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et qui prétendent annoncer l'avenir d'après les révélations du démon.

X. On présente, comme un signe de la prophétie, la sainteté du prophète. Mais il faut convenir que ce ne peut pas être un signe positif : le caractère moral d'un homme ne peut pas être assez parfaitement connu, pour former une preuve démonstrative de sa véracité : un hypocrite peut très-bien venir, au nom de Dieu, apporter de fausses prophéties. On pourrait même prétendre que ce n'est pas absolument une note négative; qu'à parler strictement, le défaut de sainteté ne prouve pas la fausseté du prophète. Par exemple, le fait de Balaam, personnage très-éloigné de la sainteté, et cependant honoré du don de prophétie, montre que Dieu se sert quelquefois de pareils ministres (1). Mais un exemple, et peutêtre encore un très-petit nombre d'autres, ne doivent pas former un principe; et quand on connaît celui qui se donne pour prophète comme un homme vicieux, on est légitimement fondé à croire que Dieu n'en a pas fait son organe.

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XI. Un autre signe distinctif de la vraie et de la fausse prophétie, est, dit-on, la pureté de la doctrine en faveur de laquelle elle est faite cette note n'est pas plus que les précédentes positive. Il est possible qu'un homme, pour s'attirer de la considération, se donne faussement pour prophète, annonce des événements éloignés qui ne se réaliseront pas, et qu'en même temps, pour ne pas se décréditer, il prêche la doctrine la plus pure: ce sont des choses très-conciliables que la saine doctrine et les mau

(1) V. Num., cap. 22, 23 et 24. On présente aussi comme un exemple d'un homme criminel Caïphe, prophétisant que Jésus-Christ devait mourir pour son peuple. (V. Joan. 11; 59 et seq.) Mais il est impossible de regarder le mot de ce grand-prêtre comme une prophétie dans le sens strict: il posait une maxime, mais il n'annonçait pas un fait; et si, contre son intention, il arriva un fait conforme à sa maxime, ce fut dans un sens contraire à celui qu'il entendait. Ce rapport doit être considéré plutôt comme une allusion, que comme l'effet d'une prédiction.

vaises mœurs, que la vérité sur un point et l'imposture sur un autre. Mais la fausseté de la doctrine pour laquelle est faite la prophétie, est une marque certaine de la fausseté de la prophétie, et est véritablement une note négative. Il ne peut pas être l'organe de la divinité, celui qui prêche des dogmes évidemment absurdes, ou une morale notoirement perverse (1); Dieu se contredirait lui-même, si sa prophétie était en opposition avec ce qu'il nous enseigne. L'exemple de Balaam ne peut être objecté sur ce point; il n'avait pas sans doute une saine doctrine, mais ce n'était pas pour accréditer ses erreurs qu'il prononçait sa prédiction.

Passons maintenant des notes négatives aux positives, et des caractères qui font discerner les fausses prophéties à ceux qui font connaître les véritables. J'en remarque d'abord deux : les miracles opérés par les prophètes, et les prophéties d'événements prochains exactement réali– sées (2).

XII. Le miracle est, comme nous l'avons montré, le

(1) Si surrexerit in medio tui prophetes, aut qui somnium vidisse se dicat, et prædixerit signum atque portentum, et evenerit quod locutus est, et dixerit tibi, eamus, et sequamur deos alienos quos ignoras, et serviamus eis; non audjes verba prophetæ illius. Deuter. 13; 1, 2, 3.

Notum vobis facio quod nemo in spiritu Dei loquens dicit anathema Jesu. 1 Cor. 12; 3.

