Oldalképek
PDF
ePub

cours des siècles à tous les pécheurs sa parole qui convertit; » puis il

continue :

Textes des éditeurs.

C'est cette parole que nous vous portons. Plût à Dieu que nous pussions détacher de notre parole tout ce qui flatte l'oreille, tout ce qui délecte l'esprit, tout ce qui surprend l'imagination, pour n'y laisser que la vérité toute simple, la seule force et l'efficace toute pure du Saint-Esprit, nulle pensée que pour convertir! O morts, c'est donc à vous que je parle, non à ces morts qui gisent dans ce tombeau....., mais à ces morts parlans et écoutans 1.

Vous voulez cacher vos années, et non-seulement les cacher, mais résister à leur cours qui emporte tout.... Est-ce là cette gloire du corps de Jésus? [Il est] une autre santé, une autre beauté, une autre vie. Hé! laissez-vous dépouiller de ce fragile ornement qui ne fait que nourrir votre vanité 2...

Renouvelons les voeux de notre baptême: je renonce [à Satan, à ses pompes et à ses œuvres]. [Femme mondaine, consentez à] plutôt choquer, que de plaire trop, [d'être] plutôt méprisée, que vaine et superbe; plutôt seule et abandonnée, que trop chérie et trop poursuivie. Où est l'eau pour nous baptiser? Ah! plongeons-nous dans l'eau de la pénitence, dans ce baptême de larmes, dans ce baptême de sang, dans ce baptême laborieux 3.

Qu'y a-t-il de plus aisé que de faire de nos passions une peine insupportable de nos péchés, en leur ôtant, comme il est très-juste, ce peu de douceur par où elles nous séduisent, et leur laissant seulement les inquiétudes

Textes des manuscrits.

C'est cette parole que nous vous portons. (a) O morts, c'est donc à vous que je parle, non à ces morts qui gisent dans ce tombeau..., mais à ces morts parlans et écoutans.

(a) Note marg.: Plût à Dieu que nous pussions détacher de notre parole..... (Comme dans le texte des éditeurs.)

Vous voulez cacher vos années, nonseulement les cacher, mais résister à leur cours qui emporte tout... Est-ce là cette gloire du corps de Jésus ? (b) Hé! laissez-vous dépouiller de ce fragile ornement qui ne fait que nourrir votre vanité.

(b) Note marg. : Une autre santé, une autre beauté, une autre vie.

Renouvelons les vœux de notre baptême: « Je renonce, » etc. (c) Où est l'eau pour nous baptiser? Ah! plongeons-nous dans l'eau de la pénitence, dans ce baptême de larmes, dans ce baptême de sang, dans ce baptême laborieux.

(c) Note margin. : Plutôt choquer que plaire trop, plutôt méprisée que vaine et superbe, plutôt seule et abandonnée que trop chérie et trop poursuivie.

Qu'y a-t-il de plus aisé que de faire de nos passions une peine insupportable de nos péchés en leur ôtant, comme il est très-juste, ce peu de douceur par où elles nous séduisent, et leur laissant seulement les inquiétudes et l'amertume

Exemples curieux,

'Edition de Versailles, vol. XI, pag. 124. - Ibid., pag. 136. pag. 220, 221, 222, 223, 224, 225, 226. — Ibid., pag. 227. Ou a remarqué que Déforis, dans ses commentaires interlopes, donne au même verbe pour régime tantôt à, tantôt de.

[blocks in formation]

Voilà des ames saintes qui sont « à la croix avec Jésus-Christ..., comme le pénitent qui se convertit; » Bossuet leur promet le paradis au nom de l'Evangile ; et l'on veut qu'il leur ait dit : « Prenez garde seulement, n'irritez pas Dieu par vos murmures! » D'où viennent donc ces paroles? Elles viennent d'une note marginale qui se rapporte à un passage précédent. Au surplus Déforis auroit pu s'épargner la peine, et d'annoncer le texte évangélique, et de le traduire; l'auteur l'explique admirablement; écoutez: Hodie mecum eris in paradiso hodie, aujourd'hui, quelle promptitude! mecum, avec moi, quelle compagnie! in paradiso, dans le paradis, quel repos!

