite celles qui devaient l'accompagner.

On peut rapporter à cinq chefs principaux les circonstances que Jésus-Christ déclare devoir précéder la ruine des Juifs et en être les avant-coureurs.

1o Il viendra des faux prophètes et des imposteurs (2). S'il eût été commun alors comme il avait été dans le temps des royaumes de Juda et d'Israël, de voir se présenter des faux prophètes, on pourrait prétendre que cette prédiction était de l'ordre naturel: mais depuis la captivité de Babylone on n'avait pas vu de faux prophètes; comment donc pourrait-on deviner qu'il en surviendrait précisément dans ces temps-là? Il en parut cependant plusieurs, conformément à la prophétie du Seigneur : Simon le magicien (3); Elymas (4); un Egyptien dont il est parlé aux Actes des apôtres et dans l'histoire de Josephe (5); Dosithée (6). On peut joindre à

(1) Cum autem videritis circumdari ab exercitu Jerusalem, tune scitote quia appropinquavit desolatio ejus. Tunc qui in Judæa sunt, fugiant ad montes ; et qui in medio ejus, discedant ; et qui in regionibus, non intrent in eam. Luc. 21; 20, 21; V. Matth. 24; 15 et seq.; Marc 13; et seq.

(2) Et multi pseudo-prophetæ surgent, et seducent multos. Matth. 24; 11; V. Marc. 13; 6.

(3) V. Act. vin; 9, 10.

(4) V. Act. xii; 6.

(5) Voyez Act. xx1; 38, Joseph. Antiq. jud., liv. 20 ; chap. 2 ; et Guerre des Juifs, liv. 2; chap. 23.

(6) V. Origenes contra Celsum, lib. 1; no 17.

ceux-là Apollonius de Tyane, contemporain du siége de Jérusalem. Et peut-être y en eut-il encore d'autres dont l'histoire ne fait pas mention.

2o Il y aura des guerres et des combats; la nation s'élèvera contre la nation, le royaume contre le royaume (1). D'après cet oracle, l'empire romain fut troublé par des guerres intestines très-violentes. Tout l'intervalle, depuis la mort de Néron jusqu'à la prise de Jérusalem, ne fut qu'une suite de guerres civiles entre Othon, Vitellius et Vespasien. Josephe rapporte aussi des séditions et des révoltes arrivées en divers pays, à Césarée, à Scythopolis, à Ptolémnaïde, à Tyr, à Gardare, à Damas, Alexandrie.

[ocr errors]

3o Il surviendra des famines, des pestes, des tremblements de terre (2). Et on voit en effet, dans l'intervalle entre la prédiction et l'accomplissement, des malheurs devenus fréquents. Sous l'empire de Claude, il y eut deux famines, dont Dion, Tacite et Suétone parlent avec détail. La Judée n'en fut pas exempte, et Josephe en raconte une (3), qui est, à ce qu'on croit, la même qu'Agabus avait prédite, et dont il est parlé aux Actes des apôtres (4) et dans Eusèbe (5). Suétone rapporte qu'une peste désola la ville de Rome, l'onzième année du règne de Néron ; et Tacite parle d'une autre qui dévasta la Campanie. Selon Josephe, il y en eut aussi une violente à Jérusalem (6). Quant aux tremblements de terre, Pline, Tacite, Strabon, font mention de beaucoup de villes renversées par ce fléau dans l'Asie, la Sicile, la Calabre, la Campanie, le Pont, la Macédoine, l'Achaïe.

(1) Audituri enim estis prælia, et opiniones præliorum... Consurget enim gens contra gentem, ct regnum in regnum. Matth. 24,6, 7; V. Marc. 13; 8; Luc. 21; 11.

(2) Et erant pestilentiæ, et fames, et terræ motus per loca. Matth. 24;7; V. Marc. 13; 8; Luc. 21; 11.

(3) Antiq. jud., liv. 20; chap. 3.

(4) Act. 11; 28.

(5) Eusebius, Hist. eccles., lib. 2; cap. 8. (6) Guerre des Juifs, liv. 6; chap. 45.

4o A ces fléaux de la terre, Jésus-Christ ajoute des choses épouvantables et des signes qui paraîtront dans le ciel (1). Cette prédiction, qui ne pouvait être faite avec vérité que par le pouvoir suprême, seul capable de la réaliser, s'est accomplie littéralement de même que les autres. Il est impossible d'en douter en voyant l'accord parfait sur ces faits de deux historiens différents entre eux de préjugés, et opposés au christianisme : ce sont Tacite et Josephe. Ils rapportent qu'avant le siége de Jérusalem on vit des prodiges frappants: des armées parurent se répandre dans les airs; une lumière soudaine au milieu de la nuit environna le temple et l'autel; les portes du temple, qui étaient d'airain, et que vingt hommes pouvaient à peine remuer, s'ouvrirent d'elles-mêmes; une voix forte sortit du sanctuaire, répétant à plusieurs reprises: Sortons d'ici (2)!

5o Enfin, une autre prédiction du Sauveur est qu'alors, ou, comme le dit saint Luc, avant que les autres maux n'arrivent, les apôtres seront livrés, seront tour

(1) Terroresque de cœlo et signa magna erunt. Luc. 21; 11.

(2) Evenerunt prodigia quæ neque hostiis, neque votis piare fas habet gens superstitioni obnoxia. Vişæ per cœlum concurrere acies, rutilantia arma, et subito nubium igni colluccre templum, expansæ delubri fores, et audita major humana vox, excedere Deos. Tacitus, Hist. lib. 5, cap. 13.

Avant que la guerre fût commencée, le peuple s'étant assemblé le huitième du mois d'avril pour célébrer la fête de Pàques, on vit en la neuvième heure de la nuit, durant une demi- heure, à l'entour de l'autel et du temple une si grande lumière, qu'on aurait cru qu'il était jour... Environ la sixième heure de la nuit, la porte du temple quifregardait l'orient, qui était d'airain, et si pesante que vingt hommes pouvaient à peine la pousser, s'ouvrit d'elle-même, quoiqu'elle fût fermée avec de grosses serrures, des barres de fer et des verrous qui entraient bien avant dans le seuil, fait d'une seule pierre... Avant le lever du soleil, on aperçut en l'air, dans toute cette contrée, des charriots pleins de gens armés traverser les rues, et se répandre à l'entour des villes, comme pour les renfermer le jour de la fête de la Pentecôte. Les sacrificateurs étant la nuit dans le temple intérieur pour célébrer le divin service, entendirent du bruit ; et aussitôt après une voix qui répéta par plusieurs fois: Sortons d'ici! Josephe, Guerre des Juifs, liv. 6; chap. 31.

« ElőzőTovább »