(2) Verum quoniam, ut ante dixi, prophetia non eodem ipso tempore suum exitum habebat, sed verba tune proferebantur, res autem post diuturna, inde tempora exitum habitura erant, cum jam nonnulli ex his qui audierant sæpe mortem obiissent, nec potuissent de dictorum exitu judicare; vide quid faciat, et moliatur Deus prophetiam prophetiis connectit: iis quæ post longum tempus eventura essent, eam cujus exitus propè erat; per eam quæ in illa generatione exitum habitura erat, iis quorum eventus post diuturnum tempus futurum erat maximam fidem faciens. In evangeliis autem hoc utilitatis genus alio modo tractat, miracula prophetiis copulans, aliud alio confirmans. Exempli causa, accessit aliquando ad eum leprosus, et mundatus est; ac post illum rursus puer centurionis a gravi illo morbo liberatus est : signaque hæc magna erant; et tamen non in signis stetit, sed et prophetiam adjecit. Quia enim centurio admirandam illam, et magnam

sceau de la divinité, la lettre de créance que le ToutPuissant donne à ses envoyés. Lors donc qu'un homme s'annonçant comme un prophète du Seigneur, opère de vrais miracles, il prouve qu'il est en effet le ministre du Très-Haut, et que foi doit être ajoutée à ses paroles, comme émanées de la véracité divine. Si ses paroles sont des prédictions, il est évident à tous ceux qui ont la certitude des miracles, que ce sont de vraies prophéties, et refuser d'y croire est refuser croyance à Dieu lui-même. Nous voyons souvent, dans l'Ancien Testament, les prophètes accréditer leur mission en faisant des miracles, et dans le Nouveau, Jésus-Christ confirmer ses oracles par les prodiges qu'il opère (1): souvent le peuple, frappé d'étonnement à la vue de ses merveilles, à cette mar

exhibuerat fidem, qua puerum ab ægritudine eripuit, hæc subdidit Christus: « Multi ab oriente et occidente venient, et recumbent cum

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Abraham, Isaac et Jacob: filii autem regni ejicientur extra. » Hæc porro dicebat, et gentium ecclesiam, et Judæorum reprobationem prænuntians, quod etiam nunc opere completum est, et sole clarius omnibus exhibetur: sed tunc obscurum erat, et ab incredulis non facile admittebatur. Ideoque signum tunc exhibitum præcessit, quod multam fidem faciebat rei post ea eventura; quemadmodum et ipsa prophetia, quæ nunc opere completur, signo tunc facto, magnam præbet confirmationem. Quid dixerit incredulus? An mundatum non fuisse leprosum? Respiciat in prophetia veritatem, ut illa perspecta signo fidem habeat. Quid porro dixerint illi tunc Judæi? An ea quæ ille dicebat non esse vera? Respiciant leprosum mundatum, et ex beneficio illi allato futuris non neget fidem: cum maximum illi prophetiæ pignus acceperint, nempe signum ; ut hodierni signi pignus per prophetiam habent. Vides quomodo alterum altero confirmatur. S. Joannes Chrysost. in Isaiæ, cap. 7; no 1.

(1) Cum advenisset igitur, et salutis hominum negotium ageret, tum eorum qui tunc in vivis, tum etiam eorum qui post futuri erant variis illam modis procurabat. Vide, quæso, quid faciat: miracula cdit, et quædam prædicit longis postea temporibus eventura. Ac per ea quæ tunc fiebant, iis quæ diu postea futura erant auditoribus præsentibus fidem faciens, futuris quoque ex eventu prædictionum credibilia reddens iniracula illo tempore edita', atque ex hac duplici demonstratione fidem faciens iis quæ ad fidem pertinebant. S. Joanne's Chrysost. adv. Judæos quod Christus sit Deus, no 11.

que le reconnaissait hautement pour un prophète (1). XIII. Un autre moyen dont j'ai déjà dit un mot, par lequel Dieu confirme la vérité des prophéties qui ne doivent se réaliser que dans des temps reculés, est de produire d'autres prophéties dont le terme est très rapproché. Ceux qui voient l'accomplissement actuel de celles-ci, ne peuvent pas douter de l'accomplissement futur de celleslà; ils sont assurés que Dieu, qui a fait cadrer l'événement avec les unes, ne se démentira pas, et saura de même effectuer les autres (2). C'est ainsi que dans l'ancienne loi les prophètes annoncent souvent des faits de l'ordre temporel, qui doivent arriver dans des temps plus ou moins prochains; ils confirment par ce moyen et rendent certaines toutes leurs prédictions lointaines sur le Messie et sur sa religion. « Les prophètes, dit

Pascal, sont mêlés de prophéties particulières et de « celles du Messie afin que les prophéties du même ne

fussent pas sans preuves, et que les prophéties parti«< culières ne fussent pas sans fruit (3). » De même Jésus-Christ prédisant ce qui devait arriver incessamment à lui-même, à ses disciples, au peuple juif, donnait à la génération même qui voyait se réaliser ces prophéties, la certitude de l'àccomplissement de ses prophéties plus éloignées, sur l'étendue et la perpétuité de sa religion, et sur son second avènement.