Je croirois manquer de respect au lecteur si je montrois comment, dans le texte des éditeurs, les notes marginales renversent l'ordre et brisent le fil des idées. On a fait la découverte que le privilége du génie, dans Bossuet, c'est de s'élancer rapidement, sans transition, d'une idée à l'autre, comme un géant qui franchiroit les vallées pour mettre le pied sur la cime des montagnes. Il est vrai, dans les sermons imprimés, il va souvent par bonds désordonnés; mais dans les manuscrits il suit le conseil qu'il nous a donné dans une variante: «< La raison doit s'avancer avec ordre et passer considérément d'une chose à l'autre. L'homme de génie a plus de mémoire, plus d'imagination et plus de feu, mais aussi plus de jugement, plus de bon sens, plus de simplicité et plus de méthode que les autres hommes. Voilà tout.

'Edition de Versailles, vol. XI, pag. 375 et 376.-2 Ibid., vol. XII, pag. 51.

Il faut montrer maintenant comment Déforis transporte, aussi de la marge dans les sermons, les passages des saints Pères.

VI.

Comme on le sait, en même temps que Bossuet trouvoit ses inspirations dans l'Ecriture sainte et ses sujets dans la théologie, il choisissoit les développemens de ses sermons dans les saints Pères. Souvent il écrivoit longuement, à la marge de son manuscrit, les paroles de ces illustres docteurs; puis, les mettant en œuvre, il les expliquoit, les commentoit dans un magnifique langage. D'autres fois, quand les circonstances ne lui donnoient pas le temps de la composition, il laissoit à la marge les témoignages des saints Pères, ou bien il les inscrivoit dans le texte du discours, à la place qu'ils devoient occuper. Dans l'un et l'autre cas Déforis tombe sur ces passages, en fait sa chose, et les arrange de deux façons: il les traduit tantôt par phrases en s'arrêtant à chaque pause, tantôt sans division ni partage en allant jusqu'au bout d'un seul trait; puis ses traductions par lambeaux il les met au milieu de la page avec le latin, et ses traductions en bloc il les loge pareillement au premier étage du livre et renvoie le texte original au rez-de-chaussée.

Dans le quatrième sermon pour la fête de tous les Saints, les marges du manuscrit portent deux longs passages de saint Augustin. Bossuet met en œuvre une partie du premier; mais cela ne suffit pas à Déforis: il reprend tout le passage, le translate à sa manière, met sa version à la suite du magnifique commentaire et consigne le latin au bas de la page. Pour le second passage, le prédicateur le commenta du haut de la chaire à Jouarre, en 1662; il le commenta d'une manière si admirable, qu'on parloit encore un demi-siècle plus tard dans le célèbre monastère de l'Alleluia Bossuet; mais, malheureusement pour nous, l'écrivain n'a pas déposé ce commentaire sur le papier. Ce qu'il n'a pas fait, Déforis va le faire la plume à la main ; il dit : « Amen, » cela est vrai : toute notre action sera un Amen, un Alleluia... Si quel» qu'un entreprenoit, étant debout, de répéter toujours, Amen, Alleluia..., >> il s'endormiroit.... Cet Amen, cet Alleluia ne seront point exprimés » par des sons qui passent... Que signifie cet Amen ? que veut dire cet » Alleluia? Amen, il est vrai; Alleluia, louez Dieu... Nous dirons effecti»vement Amen... Autant direz-vous par cette insatiable vérité, Amen, >> il est vrai, etc. » 1. Rien de tout cela ne devroit figurer dans le discours, et tout cela renferme cinq pages.

Cinq pages! ce n'est pas assez en voici huit qui sont remplies de la

Edition de Versailles, vol. XI, pag. 96 et 97. Je transcris fidèlement; c'est l'édition de Versailles qui imprime Amen, Alleluia, tantôt en romain, tantòt en italique.

même façon 1. Qu'on veuille les voir dans le volume; l'espace ne nous permet pas de les mettre sous les yeux du lecteur.

Dans les fragmens pour le troisième dimanche de l'Avent, Bossuet dit à la marge du manuscrit : « Tite vient bientôt après Jésus-Christ; »> puis il ajoute, comme note: « Ce qui en est écrit dans la Vie d'Apollonius de Tyane. » Aussitôt Déforis raconte dans le texte du discours, et en latin et en français, l'histoire de Tite; mais je dois encore ici renvoyer le lecteur à l'ouvrage imprimé 2.

Voilà des passages transportés dans le texte à l'aide de traductions en bloc; voici maintenant un exemple d'intercalation faite au moyen d'une traduction par lambeaux. Le sermon pour le quatrième dimanche de l'Avent renferme, entre autres passages semblables, celui-ci.

Texte principal des éditions.

« Car, nous dit saint Ambroise, j'en >> ai trouvé plus aisément qui avoient » conservé leur innocence, que je n'en » ai trouvé qui l'eussent réparée par >> une pénitence convenable, après être » tombés » Faciliùs autem inveni qui innocentiam servaverint, quàm qui congruè egerint pœnitentiam. [Et nous décrivant les caractères de cette pénitence qu'il exige, il ajoute] : « Peut-on >> regarder comme une pénitence, cette » vie où l'ambition des dignités se fait » remarquer, où l'on se permet de >> boire du vin comme à l'ordinaire, où >> l'usage du mariage n'est pas retran» ché »? An quisquam illam pœnitentiam putat, ubi adquirendæ ambitio dignitatis, ubi vini effusio, ubi ipsius copulæ conjugalis usus? « Il faut, con>> tinue le saint docteur, renoncer en>> tièrement au siècle pour vivre en » vrai pénitent; donner au sommeil >> moins de temps que la nature n'en » exige, le combattre par ses gémisse>> mens, l'interrompre par ses soupirs, » l'éloigner pour vaquer à la prière » : Renuntiandum sæculo est, somno ipsi minus indulgendum, quàm natura postulat, interpellandus est gemitibus, interrumpendus est suspiriis, sequestrandus orationibus. « En un mot, il faut >> vivre de manière que nous mourions

Texte marginal du manuscrit.

<< Faciliùs autem inveni qui innocentiam servaverint quàm qui congruè egerint pœnitentiam. An quisquam illam pœnitentiam putat, ubi adquirendæ ambitio dignitatis, ubi vini effusio, ubi ipsius copulæ conjugalis usus? Renuntiandum sæculo est, somno ipsi minùs indulgendum quàm natura postulat, interpellandum est gemitibus, interrumpendus est suspiriis, sequestrandus orationibus. Vivendum ita ut vitali huic moriamur usui; seipsum sibi homo abneget et totus mutetur, eò quòd ipse hujus vitæ usus corruptela sit integritatis. Adam post culpam statim de paradiso Deus ejecit; non distulit, sed statim separavit à deliciis, ut ageret pœnitentiam. Statim tunicam vestivit, » etc.

'Edition de Versailles, vol. XI, pag. 170-179.- Ibid., pag. 397 et 398.

Texte principal des éditions.

» à l'usage même de la vie; que l'hom-
» me se renonce lui-même, et soit ainsi
>> changé et renouvelé tout entier »>:
Vivendum ita ut vitali huic moriamur
usui, seipsum sibi homo abneget, et to-
tus mutetur. [Et combien cette con-
duite est-elle nécessaire à un pénitent],
«puisque c'est par l'usage même des
>> choses de cette vie que l'innocence se
>> corrompt»? Eò quòd ipse hujus vitæ
usus corruptela sit integritatis. [Dieu
nous a tracé lui-même l'ordre de cette
pénitence dans le premier de tous les
pécheurs, comme le remarque] saint
Ambroise. « Adam, dit ce Père, est
>> chassé du paradis aussitôt après sa
>> faute; Dieu ne diffère pas; mais il le
» sépare aussitôt des délices, pour qu'il
>> fasse pénitence » : Adam post culpam
statim de paradiso Deus ejecit, non dis-
tulit: sed statim separavit à deliciis, ut
ageret pœnitentiam. « Il le couvrit à
l'instant non d'une tunique de soie,
mais d'une tunique de peau »,
1 etc.

On n'a pas oublié que le latin, relégué à la marge par l'auteur, ne doit point figurer dans le discours, et que le françois sort entièrement de la plume de Déforis. Mais à quoi bon le remarquer? Croira-t-on que Bossuet s'en alloit de la sorte, si l'on passe l'expression, battant les buissons dans ses chefs-d'œuvre ? Croira-t-on que le prince des prédicateurs débitoit un pareil mélange de gaulois et de latin devant la Cour la plus auguste du monde, dans ces assemblées solennelles qui représentoient tout l'esprit et toute l'élégance de la France la plus spirituelle et la plus élégante que salue l'histoire?

Outre les notes et les citations mises à la marge du manuscrit, les passages effacés donnent à Déforis un troisième moyen d'allonger le texte de son auteur: voyons comment il pratique ce nouveau genre d'altérations.

VII.

Dans la correction de ses discours, Bossuet ne se contentoit pas de remplacer les termes à peu près justes par le mot propre, les phrases qu'il trouvoit longues et foibles par des phrases plus courtes et plus énergiques; il effaçoit quelquefois des passages entiers. Ces passages

'Edition de Versailles, vol. XI, pag. 427 et 428. Se rappeler que la pagination est mal mise dans l'édition de Versailles, et chercher avec soin.

« ElőzőTovább »