(1) V. Matth. 21; 2. Luc. 7; 16. Joan. 4; 19. 6; 14. 9; 17; et alibi.

(2) Et idcirco vel maxime prophetæ apud populum sermonum suorum habebant fidem, quia non solum de iis quæ multa post sæcula futura erant, sed etiam quæ incontinenti, et non post grande temporis spatium essent implenda memorabant. S. Hyeronimus in Isaic caput 38; lib. 11.

Non solum ea quæ multa post sæcula futura sunt, propheticns sermo prædicit; sed et vicina et quæ statim vaticinium consequuntur... ut qui viderint rebus expleta quæ ante nuntiata sunt, convertantur ad cultum Dei, in cujus prophetis divinationis est veritas. Idem in cap. 7; Amos, 3.

(3) Pensées de Pascal, chap. 15; no 13.

XIV. Une dernière note de la prophétie, et celle-là est la plus décisive, celle qui captive le plus communément l'assentiment, c'est son accomplissement; mais il faut que cet accomplissement n'ait pu ni avoir lieu par hasard, ni être naturellement prévu : ce caractère est à la fois positif et négatif. Il est évident, d'une part, qu'un événement qui n'a pu être prévu que par Dieu, n'a pu être prédit que par lui (1) ; et de l'autre part, il est également évident qu'une prédiction qui ne se réalise point ne vient point de Dieu, qui n'a pu ni se tromper ni vouloir tromper (2).

XV. Ici, quelques incrédules nous font une difficulté. La prophétie dépend de l'événement, et l'événement dépend de la prophétie; la prédiction ne prouve que parce qu'elle est réalisée, et la réalisation ne prouve que parce qu'elle a été prédite. N'est-ce pas là évidemment un

(1) Propheta qui vaticinatus est pacem: cum venerit verbum ejus, scietur propheta, quem misit Dominus in veritate. Jerem. 28; 9.

Et cum venerit quod prædictum esse (ecce enim venit), tunc scient quod prophetes fuerit inter eos. Ezech., 33; 33.

Idoneum testimonium divinitatis est veritas divinationum. Tertullianus, Apol., cap. 20.

Sin autem fidem non habes prophetis, signa aperta et ̧manifesta præbemus quæ maxime ostendunt eos a Deo fuisse inspiratos, et nihil nobis disernisse quod ex se afferrent, sed divina illa gratia, et super cœlesti afflatos. Quæcumque enim ab iis dicta sunt, finem sunt assecuta, et omnia ad veram veritatem devenerunt. S. Joannes Chrysost., Expos. in psalm. 4; no 11.

Firmitas enim fidei in eo est , quia omnia quæ evenerunt in Christo prædicta sunt. S. Augustinus in cap. 2; epist. S. Joan., Tract. no 2. (2) Quod si tacita cogitatione responderis, quomodo possum intelligere verbum quod Dominus non est locutus? Hoc habebis signum quod in nomine Domini propheta ille prædixerit, et non evenerit, hoc Dominus non est locutus; sed per tumorem animi sui propheta confinxit ; et idcirco non timebis eum. Deuter. 18; 21, 22.

Infelix oraculi exitus argumentum est infirmitatis illius a quo ea per oraculum prædicta quæ non evenerunt. Quæstiones ad Orthodoxum, quæst. 146.

Intelligis in rerum prædictarum frustratione, quod non ex Deo quippiam prædictum sit; veritatis enim est amica veritas. S. Cyrillus Alex., de Ador. in spiritu et verit., lib. I, circa init.

Des Prophéties.

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